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Nos amis les jeunes loups
Abordons maintenant un sujet vachement intéressant et réjouissant qui a pour objectif d’améliorer nos vies misérables à tous chaque jour, j’ai nommé le marketing et le management. Dans le domaine de la musique en l’occurrence. Je ne suis pas particulièrement fan de Julien Clerc. Il m’indiffère mais regardons sa carrière. Les débuts pour commencer : la légende raconte qu’il est entré dans un café estudiantin près de la Sorbonne et a lancé à la cantonade « J’écris des musiques, quelqu’un veut faire les paroles ? ». « Moi ! » a répondu du tac au tac un chevelu parfaitement inconnu du nom d’Etienne Roda-Gil. Attention, il faut se méfier des légendes et des mythes. Enfin toujours est-il que la collaboration a débuté et a été fructueuse plusieurs années. On aimait ou pas mais il faut reconnaître qu’il y avait un véritable univers créatif assez puissant qui avait été créé et continuait de se développer. C’était de la chanson de qualité. C’était sans compter sur les jeunes loups du marketing justement, les plus finauds des plus finauds des directeurs artistiques des maisons de disques sans compter les producteurs et les éditeurs toujours en quête de ventes supplémentaires. Lors, vers je crois ses 30 ans ils ont dit à Julien Clerc : « Y’en a marre de tes chansonnettes réservées aux minettes en études de lettres de l’avenue Mozart (Paris 16ème), il faut élargir ton public ! » - et tout à fait accessoirement booster tes ventes pour nous remplir les poches. Donc exit Roda-Gil, qui l’a à juste titre eu mauvaise, et place à des paroliers réputés de la soupe du show-biz. Résultat : terminé l’univers créatif, place au pire de la chanson, Lili voulait aller danser le rock’n’roll mais Tony trouvait ça moins drôle, lui qui n’aimait pas du tout le rock’n’roll… ou encore Elle s’appelait petits pois, il s’appelait lardons… Du grand art comme vous pouvez voir. Julien Clerc est devenu remarquablement inintéressant depuis ses 30 ans, ça dure depuis 40 ans. Pas une chanson à sauver. Super ! Le nom de Pierre Barouh vous dit-il quelque chose ? Probablement non. Il faisait l’acteur dans le film Un homme et une femme de Lelouch et surtout il était parolier de la chanson Chabadabada du film, chanson interprétée comme chacun sait par Nicole Croisille, Comme nos 2 bras, Chabadabada Chabadabada, nos cœurs y voient Chabadabada Chabadabada etc… musique du compositeur fétiche de Lelouch Francis Lai. Pas un éditeur ne croyait à cette chanson et n’a accepté de la signer, aussi Barouh l’a éditée lui-même en montant une structure nommée Saravah, nom choisi en référence à son amour de la chanson brésilienne. Bingo ! a fait la chanson et Barouh s’est retrouvé à la tête d’un petit magot qu’il a transformé en studio d’enregistrement rue des Abbesses entre Pigalle et Montmartre à Paris 18ème. Studio olibrius qui ne respectait guère les règles du genre puisque les musiciens avec lesquels Barouh sympathisait étaient libres de venir y travailler et enregistrer ce qu’ils voulaient, sans contraintes financières ou horaires, liberté totale donc. C’est là qu’Higelin, Areski et Brigitte Fontaine y ont réalisé leurs très intéressants albums expérimentaux, ces trois artistes et bien d’autres dont les noms probablement ne vous disent rien ou presque, Aram, Larry Martin, Jean-Roger Caussimon… En toute logique Barouh s’est pris de désaffection pour les directeurs artistiques des maisons de disques et les programmateurs radios qui lui disaient lorsqu’il leur apportait ses disques : C’est bien joli mais cela n’intéressera personne, il y a le yéyé et la chanson populaire et pas de place pour une troisième voie. Barouh dégoûté à la longue a cessé ses démarches, s’ils veulent un jour mes disques qu’ils les achètent. Il disait d’eux : Rimbaud viendrait frapper à leur épaule pendant qu’ils sont en train de prendre un pot, ils ne le reconnaîtraient pas. Il y en a d’autres bonnes avec ces gens-là. Là c’est de moi dont il est question. En 2007 précisément j’enregistre 4 titres à Marseille, titres que