Texte ; Poème en prose ; Prose poétique → Précisez en haut de votre page.
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Sa fille l’eût forcé à visiter le musée Dali à Barcelone. Ce à quoi il répondit favorablement uniquement pour échapper à l’intense vague de chaleur qui se faisait ressentir. Après une longue et pénible attente, il pénétra enfin à l’intérieur de l’étrange bâtiment, climatisé pour son plus grand bonheur. Sa fille étant beaucoup trop investie durant la visite du musée, il réussit à s'écliper après avoir simulé d'un mal de crâne causée par les bavardages des autres visiteurs. Tout ce qu’il désir...
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J’ai souffert, fait souffrir, pleuré ou sangloté tout haut ou tout bas, d’abord spectatrice d’un mystère - celui de la haine amour, entre vivants . Mon berceau fut entouré de cris et de chuchotements de détresses, et les mots valsaient , en gifles en plaintes en rivalités , à la fois pour ne pas mourir et s’unir , s’affrontant et faisant affront, sans cesse l’une prônant lucidité , l’autre présent au monde , plus qu’il n’en prétendait en savoir les clés et diriger le sien, et surtout encore m...
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Je me sens seule, tellement seule. C’est ainsi. J’avance dans cette allée de la forêt. La lumière éclaire chaque feuille, chaque miette de terre, chaque chemin. Tout est baigné, irradié, illuminé par la clarté de ce jour ensoleillé. J’avance. Je touche l’écorce d’un arbre solitaire. Je pose ma tête sur son tronc dressé vers le ciel. Je l’écoute. C’est un arbre ou c’est un cœur ? Je ne sais. J’ai ressenti la force de sa direction verticale. Oui, j’ai perçu le frémissement de sa solidité. Tout...
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Aurore écoutait la musique dans ses écouteurs. Portée par la mélodie, elle se laissait emporter dans la puissance vibratoire de ses émotions intenses. Elle regardait en même temps ses photos qu’elle rangeait. Elle revoyait sa vie défiler sous ses yeux. Sa jeunesse malmenée par trop de solitude, les coups, les rejets, elle se souvenait de ses amours déçus, de ses déchirures quand la mort sépare des êtres chers, des chansons oubliées, des promenades solitaires dans des forêts désertes. Elle con...
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Te souviens-tu de tes mots absents, de tes airs de bandit fuyant, de tes baisers secs et glaçants, de tes gestes biaisés et cinglants, de tes hurlements rauques et grinçants, de tes rires cyniques et stridents, de tes ordres en vers cassants, de ta langue persiflante, de tes yeux injectés d’encre, de tes mains gainées d’acier, de ta vile poigne, de tes bris de hargne, de ta verve en rage, de l’écume de ta haine – de celle de ma peine… à peine ?
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Adrien est arrivé hier. Adrien est arrivé hier et tout le village en parle. « Oui, tu sais bien… - Non, quoi ? - Adrien, le petit Maupin, le petit,… - Non, vraiment, je ne vois pas… - Mais, si… » Ainsi, à n’en plus finir, les villageois annoncent, commentent, s’extasient. Adrien Maupin, c’est une histoire à lui tout seul. Cinquième enfant précédé de quatre sœurs. Famille modeste alimentée par un père ouvrier et menée à la baguette par une mère au foyer. Une maîtresse femme qui entendait bien...
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J’ai les yeux troublés par le sommeil Je vois flou et le vertige me prend dès le lever Moi, la maladie m’a prise un peu trop tôt… Je voudrais courir derrière les papillons Le nez au vent, les mains devant, La bouche grande ouverte pour avaler le vent… La fatigue comme une eau qui m’inonde Je ne l’ai pas choisie pas plus que ma naissance La douleur m’a prise un peu trop tôt… Je n’ai pas à me plaindre, quantité de malheurs Secouent le monde, je ne suis pas la seule Comme tant d’autres, comme un...
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L’éphémère et l’enfant Virevoltant , dansant, épousant les courants, Une belle éphémère se fige un p’tit instant. Dans son vol pendulaire, elle aperçoit l’enfant, Assis là sur le sol, pleurant à chaudes larmes. Curieuse, la voyageuse veut comprendre le drame, Qui vole au chérubin la lueur de sa flamme A sa vue il se calme, il l’observe et déclame, La triste litanie qui chamboule son âme. Il dit qu’il meurt d’ennui, il n’a aucun ami. Il trouve très injuste tout ce que l’on dit de lui. Il se se...
