La force de vie Quand le quotidien s’étire tel un chat à son réveil Comme si la vie s’ennuyait au sortir du sommeil Quand la musique des jours résonne plein de vide On dirait une bouche mutique à l’haleine fétide Tout est pâle même la saveur du soleil à nos yeux Seul demeurent les sourires en retrait de nos vieux Quand les regards éteints ne sont plus qu’amertume On dirait un cadavre d’oiseau mort sur le bitume Quand l’aurore n’a plus de couleur ni grâce aucune Comme si rien n’avait de sens p...
Elles sont forêt Les larmes viennent, je les vois, elles hésitent entre le besoin de se retenir ou bien au contraire de jaillir sur le Trampoline de mes joues. A d’autres moments elles sont des petits anges aux plumes fragiles en charge de me guérir, elles inondent le brouillard de mes yeux. Elles sont chaudes comme le bain à bonne température d’un bébé à soigner, elles réchauffent les pensées glacées de mes regrets. Elles coulent sans prévenir, avec la même discrétion que la rosée humide du ...
Je suis un arbre Je suis un arbre et mes voyages sont immobiles. Entre la cime de mon feuillage et mes racines en terre, toute une sève circule, cachée par mon écorce ébréchée mais solide. La vie qui me parcourt ressemble à un chemin sinueux aux ramifications invisibles. Ce sont mes veines, mes artères, mes vaisseaux. Parlons-en des vaisseaux, je suis un vaisseau, immense, un géant qui vogue sur les flots du monde. Oui, je vogue, vous ne le voyez-pas. C’est à cause des saisons, là sous vos ye...
Poussière de sable qui court sur la plage, j’avance à toute vitesse. Mon chemin sans rives est une route étrange. Sans but, je m’envole dans l’espace, sans rien d’autre que mon désir de partir pour ne plus revenir. Poussière de rien du tout, j’avance sans métrage. Mon trajet sans bornes est un sentier spécial. Sans destination, je m’envole, sans rien d’autre que mon envie de voler pour ne plus jamais atterrir.
Il y a sans doute quelque part sur la terre un enfant dans la joie au milieu de la guerre. L’enfant de trois ans parle aux oiseaux, il sèche leurs larmes. Les oiseaux sanglotent tant en ce moment, secoués sur les branches des cèdres du Liban. Du Liban ou d’ailleurs. Les larmes de la guerre coulent partout. L’enfant reste enfant, il ne quitte pas tout à fait la contrée de l’Espérance. Devant ma fenêtre, les feuillages bouleversés se tordent de douleur sous le ciel noir de cette fin de journée....
Alors, voilà, c’est mon coup de gueule de cette année. Je n’ai eu pour cadeau que l’énoncé minutieux de la liste des cadeaux que mes amis ont reçus pour leur Noël. Puis, les journaux, comme l’extrait ci-dessus, et les reportages télévisés, sont venus m’expliquer que la revente des cadeaux reçus était en pleine croissance. Faute à l’inflation, faute au mauvais goût, faute au besoin d’argent… Je reste là, bête comme mes pieds, scotchée devant mon poste de télévision. C’est étrange, j’ai en moi ...
Au-dedans Je cherche le chemin de mon coeur Là où l'étoile brille avec splendeur J'ai besoin de beauté à cueillir au-dedans Tant de trésors restent là si vivants Je cherche l'Aurore dans le fond de mon âme Là où jamais le jour ne tombe ni ne blâme J'ai besoin de l'éclat qui éclaire l'intérieur Tant de lumière à nourrir le bonheur Je cherche la pureté du soleil en mon secret Là où scintille la candeur de l'enfance aux aguets J'ai besoin de l'innocence à sourire pour de vrai Tant de joie à bond...
Monologue Je me promène dans les rues de ma ville. Je regarde les vitrines des magasins aux Pères Noëls rieurs. Je les vois en chiffons, en papier ou en feutre qui grimpent par les fenêtres. Milles lumières scintillent partout. Un monologue s’installe en moi, au moment même où une mélancolie sans nom s’empare de mon cœur. C’est un discours intérieur dont je suis la seule auditrice. Mille pensées me traversent : « Je me demande qui est ce type tout rouge, barbe blanche qu’on fête avec exubéran...
