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A l'ouest de l'ouest - Grande Nouvelle

Grande Nouvelle "A l'ouest de l'ouest" est une grande nouvelle mise en ligne par "Ancolies"..

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Mike était très embêté par ce qui c’était passé. Non seulement il avait blessé Sam mais maintenant c’était à coup sûr la guerre entre le Cinq Trèfles et le clan Patterson. Cette Lana était une véritable source à embrouilles. En réalité cet aspect de la personnalité de Lana lui plaisait plutôt. Ennemi de la routine, il aimait bien les fouteurs de merde. Lui-même l’avait bien démontré dans son parcours chaotique au sein de l’armée. Non qu’il y fut un mauvais élément, au contraire il était extrêmement efficace, mais il mettait le boxon partout où il passait, ce qui fatalement posait problèmes à ses supérieurs et raison pour laquelle on l’avait envoyé terminer sa carrière dans ce trou perdu. Pas de vagues Marshal, pas de vagues, c’était les consignes non dites. De plus Mike s’en voulait un peu de ne pas avoir emmené au saloon avec lui son jeune adjoint Steve, que celui-ci apprenne un peu les rudiments de la fonction. Mais à sa décharge, l’affaire avait été trop urgente pour qu’il ait le temps de le faire prévenir. Steve comprenait mais était frustré de n’avoir assisté à l’incident, vue la monotonie qui régnait habituellement à Lypstick River. Mais Mike le rassura lui apprenant que le grabuge n’allait pas tarder à pointer son nez et qu’il y aurait sa part d’ordre à faire respecter.

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En effet, Sam était sur le sentier de la guerre et ne pensait qu’à jouer sa seconde manche et prendre sa revanche. La relation avec Lana semblait brisée même si celle-ci continuait de lui adresser son plus grand sourire  les rares fois où elle le croisait dans les rues de la bourgade où il n’allait plus maintenant que lorsqu’il y était contraint, pour ses affaires avec le notaire et le responsable du cadastre. Quant au médecin qui soignait sa main, il le faisait venir au Cinq Trèfles, de même que les potentiels acheteurs de ses troupeaux. Naturellement les tendres dîners en tête à tête étaient terminés et les soirées au saloon également. De surcroit, avec cette blessure à sa main droite qui mettrait du temps à retrouver sa dextérité, Sam se sentait à juste titre handicapé. Et il enrageait. Comment remettre à sa place et se venger de cet audacieux freluquet ? Comment récupérer la belle Lana à laquelle il était comme un toutou toujours accroché bien qu’il considérât qu’elle lui ait planté un beau poignard dans le dos ? Mais, toujours donc fou d’elle il était prêt à tout lui pardonner. Bien qu’il reste maintenant le soir dîner avec elle et les enfants au ranch, sa femme Kathrin lisait en lui comme dans l’un de ses précieux livres et se contentait d’observer son mari, ses procédures de départ toujours prêtes à être lancées selon la tournure que prendraient les événements. Sam enrageait également contre Mike, bien que celui-ci il le reconnaissait n’ait fait que son boulot. A force de ruminer et ressasser, il se montait la tête et devenait obsessionnel. Et qu’est-ce que c’était que ce béni oui-oui qui avait commencé à boire de l’alcool, à porter une arme, à lui tenir tête et même à l’humilier en public ? Jusqu’ici, il n’avait jamais eu de problème avec le clan Patterson. Ils ne le gênaient pas, il était plus puissant qu’eux, il les considérait comme de petits artisans qui à force de privations et de travail avaient fini par convenablement s’enrichir mais qui n’étaient même pas des cow-boys dignes de ce nom, juste de simples vachers mal dégrossis. Et ainsi, à ressasser et à ressasser, son ressentiment et même sa haine envers le petit Franck s’étendit au clan tout entier. Doué dirait-on de prescience à moins qu’il ne s’agisse d’expérience, Mike avait vu juste : désormais ce serait la guerre entre le Cinq Trèfles et les Patterson.

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Bien entendu, la clan Patterson était à mille lieues d’imaginer que les nuages s’amoncelaient au-dessus de leurs têtes et que les ennuis allaient débuter. Ils conservaient leurs habitudes, s’étaient fait au changement survenu chez Franck et aux libertés que maintenant il prenait, ne remplissant plus désormais qu’à moitié le rôle qui lui avait été jusqu’alors assigné. Il se rendait dorénavant chaque soir au saloon où il attendait tranquillement au comptoir que la rituelle partie de poker prisse fin et que Lana ne le rejoigne. Alors ils s’installaient à une table et le jeune homme découvrait tout un monde dont il n’aurait jamais pu soupçonner l’existence : outre les récits sur le progrès que faisait à grands pas l‘Est, il était surtout fasciné par ce jeu de séduction que déployait sa belle, ainsi que lui-même qui voulait lui plaire. Des sentiments inconnus bondissaient dans sa poitrine. Il espérait que chaque soir lorsque Joe annonçait la fermeture du saloon, lorsqu’il raccompagnait Lana à son hôtel, elle l’invitât à monter avec elle dans sa chambre. Lana était trop futée pour cela et Franck, éconduit mais excité s’en rentrait peu avant l’aube au ranch où il dormait jusque l’heure du déjeuner. L’après-midi il supervisait les opérations de dressage des jeunes mustangs sauvages que les hommes capturaient régulièrement mais ne participait plus aux déplacements des troupeaux d’un endroit à un autre, pas plus qu’il ne participait au convoyage des bêtes, convoyages qui signifiaient souvent plusieurs semaines d’absence. Il ne voulait pas s’éloigner, ne fut-ce que quelques jours de la belle qui l’avait prise tel un vulgaire lièvre dans ses filets. Que lui voulait-elle en fin de compte ? Elle-même n’en savait toujours rien mais comme à son habitude le roulait dans sa farine comme elle et son cœur d’acier trempé avaient roulé Sam et de nombreux autres hommes auparavant, dans son ancienne vie à l’Est. Elle lui tirait toutes les informations relatives à la vie te la florissante activité du ranch de Jim, sachant qu’elles lui seraient utiles un jour ou l’autre. Elle soupçonnait bien évidemment Sam de préparer se revanche mais attendait de voir de quelle façon il allait s’y prendre. Patiemment, comme elle avait manipulé le vieux taureau, elle manipulait maintenant ce jeune coq qui comme son prédécesseur  n’y voyait goutte.    

