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Vie brisée - Tranche de Vie

Tranche de Vie "Vie brisée" est une tranche de vie mise en ligne par "Ancolies"..

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Vie brisée

 

A la faveur d’un récent déménagement, j’ai réalisé à travers d’incessants rêves tourmentés qui datent de ce simple changement d’endroit beaucoup de choses remontant 50 années en arrière. J’imagine que ces choses étaient enfouies dans mes habitudes, mes repères, le confort que j’avais créé dans mon ancien logement que j’occupais depuis 20 ans, et dans les activités qui étaient miennes les encore 30 ans précédents.

Ces "choses" concernent les différents abus sexuels émanant de pédophiles lors de ma préadolescence. Accessoirement également de la colère que j’éprouve respectivement envers mes parents qui à l’époque, plutôt que me soutenir, m’ont considéré comme peut-être pas coupable mais responsable et de plus me renvoyer dans la gueule du loup (en pensionnat en Angleterre, me glissant négligemment la veille de mon départ «Tiens, on en parle parce qu’on en cause, je te signale que les anglais sont assez portés sur la chose »). Mais ce n’est pas de cette colère-ci dont je veux parler dans ce texte. Mais des agressions et de ce qui s’ensuivit. Il se trouve que cependant une longue psychanalyse de 7 ans, 4 rv par semaine, ainsi que 2 psychothérapies et nombreux groupes de paroles, je n‘ai jamais eu l’occasion de m’exprimer sur ces agressions, probablement enfouies sous la honte et la culpabilité, (auxquelles il faut bien ajouter l’incompétence des psys que j’ai pratiqués. Ils ont parlé et parlé de mes addictions sans jamais poser la question du pourquoi). J'ai quand même déposé une plainte, classée sans suite, il y a une quinzaine d’années, qui a peut-être pu me faire croire que j’avais réglé la question, ou plutôt l’une des questions car je le répète ces agressions se sont renouvelées plusieurs fois. Enfin, grâce à cette plainte, j‘aurai quand même réussi à faire virer par un courrier à son directeur ce salopard-là de son boulot et l’obliger par un coup de fil un poil brûlant à déménager mais c’est une bien piètre consolation, il s’agit d’un seul gars parmi beaucoup d’autres et quant aux flics, ils m’ont pris pour un mythomane.

Donc aujourd’hui je réfléchis à ce sujet. Et cerné par les mouvements actuels de libération de la parole des femmes à travers les Me Too ou Balance ton porc, j’entends plus souvent qu’à son tour l’expression "vies brisées". 

Alors je m’interroge : qu’en est-il de la mienne ? Et je m’aperçois que mon parcours de vie aura donc été jonché en permanence de problèmes graves et d’addictions diverses et variées, vous avez le choix piochez : ts à répétitions, hospitalisations à répétitions, drogues dures, alcools à donf, période de 15 ans d’anorexie-boulimie (de 80 à 45 kilos), errances et désespérances… On peut y ajouter échecs affectifs ainsi qu’échecs artistiques, mon important travail (je suppose que je m’y étais réfugié) depuis 40 ans en ce domaine se soldant par un lectorat ou un auditoire se comptant sur les doigts d’une main malgré, je l’écris sans orgueil, la qualité, le sens et la beauté de mes productions. Rejets si systématiques que je ne peux plus ne pas faire de liens entre ces traumatismes enfantins et ces rejets, comme si quelque chose chez moi bloquait ou empêchait. Comme si, comme dit le petit péruvien au Capitaine Haddock dans Le temple du soleil : Quand karma fâché, lui toujours faire ainsi. Juré, j’ai tenté à tous crins de faire jouer son corolaire Quand karma content, lui toujours faire ainsi, mais cela n‘a jamais marché.

Il est donc top de découvrir à 65 ans que l’on aura vécu une vie chaotique et brisée en raison de faits remontant 50 ans plus tôt. Oui, relire sa vie avec une telle grille est un sentiment sacrément secouant, particulièrement perturbant, terriblement désagréable, c’est une remise en question totale. Ainsi qu’une colère en découlant et dont je ne sais que faire. De plus je m’interroge quant à l’influence de tout cela sur la vie de mon fils âgé aujourd’hui de 26 ans et qui m’aura reproché violemment ces dernières années mes dépressions, lui ayant à les subir avec le sourire, histoire dans sa gentillesse de ne pas m’affecter d’avantage. Moi à qui l’on ne peut arracher que par politesse un simple sourire, et que dire d’un rire. On dit que les conséquences d'un suicide s'amortissent sur 3 générations, je constate que celles de traumatismes sexuels en affectent au moins 2, puisque j'aurai brillamment rendu mon fils également dépressif.

A voir le Votre de fiston tout maigrichon planté-là sur sa croix, je ne puis que m'exclamer Notre Père qui êtes osseux, personnellement je ne suis pas soumis à la tentation mais j’ai vachement besoin d’être délivré du mal.

 

 

 

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Blog

Ancolies

09-07-2022

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Vie brisée appartient au recueil Nouvelles d'une vie

 

Tranche de Vie terminée ! Merci à Ancolies.

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