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Oups ! - Pause-Café

Pause-Café "Oups !" est une pause-café mise en ligne par "Ancolies"..

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Oups !

Oups ! Je me levais d’un bond pour échapper à mon désagréable rêve en pensant immédiatement que j’étais mieux ici chez moi que dans ce rêve. Lequel rêve je baptisais Oups ! Je venais de déménager. Je prenais un autobus pour me rendre au cinéma Mac-Mahon, en haut de l’avenue du même nom tout près de l’Arc de Triomphe. Peu m’importait le film, c’était une salle que j’aimais bien car elle était souvent presque vide de spectateurs, condition sine qua non pour moi pour me rendre dans un cinéma. Mais le bus, le 36, bifurquait et n’allait plus dans la bonne direction. J’en descendais alors pour prendre la ligne 72 sans très bien savoir où elle me mènerait. Au passage je remarquais que 72 est le double de 36. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Que je suis un demi-homme qui tente de retrouver son entité ? Ce fut dans un quartier inconnu que le 72 me conduisit mais chance ! je trouvais un autre cinéma qui semblait peu fréquenté. Tout en réglant ma place, je demandais à l’employé au guichet quel était le film. Sans un mot et haussant les épaules, il me désigna l’affiche punaisée au mur derrière lui. Oups ! était le titre du film. L’affiche était à la fois farfelue et cocasse. Pourquoi pas ? me dis-je. Mais là les choses se compliquèrent : je fus incapable de trouver la salle. Et je me retrouvai errant dans ces rues inconnues à la recherche de l’escalator qui devait me mener à la salle de projection. Il y avait dans ces rues un grand nombre de bâtiments qui me parurent être des monuments historiques. Mais j’étais perdu. Comme récurremment dans mes rêves. Quelle était cette sensation d’être perdu ? Les situations, les contextes changeaient mais je me trouvais régulièrement dans cette position, perdu, sans reconnaître le nom des rues et l’environnement, dans un quartier inconnu ne sachant où me diriger, quasiment sans argent ni téléphone en poche, avec souvent, même si cette fois j’étais venu en autobus, ma voiture garée je ne savais plus où et en en ayant perdu les clés. Il me fallait alors la remplacer et le même phénomène se reproduisait. D’où le fait que je possédais plusieurs vieilles guimbardes égarées dans cette ville. Revenu à la conscience, bien entendu je me demandais ce que signifiait ce sentiment d’égarement, moi qui après beaucoup beaucoup de temps croyait avoir enfin trouvé ma place en ce monde, marginal chez les intégrés, marginal chez les marginaux, seul donc dans mon propre camps, où je me trouvai fort bien merci. Ce sentiment d’être perdu me laissait donc perplexe et mal à l’aise et je réfléchissais souvent à sa signification. Réflexion qui me laissait sans réponse. Quoiqu’il en soit, lorsque je faisais ces rêves, je chassai ces désagréables pensées matinales en avalant un yaourt et préparant un nescafé soluble, tout en faisait quelques étirements de gymnastique pour me débarrasser de l’insupportable mal de dos avec lequel je me réveillais chaque jour que Dieu faisait. Vous me direz Change de matelas. Je vous répondrai C’est fait et refait. Non, c’était un problème physique, empirant avec le temps. Et qui faisait que je jaillissais de ma couche sitôt une paupière entrouverte pour échapper à cette douleur dorsale située au niveau du bassin. Quoique feignant sur ce type de sujets, j’avais cependant vu un médecin qui m’avait fait faire des radios - encore un rv chiant - lesquelles n’avaient rien repéré de particulier. Tel le guichetier du cinéma, le brave docteur avait haussé les épaules glissant un bof évasif et je restai donc en l’état. Bof me disai-je aussi. J’étais depuis longtemps habitué à vivre avec la douleur, celle du dos ou autres, celle des autres également et était très résilient sur le sujet. Cela relevait de mon éternel credo, la maladie de la vie, tu seras guéri quand tu seras mort mon pote. La maladie de la mort je connaissais aussi, ou plutôt j’avais connu et m’en étais tiré. Oups ! Il s’en était fallu d’un mince cheveu. Oups ! ce film que je n’avais pas vu, oups ! ce rêve que je n’avais pas pas fait, est-ce à dire oups ! que je m’en tirais une fois de plus de justesse. Oui et non. Il y avait lurette que je n’avais plus peur de rien, même plus de moi-même, excepté un drame qui pourrait survenir dans la vie de mon fils. Autant j’étais tranquille, même avec ces rêves perdus, autant je ne savais pas comment je réagirais si ce drame se produisait. Irais-je acheter une bouteille de bourbon, avalerais-je quelques plaquettes de somnifères, utiliserais-je mon colt Navy 32, je n’en savais fichtre de fichtre rien. Mais je prenais tranquillement les jours dans l’ordre, l’un après l’autre. Aujourd’hui tout allait bien pour mon fils. Sans m’inquiéter outre mesure, je priais quelque part pour que ça dure. Je ne voulais pas revivre les jours où il allait mal, comme cette période d’isolement du confinement qu’il avait si mal vécue, seul dans son minuscule studio. Non je ne veux pas que mon fils aille mal et je plains les parents pour lesquels c’est le cas. J’avais de la chance, j’étais un père heureux. Oups ! Gloire à Toi mon Dieu.

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Ancolies

01-11-2023

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Oups ! appartient au recueil Nouvelles d'une vie

 

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