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Sam décida de s’en prendre d’abord aux troupeaux de ceux qu’il considérait désormais comme ses rivaux, alors qu’ils avaient vécu des années durant en bonne compagnie, chacun s’occupant dans son coin de ses affaires. Il réunit ses lieutenants et leur parla une heure durant. « On s’attaque aux Patterson. Pour commencer on leur rafle tout leur bétail. Organisez les hommes en équipes qui se chargeront chacune d’un troupeau ». Les lieutenants l’écoutèrent sans piper mot, c’était le boss, et partirent regagner leurs baraquements toujours sans piper mot aussi. Le lendemain matin, ils réunirent tous les hommes et leur expliquèrent les projets, les ordres du patron. Ce fut la stupéfaction chez les hommes. « Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? ». « Mais pourquoi déclarer la guerre aux Patterson ? ». « Tu parles, il veut simplement se venger du jeune Franck ». « Oui, il veut effacer l’humiliation qu’il a reçue et remettre la main sur sa puta ! ». Les homes on le voit n’étaient pas dupes. Quelle ne fut pas alors la surprise de Sam lorsque ses gars de confiance revinrent lui annoncer que personne parmi les hommes, à commencer par eux-mêmes, n‘étaient d’accord pour cette guerre des clans alors que jusque maintenant ils exécutaient ses ordres les yeux fermés. C’est que, comme on l’a dit, dorénavant ses hommes ne voyaient plus  du même œil leur dit patron. Qui s’était conduit comme un vrai débutant face à l’aventurière et fait humilier en public. Et surtout, ils avaient donc compris que les noirs desseins qu’ourdissait Sam n’avaient en réalité qu’un but : reconquérir la belle Lana. Or, comme on l’a dit aussi, tous les hommes du Cinq Trèfles respectaient avec la plus grande admiration et le même dévouement sa femme Kathryn la Pat’.  Hors de question de lui faire un enfant dans le dos. Ce n’était pas une mutinerie mais un refus d’obéissance caractérisé qui outre faire tomber des nues Sam l’humiliât d’avantage encore. Comment d’homme le plus puissant de la région il y a encore quelques semaines voyait-il remettre en cause ses décisions par les cow-boys qu’il faisait travailler, nourrissait, habillait, donnait à loger et dormir, ces hommes jusque-là résolument fidèles et obéissant à toutes ses injonctions. Evidemment c’était une nouvelle fois une énorme gifle pour lui. Les cow-boys vaquaient bien entendu à leurs tâches habituelles mais ne le suivaient pas dans ses nouveaux plans. Dorénavant il était seul il le comprit. Même sa femme paraissait désormais le mépriser, que se passait-il donc ? Il se passait tout simplement qu’il avait de sa propre faute dégringolé de son piédestal en se comportant comme un gamin gâté et gâteau face à Lana, une manipulatrice sans scrupules cela sautait aux yeux de tous, sauf à ceux de Sam qui se croyait jusqu’à peu surpuissant, irrésistible de par son argent et intouchable. Comment les choses pouvaient-elles tourner si vite ?

Sa blessure à la main guérissait bien et il retrouvait à grand pas sa dextérité. La balle de Mike avait traversé la paume sans toucher un os. C’était une blessure superficielle. Ce qui n’était pas superficiel, c’est qu’il démonta son révolver, en nettoyât et graissât les ressorts et les mécanismes, et fit coulisser un goupillon dans le canon jusqu’à ce que ses rainures aient retrouvé le lustre de l’argent. Puis il rangea le goupillon et la burette d’huile dans un tiroir de son luxueux bureau. « Très bien, se disait-il, si les hommes ne veulent pas suivre je suis obligé de résoudre le problème moi-même. Les choses ne peuvent pas rester en l’état. Personne ne ridiculise Sam Peckinpah. Le jeune coq est un novice, il va l’apprendre à ses dépens ». Et tel Franck dans son bois, il commença à s’entraîner secrètement, précision et vitesse. Il ne doutait pas du résultat, il était plutôt adroit et rapide lorsqu’il était plus jeune et avait eu son lot de comptes à régler.       

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Auteur

Ancolies

31-08-2023

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