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Correspondance George Sand & A... - Domaine Public

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D'elle


Datée, postérieurement, par George Sand,

à l'encre bleue, 1835.

Musset et G. Sand

(La première page de cette lettre manque.)


[...] à mon billet, et tu n'as peut-être pas voulu me voir. J'ai désiré cette séparation tous les jours, au moins une heure par jour, depuis que tu es venu me chercher à mon retour de Nohant pour m'emmener dîner avec toi, au milieu de mes résolutions et de mes frayeurs. Je n'ai pu prendre confiance en cette vie, qu'avec des efforts de courage ou des élans d'amour. Oh ! ceux-là pourquoi ne les sais-tu pas faire durer, pourquoi faut-il qu'avec toi le cœur ne suffise pas? Il faut du caractère, de l'héroïsme, du dévouement, et je n'ai rien de tout cela, parce que je sens que tu ne t'y tromperais pas et que tu n'en voudrais pas. L'amour, c'est le bonheur qu'on se donne mutuellement.

Dieu, ô Dieu! je te fais des reproches à toi qui souffres tant ! Pardonne-moi, mon ange, mon bien-aimé, mon infortuné. Je souffre tant moi-même; je ne sais à qui m'en prendre. Je me plains à Dieu, je lui demande des miracles : il n'en fait pas, il nous abandonne. Qu'allons-nous devenir ? Il faudrait que l'un de nous eût de la force, soit pour aimer, soit pour guérir; et ne t'abuses pas, nous n'avons ni l'une ni l'autre, et pas plus l'un que l'autre. Tu crois que tu peux m'aimer encore, parce que tu peux espérer encore tous les matins, après avoir nié tous les soirs. Tu as vingt-trois ans, et voilà que j'en ai trente et un, et tant de malheurs, tant de sanglots, de déchirements derrière moi! Où vas-tu? Qu'espères-tu de la solitude et de l'exaltation d'une douleur déjà si poignante? Hélas me voici lâche et flasque comme une corde brisée; me voici par terre, me roulant avec mon amour désolé comme avec un cadavre, et je souffre tant que je ne peux pas me relever pour l'enterrer ou pour le rappeler à la vie. Et toi, tu veux exciter et fouetter ta douleur. N'en as-tu pas assez comme cela? Moi, je ne crois pas y qu'il y ait quelque chose de pis que ce que j'éprouve.

Mais tu espères? Tu t'en relèveras peut-être? Oui, je m'en souviens, tu as dit que tu la prendrais corps à corps et que tu sortirais victorieux de la lutte, si tu n'y périssais pas tout d'un coup. Eh bien oui, tu es jeune, tu es poète, tu es dans ta beauté et dans ta force. Essaye donc. Moi, je vais mourir. Adieu, adieu, je ne veux pas te quitter, je ne veux pas te reprendre, je ne veux rien, rien, j'ai les genoux par terre et les reins brisés; qu'on ne me parle de rien. Je veux embrasser la terre et pleurer. Je ne t'aime plus, mais je t'adore toujours. Je ne veux plus de toi, mais je ne peux pas m'en passer. Il n'y aurait qu'un coup de foudre d'en haut qui pourrait me guérir en m'anéantissant. Adieu ; reste, pars, seulement ne dis pas que je ne souffre pas. Il n'y a que cela qui puisse me faire souffrir davantage, mon seul amour, ma vie, mes entrailles, mon frère, mon sang, allez vous-en, mais tuez-moi en partant.




Pour lire la correspondance complète :

http://scans.library.utoronto.ca/pdf/7/45/correspondancede00sand/correspondancede00sand.pdf



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Auteur

George Sand

08-08-2012

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