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L'aspirette - Pause-Café

Pause-Café "L'aspirette" est une pause-café mise en ligne par "Ancolies"..

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L’ASPIRETTE

 

 

 

Difficile de garder ne serait-ce qu'une modeste crique de virginité dans cet appart. C'est qu'une fois que vous en avez aperçu un quelque part, l'endroit est irrémédiablement souillé : ce mur, ce recoin de chambre, ce placard, cette étagère, le coin patères...

 

Aperçu quoi ? aperçu avant impression ? nan, aperçu avant suppression, quoique qu'il vaille mieux contenir son réflexe d'écrabouiller vite fait bien fait l'intrus contre la surface dure, plancher ou mur, 1 / parce que c'est dégueulasse, 2 / parce que ça pond des œufs à l'instant d'expirer.

 

Je parle de ces machins parfois gros comme le pouce et dont le dos verni reflète d'élégantes nuances caramel, Sa Majesté les Blattes et les Cafards.

 

Evidemment on s'habitue. Mais je crois que je m'habitue pas. Agressé à chaque intrusion, dans la cuisine, près de la porte d'entrée, ou en ouvrant la chemise kraft d'un ancien dossier. Et ça va parfois jusqu’au viol ! Imaginez : par exemple, vous êtes haut, très haut, vous tutoyez les étoiles à dessein d’élever un nouveau poème épique que vous voulez cathédrale ; et vous découvrez soudain incrédule une de ces saletés de bestioles batifolant tranquillement sur votre beau bureau blanc jusqu'ici épargné. Sûr c'est pas Attila mais quand même. Et votre beau bureau blanc ne sera plus jamais tout à fait le même.

 

Le pire c'est qu'on n'est plus chez soi. Chez son soi intérieur je veux dire. Car il se passe rapidement que, aussitôt que vous vous déplacez dans l'appart, vos yeux courent partout et furètent en permanence pour les repérer. Pareil dès que votre regard allongé ou assis quitte le livre ou l'écran d'ordi. Maintenant ces sales bêtes sont tout le temps dans votre tête.

 

Maigre revanche : l'arme fatale. Un petit aspirateur manuel qu'originellement je me suis procuré pour des motifs domestiques, genre miettes de table ou poussières déposées à tout va par le vent. Ouais, ben j'ai pas tardé à lui découvrir un avantage supplémentaire et de taille, à ce petit appareil manuel : Avaleur de cafards. A nous 2 mes gaillards !

Oui, car à condition de mettre vite fait la main sur votre terrible engin, c'en est généralement fait du petit sagouin. Et hop ! aspiré ! Le pourcentage de réussite est sans commune mesure avec celui obtenu par la méthode traditionnelle : repérer l’intrus, choper fissa un bout de sopalin, kleenex, pq, pourchasser l'animal se crapahutant vers le premier coin inaccessible à vos gros doigts, l'attraper vivant pour éviter la ponte mortelle en repliant délicatement le papier autour de lui, foncer aux chiottes et tirer la chasse avant qu'il ne s'en échappe et que tout soit à recommencer.

 

Aux chiottes ? Mais pourquoi pas plutôt par la fenêtre, vivre et laisser vivre. Faire preuve de clémence et de magnanimité. Adopter une simple posture d'humanité à l'endroit du vaincu en laissant au vent le soin de le déposer sur d'autres balcons ? Oui, pourquoi pas ?!! Parce que nan ! Et si l'un de ces salopards en réchappe lors d'une de nos folles courses-poursuites, je poste l'aspirette à proximité du lieu souillé et il aura pas une seconde chance s'il s'avise de repointer son nez.

 

Pareil. Aucune seconde chance pour la bestiole une fois choppée dans l'aspirette. Ouais, je pourrais être fair-play, par exemple au cas où elle ferait montre de persévérance et jugeote et retrouverait la sortie. Eh ben nan ! La sortie je la bouche avec une boulette de pq. Un nouveau candidat ? je débouche, hop j'aspire, hop je rebouche ! Comme ça au moins ils meurent pas d'ennui là-dedans, jouent aux quatre coins, chassent en meute les araignées les jours fériés. Meurent pas de faim non plus tu parles ! Se tapent des festins de miettes de pain. Meurent d'asphyxie peut-être mais prennent leur temps. Bon, parfois mon grand cœur saigne et j'abrège leur terrible attente en vidant régulièrement mon terrible engin dans un sac poubelle double épaisseur qu'ensuite je scelle très soigneusement. Ce qu'ils font après, une fois passés à la trappe de la benne, je l'ignore totalement.  

 

Une fois avec ma copine Doris, on avait acheté des tourteaux, vivants. Selon les conseils-recettes de l'affable marchande on les mettait à cuire dans l'eau soit froide soit bouillante c'était pareil. Froide c'était peut-être un peu mieux pour le goût. A l'instant de la préparation, on s'est regardés avec Doris. Quel dilemme ! Z'auriez été là, z'auriez été plutôt chaud pour le chaud ou plutôt chaud pour le froid question cuisson, pour la mort rapide ou lente (en vous mettant dans la peau carapacée du tourteau évidemment) ?


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Blog

Ancolies

15-09-2012

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L'aspirette appartient au recueil Nouvelles d'une vie

 

Pause-Café terminée ! Merci à Ancolies.

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