Mon Pauvre Voilà environ 3 ans que je le vois chaque jour accroupi sur le trottoir près de mon domicile. Il porte une longue barbe brune, une chevelure épaisse qui lui tombe sur les épaules, toujours un petit cigarillo aux lèvres, il est vêtu d’un pantalon trop grand attaché à la taille avec une corde. Ses sandales sont abîmées, il retient la semelle avec un élastique. Les yeux vitreux, il semble toujours ailleurs. Il sent mauvais aussi, une odeur telle que chaque habitant de ma rue sait qu’i...
Mes petits cadeaux J’ai gardé tous les rouleaux de papier toilette depuis plus de deux mois. J’ai même des voisins qui m’ont donné les leurs. J’ai tout mis dans un grand sac en tissu. J’en ai beaucoup accumulé. Après quoi, j’ai acheté quelques perles nacrées, environ 500, dans une jolie boîte. J’en ai profité pour acquérir des petites têtes en papier mâché, avec un sourire et deux grands yeux. Les visages sont mignons, tantôt de 2.5 cm ou bien 3 centimètres. Il faut ce qu’il faut. J’ai aussi ...
La vibration de la Lumière irradie ta silhouette On dirait un reflet du ciel venu jusqu’en bas Devant tant de clarté je reste comme muette C’est un bain de lumière dans tout son éclat J’entends tes pierres psalmodier les prières Celles d’aujourd’hui mais aussi celles d’autrefois Elles respirent la joie de ton cœur de Mère C’est un secret inviolé qui me saisit d’émoi Les vitraux me racontent ta belle histoire Ils chantent le cantique de ton cœur d’orante J’entends la voix des anges moi qui ne ...
J’ai visité la contrée des followers. C’était une terre inexplorée pour moi. Aujourd’hui encore, j’en connais peu tous les us et coutumes. J’apprivoisais depuis quelques mois cette sphère très particulière des réseaux sociaux. J’avançais à mon rythme sur ses sentiers, ses paysages et surtout je rencontrais des gens. Je voyais le nombre d’abonnés grandir, j’en étais heureuse. À vrai dire, c’est bien légitime. Quand dans ma solitude, une personne se joint à mon petit univers virtuel, n’est-ce p...
Harold était fatigué, âgé de 82 ans, placé dans une maison de retraite peu de temps après le décès de sa femme, il n’avait qu’un désir : partir de là, quitter ce lieu où il s’ennuyait. Ah, ce n’était pas comme au bon vieux temps ! Ce passé révolu près de son épouse Alice ! 60 ans de mariage, 60 ans de vie auprès de celle qu’il avait épousée : Alice, la lumière de sa vie, la beauté de ses yeux, le soleil de son cœur.
Ecrit dans le cadre d'un atelier d'écriture : Ecrire à partir de l'image ci-dessous. Ecrire du point de vue de la valise La pt’ite valise Il était une fois une petite valise de rien du tout, avec une jolie poignée, un beau cuir, et même quatre petites roues tout à fait modernes. Les valises aiment être portées mais elles apprécient tout autant de courir sur le bitume. D’ailleurs c’est amusant, qu’importe si le souffle lui manque, ce qui compte n’est-ce pas, c’est d’avancer toujours. L’une d’e...
En cas d’besoin J’ai des amis, ô pas beaucoup, quand ça va Ils n’appellent plus du tout, ils sont ailleurs J’ai des amis, est-ce vrai, quand ça va pas Ils se rappellent de moi et de mon cœur J’m’appelle « En cas d’besoin » Tout le monde trouve ça très bien Tu sais m’raconter ton dernier adultère Tes problèmes, tes soucis, tes galères J’prends tout mon temps pour t’écouter C’est comme ça j’suis fidèle à t’aimer Tous tes regrets, tes achats, tes enfants Tes projets, tes travaux, tes colères J’é...
Coeur de chair « J’ôterai de votre corps le cœur de pierre et vous donnerai un cœur de chair » (Ez.16-26) Je me lève ce matin. J’écoute les actualités, je ne vois que barbarie, morts, chagrins, crimes et violences. Partout la guerre, partout l’horreur. La vie est une tragédie. Pourtant, pourtant, là, devant mes yeux incrédules, une grande lumière s’est levée, elle scintille comme une étoile dans la nuit de nos désespoirs. Elle est devant moi, fière, si belle avec ses longs cheveux bruns qui ...
Mon voisin Toujours avec un grand chapeau à large bord posé sur sa tête. Florian est handicapé : l’hydrocéphalie. Disproportionnée est sa tête par rapport au reste du corps. On en rit quelquefois ensemble : « Une grosse tête bien pleine ! ». Il rit. D’ailleurs, il rit tout le temps mon voisin. C’est un être de rire et de sourires. Tout le monde lui dit bonjour, à longueur de journée : dans les rues où nous marchons, dans les boutiques où nous allons. Les gens répondent à tous ses « bonjours »...
