L’autobus - Histoire

L’autobus

Du calme petit, ce n’est qu’un autobus qui passe. Que croyais-tu ? A un galion aux voiles noires nanti de rameurs sans rames ? A un rocher qui aurait voyagé dans le passé ? A la pluie diluvienne transperçant la canopée de chênes bicentenaires ? Eh non, c’est juste l’autobus, le 19, qui passe dans un chuintement fugitif. Le 19 me laisse à La Roseraie où je prends le 39. Damn, je l’ai pris dans le mauvais sens, il me ramène au dépôt. Pourtant j’étais du bon côté, enfin du côté logique du trottoir, comment cela se fait-il ? Tisséo aurait-il des fuites ? Tisséo c’est le nom de la régie qui a le monopole des transports en commun à Toulouse. J’ai un bon slogan pour eux : Tisséo ! Santiano… Les intéresse pas ? Tant pis. De toute façon je ne leur en ai pas parlé. « Les mots ça sert à rien ! » avait mystérieusement déclaré ma sœur ainée avant de quitter la pièce en claquant la porte lorsque nous étions enfants ou adolescents. De quoi parlait-elle, quelle était sa frustration ? Mon père lui disait «  Ce ne sont pas les mots qui comptent mais l’ordre dans lequel ils sont agencés ». Les mots. Il est vrai que les actes sont notre seule aune valable. Bon. Du dépôt je reprends l’autobus dans l’autre sens, 18h30, trop tard maintenant pour me rendre au garage où j’allais chercher ma caisse rafistolée (satané contrôle technique). L’addition sera-t’elle salée ? Bien évidemment, chez le garagiste comme chez l’assureur. De quelles arnaques sommes-nous tous les jours victimes ? Sans compter les escrocs de l’ombre. Fantastique ça. Tu passes une annonce sur le Bon Coin pour donner d’innocents cours de guitare ou vendre un tapis neuf Ikéa dont tu ne veux pas car lorsque tu l’as déroulé dans le bureau, tu as trouvé qu’il étrécissait la pièce. Et les tentatives d’escroqueries aussitôt pleuvent. Ils ne manquent pas d’imagination et parfois tu tombes dans le panneau. Là-aussi l’addition est salée. De 13.200 euros exactement je me suis fait avoir, en 2 fois. Cela fait une coquette somme. Tellement énorme que je n’en ai parlé à personne pour ne pas choquer. Presque le prix d’une Dacia neuve. Même lorsque je gagnais des ponts d’or dans la pub, je n’ai de ma vie jamais acheté une voiture neuve. Et méfiez-vous des options. Comme dit avec bon sens ce fameux garagiste : « Autant d’options, autant de risques de pannes ». Restez basiques les amis. Je sais que je parle dans le vide, chacun ou presque ayant à cœur de montrer aux autres qu’il ne roule pas dans une vieille guimbarde, bien au contraire. Faut que ça rutile. Et sans taches d’huile. Signe extérieur d’égo. Jamais compris ça moi. Et d’où tirent-ils le fric pour se payer ces foutus suv ? De ces tentatives d’escroqueries dans lesquelles justement ils ne sont pas tombés. Un jour pas si lointain je ne pourrai plus conduire, un jour pas si lointain je ne pourrai plus marcher. Est-ce qu’un jour je ne pourrai plus aimer ? En l’attendant ce jour, je vis, écris, compose, chante, dessine, mange le soir puis joue aux échecs jusque pas d’heures. J’ai eu l’idée d’une chouette nouvelle à écrire la nuit dernière en glissant vers le sommeil. J’ai eu la flemme de quitter ma couette pour la noter, je m’en souviendrai me suis-je dit. ? A tort. Dommage. Les chouettes nouvelles ne tombent pas forcément du ciel chaque jour que Dieu fait. Re bon. Demain je reprends le 19, puis le 39 dans le bon sens de préférence pour aller chercher ma vieille caisse. Demain ? Gaffe Ancolies, tu lui ressembles à ta vieille caisse, plus de la première jeunesse. Eh ouais, gaffe, tire pas trop sur la laisse.