dans ma grande prétention je juge assez réussis. Il y a des années que je n’envoie plus mes créations à quelques structures musicales que ce soit, c’est du fric foutu en l’air. Mais là, regain d’espoir, j’envoie les 4 titres à quelques radios locales toulousaines. L’une, Radio Occitania pour la nommer me dit par le truchement d’un gars « Elles sont bien tes chansons, on va les diffuser. Passe à la radio pour signer la paperasse ». Dont acte, je m’y rends un jour au sortir de l’entraînement de foot de Fiston qui a 10 ans et m’accompagne donc. Nous voici à la radio une chouette petite maison avec jardin. Nous entrons, je discute avec le mec que j’ai eu au téléphone. Bouge pas il me dit, faut que j’aille chercher mon patron. Il enfile un escalier en colimaçon dont il redescend quelques instants plus tard précédé d’un de ces jeunes loups du marketing, costard cravate etc… Lequel Costar Cravate me dit en descendant l’escalier : C’est pas g ! Comment ? C’esr pas g, vous voulez dire que c’est pas génial ? (voyez comme j’ai l’esprit vif ). C’est ça il me dit, c’est pas g. Bon, rendez-moi mon disque je leur dis. Ils mettent ¼ d’heure à remettre la main dessus et je me casse avec Fiston. Arrivés à la voiture, je lui dis de m’attendre quelques secondes et je retourne dans l’antre où j’aperçois mon ami le jeune loup seul dans un bureau. Je rentre et l’interpelle : Vous n’avez même pas écouté en fait ?! Si vous croyez que j’ai le temps d’écouter ! me répond’il. En effet, super g ! je lui dis avant de le planter là. J’en ai une autre antérieure avec ces gens-là. Je bosse pour ma dernière année dans la pub, j’ai 29 ans et je viens d’enregistrer une chanson titrée Dommage dommage tirée d’un jingle publicitaire que j’ai conçu et réalisé pour une marque de pompes. Le thème des paroles est le même, mais sans citer la marque. L’idée est que la chanson de 3 mns 30 fédère la pub laquelle fédère le single. C’est la troisième fois que je le fais, c’est moi qui ai inventé ce principe, repris ensuite. Si vos vous souvenez du tube J’ai faim de toi, chanté par Sandy, c’est le même principe utilisé par Chambourcy. Là, sur ma nouvelle chanson, mes amis les commerciaux publicitaires sentent qu’il y a du fric à se faire et un des directeurs de l’agence vient avec moi à un rv avec un de ces fameux directeurs artistiques dans la grande maison de disques RCA. Nous avons rv à 14 h 30. Le gars n’est pas là, sa secrétaire nous fait attendre, il y a aussi un autre gars qui attend qui doit avoir rv avant nous. 15 h le gus finit par se pointer, fait entrer l’autre gars qui attend dans son bureau, cela dure 30 secondes avant qu’il ne ressorte manifestement déconfit et débarrasse le plancher. Bien c’est à nous. Le mec enclenche la k7, l’éjecte au bout de 5 secondes en déclarant ; Ça ne m’intéresse pas. Au revoir. Mon directeur de l’agence reçoit ça comme un uppercut dans le bide, devient tout blanc et tente une dernière manœuvre : Attendez, nous avons autre chose. Autre chose, c’est ce que je vous mets en dessous, une chanson doublement francophone, vous comprendrez en l’écoutant. Laisse tomber Didier, je dis à mon comparse, il va simplement piquer l’idée, on s’en va. Oui Didier est blanc comme un linge quand nous quittons l’aimable loup et fulmine dans la voiture quant à la façon dont nous avons été reçus et jetés comme des malpropres. Il est en aussi vert, rouge et tout noir de rage et de fureur. Je ne suis pas très content non plus du résultat mais in petto, je me marre : mon pote Didier ne se conduit-il pas exactement de la même façon ave les gens qu’il reçoit, lui, dans son beau bureau de luxe et de pleins pouvoirs ?!
(Voici le titre que je n'ai pas voulu faire écouter par le directeur artistique de RCA. Il nous aurait vidé comme des malpropres de toute façon et aurait peut-être piqué l'idée). |
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Nos amis les jeunes loups
appartient au recueil Nouvelles du monde
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Texte terminé ! Merci à Ancolies. |
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