Surtout le dimanche - Pause-Mélancolie

Surtout le dimanche

Fin d'après-midi d'un dimanche de fin d'automne ou déjà d'hiver. Il pleuviotte, fait froid et déjà sombre et noir. Comme des millions d'autres, je suis seul, à tenter de ne pas perdre la raison. Personne ne m'appelle, moi non plus je n'appelle personne. Hier samedi, j'ai déjeûné avec mon fils. Joyeux et sympa. Hier soir j'ai dîné avec des amis, maladroits malgré leurs âges et mal dans leur peau. Je me suis réveillé maussade et moi-aussi mal dans ma peau. Un long et seul et froid dimanche devant moi. Quand est mon prochain rendez-vous avec la terre ? Mardi peut-être, ou mercredi. Des rendez-vous pas particulièrement réjouissants. Et ce temps, qui file et n'ira pas en arrière, ou plutôt nous n'irons pas en arrière. Dimanche, silence, obscurité, décès noir et blanc. Désespérant. Est-ce qu'un jour tout ce que nous avons fait ou cru verra le jour ? Le jour sera-t'il plus blanc, plus clément ? Je ne le crois pas. Je crois que nous sommes prisonniers d'une condition où seul le chemin de la joie nous apporterait une explication, une libération. Et ce silence ! Toute la ville est morte ou quoi ? Si j'habitais à la campagne, je pense que ce silence serait pire, sauf peut-être un feu de cheminée, sa lumière, ses ombres et ses craquements vivants. C'est ça, le dimanche on est seul. Désespéré ? Même pas. Seul et glacé. Tuer le temps, ce cadeau, est-ce une solution satisfaisante lorsque tout et nous et tout de nous s'enfuient. Je crois que si tu étais là ça ne changerait rien. Je serais, tu serais, encore seul(e). Qui a inventé la vie ? Et pourquoi ? Et la solitude, qui l'a inventée ? La solitude. Je crois que nous sommes dans un camp de concentration faussement libre. Des fois, souvent, je me demande comment le monde tout entier ne s'est pas suicidé. Surtout le dimanche.