Une petite merveille J’écrivais un roman. L’histoire d’une petite chapelle qui ne veut pas mourir. Arrivée au douzième chapitre, un peu à bout de souffle, j’avais du mal à poursuivre mon récit. Fatiguée, je suis partie me promener dans le parc juste à côté. La lumière magnifique des feuillages qui chantaient émerveillait mon regard. Je suis alors rentrée chez moi. J’ai repris ma plume. L’air frais de cette journée, le vent léger, la beauté superbe des paysages automnaux, je me disais que tout...
Céline vivait dans un monde chaotique où seules comptaient les apparences, le superficiel et l’inutile. À plusieurs reprises, elle avait pu s’en rendre compte. Cet après-midi même en ce mois de novembre ensoleillé, elle s’était rendue dans une boutique pour acheter des habits en soldes : quelle ne fut pas sa surprise de voir qu’une personne sur deux portait un visage de marbre, aussi lisse qu’une statue inerte. Si, par curiosité, Céline adressait un sourire à l’un d’eux, aussitôt, la personne...
Les pieds Mes pieds en ce matin d’automne avançaient à pas lents sur le bitume de mon parking, juste en bas de mon immeuble. Toutes les voitures garées en rang me faisaient penser à un puzzle placé là par je ne sais quel hasard, là où chaque pièce à sa place, là où chaque élément a du sens. On aurait dit un tableau d’art naïf comme ceux des peintures pour enfants. Ensuite, ces mêmes pieds me guidèrent vers la place du marché. Je regardais tous les étals bariolés de couleurs aussi diverses que...
Un petit garçon à la clef d’or Cet après-midi, j’ai voulu regarder les manèges à sensations de la fête foraine qui se situe derrière mon immeuble, en plein centre-ville. C’était très bruyant. Même avec mon casque anti-bruit, j’arrivais à peine à supporter les cris des enfants, des adolescents ou des très jeunes adultes. J’entendais les animateurs de ces structures vertigineuses crier dans leur micro : « Levez les bras ! Criez ! Je ne vous entends pas crier ! Vous en voulez encore ? Oui ? Alle...
C’était un couvre-lit que ma mère avait confectionné, tout en coton, avec un fil blanc très fin. Un travail d’artiste. Elle en créait tous les ans. Ses travaux étaient devenus banal à mes yeux. Elle passait des mois à crocheter chaque soir, malgré la fatigue, l’arthrose qui lui déformait les mains, malgré les contentieux, le passé, les difficultés de la vie. Qui a dit que les relations entre mère et fille étaient toujours idylliques ? Bien sûr que non. Et la nôtre de relation n’avait jamais é...
Hier, grande journée, je me suis rendue à un spectacle numérique. Une expérience forte toute immersive. « Comme si on y était ! ». Trois scénographies successives se déroulaient, chacune dans une pièce différente. La première nous faisait revivre la conquête de la liberté par Lafayette. Tout d’un coup, je me retrouvais embarquée sur l’Hermione. Au milieu de l’océan en furie, avec un orage, le bruit du tonnerre, les mouettes, d’autres bateaux au loin qui prenaient feu, les éclairs et les vague...
- Je suis un lampadaire, enfin, je ne sais pas bien. Je crois qu’avant, dans les temps anciens, on m’appelait « réverbère ». Il y avait les allumeurs, le soir venu, qui me donnaient lumière et chaleur. Maintenant, je suis un lampadaire. - Es-tu certain d’être ce que tu dis mon ami ? Interrogea le parapluie. - Oui, pourquoi cette question ? - C’est que tu me serres entre tes mains sans jamais me lâcher ! A-t-on déjà vu un poteau aussi têtu qui jamais ne me ferme ?
Le Zap Je zappe tout l’ temps. Une chaîne, une autre et puis encore une autre. Je zappe à la Télé, je zappe les images, les mots, les gens. Je zappe les films, les émissions, les reportages. Je zappe les infos, les documentaires, les jeux. Je zappe l’écran, je zappe tout l’temps. Je zappe les sourires, les rencontres, les regards et les mots bienveillants. Je suis un zappeur. Avec ma télécommande, avec mon portable, avec mon ordinateur. Je zappe. Je zappe tout le temps. Je zappe. Je scrolle. ...