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Bientôt, j’allais le revoir. En fait, je n’en savais rien. Peut-être, n’allais-je trouver qu’un simple étranger ? Ma mémoire n’est plus que passoire. Je ne peux rien conserver ou si peu. Ça fait mal, les souvenirs ; faut savoir les passer au centrifugeur pour n’en garder que le jus. Ce qui descend dans le gosier, à petites gorgées, ça se digère plus facilement. Elle s’est fissurée, un soir d’hiver tout blanc. Ma mémoire. Je m’en souviens. Il avait neigé un long ruban, immaculé. J’étais bête ;...
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J’avais rendez-vous chez l’ophtalmologiste aujourd’hui. Ce n’était ni la première fois et ce ne sera pas non plus la dernière. À mon âge, on est habitué aux consultations médicales. Rien de bien sorcier. Pourtant, pourtant, tout fut compliqué à accueillir. L’accent du docteur peu enclin au dialogue, sec comme du vieux pain. Sans compter la vendeuse opticienne qui feignait de s’intéresser à ma petite vie.
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La Semaine Sainte C’est la semaine Sainte entre toutes Oh mon Dieu ! Que j’ai hâte ! Cette semaine j’écouterai avec joie les mots qui font vibrer : Le salut, la sanctification, le rachat, la Rédemption. Autant de mots qui n’ont plus aucun sens pour mes contemporains. Autant de vérités qui restent obscures pour nombre d’entre eux. Autant de joies qui leur échappent et passent tout à côté sans les toucher. J’écoute les cloches de mon amour oublié qui m’appelle. Je me souviens de ce vendredi sai...
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Il lui arrivait, parfois au printemps, à se livrer à des vols ondulés et rapides et plonger, semblant rebondir sur une surface invisible pour y rejoindre sa compagne. Et d’un léger battement d’aile à peine visible, il repartait glissant dans les airs, fondant les nuées et se rapprochait de la Terre qu’il observait d‘un regard souverain. Discret et farouche, on le voyait venir du fond des airs comme glissant d’un mouvement assuré et remonter d’un vol majestueux vers le lointain. Il se rapproc...
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J’écoute la voix mélodieuse du chant grégorien, le psaume 91. Sa douceur m’emporte dans les sphères de mon âme, dans ces régions intactes, Directement connectées au Divin. Les ailes de mon esprit prennent leur envol, je m’éloigne de la terre, Bien au-dessus de son arrondi, je vois la nature et les guerres, le passé, le mien, la vie, l’avenir…. Je continue mon ascension jusqu’à ce que plus rien n’existe. Rien d’autre que cette harmonie musicale qui unit à la Transcendance. Je ne suis plus que...
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Je n'ai pas de racines, ou peut-être bien quelques radicelles ancrées dans mon souvenir et dans les alpages de ma vie de bergère. Seules mes errances volontaires ont fait la base de ce que je suis, le tronc, en somme. Il y aurait tout de même, en scrutant les images qui se forment au gré des souvenirs, les plus récentes du moins, un bel arbre campé dans une terre grasse. Un arbre planté au pied d'un ruisselet qui a maintes fois arrêté mes pas et occupé mes pensées, en chassant de plus noires...
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Je regarde la foule immense en ce mois de mars, toutes ces personnes agglutinées dans les manifestations pour s’opposer à une réforme du pays. Je les regarde, je les entends, micros, pétards, fumées, couleurs, drapeaux divers. Je les observe derrière mon écran de télévision et je ne sais pas pourquoi, ils me font de la peine. Oh ! Ne croyez pas que je méprise leurs revendications, je n’en ai pas le cœur. Sans comprendre pourquoi, une émotion sans nom, tout d’un coup, m’a saisie. - Dis-moi, m...
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L’âme et l’avatar Une âme ne se sentait pas à son aise dans l’enveloppe charnelle qu’elle habitait. Sa vie lui semblait monotone, elle la trouvait sans intérêt . Elle s’ennuyait, prisonnière de ce corps qu’elle avait pourtant choisi d’incarner, Elle ne parvenait pas à s’épanouir et commençait à en souffrir, Elle cherchait inlassablement une solution pour sortir de cette situation . Un jour, son hôte l’emmena au cinéma voir le film dont tout le monde parlait, il était question d’avatars, de mo...
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Grande première La guerre est devenue spectacle, bien sûr spectacle de l'enfer Régal pour opérateurs et autres amateurs de téléréalité comme de métavers! Et travail bien rémunéré pour oracles plus ou moins inspirés Un vrai business à grande valeur ajoutée Chez les bouchers, les armuriers terre air mer réunis Journalistes de tout acabit et caméramen en tenues de survie De jour comme de nuit Au front et sur tous les fronts Comme en studio pour leurs périodes de repos A commenter, prophétiser S...
