J’avance
J’avance lentement
La vie de chaque homme est un chemin
Un chemin vers lui-même
Et le brûlant poème
De son humanité
Dans le petit matin hirsute ou dans le soir aux yeux cernés
Je peuple la nuit d’étoiles et de toiles juste esquissées
Du sable de mes solitudes
D’oasis, de la respiration d’une eau lointaine
Folie d’enfant ou homme retrouvé
Je reste à l’écoute des fontaines
Là…
Penché à la fenêtre
Eclaboussé par la lueur pourpre et mauve de l’aurore
Et acclamant la vie que je couvre “d’encore”
J’attends
J’attends là où se dissolvent les frontières et où les chemins s’effacent
Là où commence le silence
Plus de repères
Juste des vérités insoumises
Je marche sur un fil tendu entre le miroir sans tain de leur colossale insolence
Et le quai des impossibles langages
Comment... !
Comment donc exprimer l’élan, l’incandescence
De ces émotions-là aux multiples sillages
J’invente des mots sans masque dévoilant à fleur de ligne la veille et le lendemain
Et parcourant avec des yeux limpides un monde péniblement rêvé
J’invente la jonquille
La force d’arrondir le temps
L’horloge perdue dans le silence
De sa petite aiguille
Impérieuse nécessité de l’espérance
J’enlace le saule, le ciel, le vent
La conscience de ma solitude et la solitude de ma conscience
Je glorifie la main qui me dessine
L’esprit qui me conçoit
J’avance…
J’avance, lentement
Au fil de l’eau, de la cadence et la décadence de mes désirs
La fuite de ces heures toutes à reconquérir
Sur le mur infini du temps
J’ébauche une toile pleine d’étoiles, du sable de mes solitudes, d’oasis
De la respiration d’une eau lointaine
Stéphane ©2023