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Un journaliste montra alors une femme, voile sur la tête, tout en larmes. Les mains jointes, debout, mais courbée, qui voulait savoir si son neveu qu’on croyait encore vivant sous les décombres pouvait être sauvé. Elle était convaincue que les sauveteurs, certains professionnels, d’autres improvisés, parviendraient à le ramener à la surface de la terre. Élodie voyait toutes les larmes de cette femme pleine d’une détresse indicible. Elle regardait avec elle pour comprendre si oui ou non, il y ...
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Je suis si peu disposé à tant de choses… Je ne sais plus ce qui est, au sein de mes états d'âme, de l'ordre du rêve ou non. J'ai créé de toute pièce ce personnage qui se sent capable de rien. Et puis il y a celui-ci qui est capable de tout au poste intermittent. Il y a aussi celui qui est là pour le regret. Et celui qui rêve d'amour et l'autre de succès. Il y a le musicien, l'écrivant, le cinéaste, et celui qui n'hésitera pas à tout faire pour améliorer sa situation financière, l'éternel abs...
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Je fais face au mur de ma chambre et j'observe, les montagnes ancestrales derrière lesquelles le soleil se couche tôt. Et j’entends, les gloussements des humains heureux profitant de la chaleur incongrue d'un mois de février. Et je goûte, l'amertume du café et de mes tragiques pensées tièdes. Alors j'observe, encore, face au mur de ma chambre sur lequel se dessine peu à peu une fenêtre vers l'horizon lointain de mes pensées rêveuses. Et tout devient réel. Le chant des oiseaux moqueurs qui se...
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Elle est ce petit poisson qui frétille dans l'océan, elle n'a pas conscience qu'elle est bien plus grande que l'océan. Elle porte en elle des millénaires d'Histoire et des centaines de millions d'années de survie. Chacun de ses gestes sont des répétitions. Les mots qu'elle prononce, elle les a appris mille fois. Son corps devrait être sans relief tant il a été caressé. Pourtant elle a poussé son premier cri comme si ce fut la première fois que l'air lui emplissait les poumons. C'est une tout...
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Il lui arrivait, parfois au printemps, à se livrer à des vols ondulés et rapides et plonger, semblant rebondir sur une surface invisible pour y rejoindre sa compagne. Et d’un léger battement d’aile à peine visible, il repartait glissant dans les airs, fondant les nuées et se rapprochait de la Terre qu’il observait d‘un regard souverain. Discret et farouche, on le voyait venir du fond des airs comme glissant d’un mouvement assuré et remonter d’un vol majestueux vers le lointain. Il se rapproc...
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Mon jardinier m’a dit ce matin : « Vous ne le savez peut-être pas mais la semence des fleurs dort sous la terre jusqu’au printemps ! ». Depuis, je n’arrête pas d’y penser. Enterrée dans la terre, je sais que je vais bientôt sortir. C’est une question de saison. Dès que le soleil reviendra réchauffer le sol, je surgirai. Enfermée dans le noir de ces entrailles humides, j’attends l’occasion. Sans trop de bruit. Toute cachée, j’espère un jour m’étaler, là, devant tous. Pour l’instant, j’entends...
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Croyez-vous que mes amis me comprennent toujours ? Non ! J’ai beau les aimer, attendre leurs appels avec impatience, connaitre leur bienveillance, écouter leurs propres douleurs, non, ils ne me connaissent pas. Et c’est bien normal. Que connaît-on de l’autre ? Si peu dans le fond. Il est toujours un mystère à explorer, un inconnu à découvrir. Ce qui est valable pour les autres l’est nécessairement pour moi. 10 heures : c’est l’heure fixée par mon amie Nadège pour un rendez-vous téléphonique....
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Il pleut. Il pleut sans arrêt. Il y a tant de pluie. Que ça... Il pleut sur les cendres. Il y avait de l’enthousiasme. Il s'est enfui en courant. Parfois il vient me rendre visite. Me fait coucou puis se casse. Comme un enfant ingrat. Il passe me voir pour se donner bonne conscience. Il manque quand il est pas là. Je lui en veux même. J'avoue. Mais quand il revient je l'accueille avec le sourire. J'oublie qu'il est parti un jour sans que je lui demande rien. L'équilibre qu'on cherche tous, i...