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L'hôpital espagnol - Tranche de Vie

Tranche de Vie "L'hôpital espagnol" est une tranche de vie mise en ligne par "Ancolies"..

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L'HÔPITAL ESPAGNOL

 

 

Voici une histoire pas tout à fait récente.

 

Les personnages principaux : moi Ancolies, Corinne ma compagne, Clara sa fille, Hugo son petit frère et mon fils, et enfin Jean-Pierre, Anne et Maria, respectivement père et sœurs de Corinne.

 

Vous inquiétez pas les amis, cette histoire est tendre bien que contagieuse, à l'image du marmot Hugo qui revient de la crèche affublé d'une hépatite. Je vous le dis là et tout de go, le coup de l'hépatite, mais à ce stade des choses, nous - ses géniteurs - on n'en sait rien. D'abord elle se voit pas à l'œil nu, en plus elle disparaît à peine arrivée. Alors ? qu'est-c' qu'on aurait bien pu faire, vous pouvez me le dire ?!

 

Le cher chérubin prend quand même le temps de refiler à sa grande sœur son vice caché, laquelle l'évacue elle-aussi vite fait bien fait. Immunité enfantine disons. Bon, jusque là, nul n'a le moindre soupçon d'un quelconque souci, nul ne se doute que de sombres nuages s'amoncellent dans un coin obscur de ciel. Sauf que Clara a à son tour refilé l'affliction à sa mère, et c'est là que l'affaire se complique. 

 

Corinne a chaud, Corinne a froid, Corinne panique. Généraliste, analyses, diagnostic : hépatite. Grave ? bénigne ? nul n'en sait rien et Corinne est par précaution hospitalisée.  

 

Vous me connaissez les amis. Savez que je suis pas du genre à me laisser démonter par le premier buisson d'épineux venu. Aussi est-ce appuyé sur un solide enthousiasme individuel que j'assure les charges affectives et domestiques relatives à la nouvelle situation. Et puis voilà que les suées à mon tour me prennent. Que dis-je, me submergent ! 5 fois par nuit je retourne mon matelas bon à essorer. Sans déconner. L'évidence crie que j'ai chopé le mystérieux virus. 

 

Bah ! j'ai pour l'heure pour primordial objectif de tenir jusqu'au prochain week-end, j’ai un boulot important à finir. Aussi, quoique brûlante, je tiens la dragée haute au mystérieux virus.

 

Ce boulot essentiel achevé en un ultime effort, j’appelle Maria, sœur de Corinne pour lui demander de prendre le relais des enfants. Me reste à tranquillement rejoindre l'hôpital, où je suis assez humoristiquement installé dans la même chambre que ma compagne. Pâles et amaigris, nous échangeons quelques signes d'encouragement et de confiance d'un lit à l'autre. 

 

7 h du soir à l’hôpital. On toque à la porte. Ça doit être son papa, à Corinne, ainsi que Anne son autre sœurette qui la visitent. Ces deux-là ignorent tout de mon admission toute fraîche. Ils toquent, je glisse sous les draps gloussant déjà. 

 

Les 2 visiteurs ont tiré 2 chaises et s'occupent à remonter le moral de leur fille et sœur à grand renfort de nouvelles quotidiennes.

 

Mais voici qu'une forme blanche s'agite progressivement sur le lit à côté. Ça commence par de petits gémissements, pas vraiment gênants au début, mais qui peu à peu se prolongent et s'amplifient. Maintenant, voilà que s'alternent méchante mélopée grave, crispants piaillements aigus, longs hurlements sourds. Dans le même temps, soulevé de l'intérieur, le drap se tend et danse en rythme : gémissement lugubre, pof un coup à droite ! jappement vif, pof un coup à gauche ! hurlement étouffé, pofpofpofpofpof ! ... tandis que dans le même temps d'invisibles pieds mitraillent furieusement l'étoffe ! Des moments j'accélère, d'autres je fais le contraire. D'autres encore j'arrête net, histoire que ceux de la surface puissent reprendre leur conversation terrestre. Et puis je remets ça quand je le sens.

   

Quelle marrade les amis ! Enfin moi et Corinne. Parce que du côté des 2 autres ils semblent pas très à l'aise, pour ce que je peux en juger par mes coups d'œil brefs et dérobés jetés par les interstices du drap. Même z'ont l'air drôlement inquiets ! Adressent de grands signes silencieux à Corinne genre Y' aurait pas un problème dans le lit à côté ? ou Faudrait pas alerter des infirmières des fois ? et surtout C'est quoi que c'est ce bordel ??!!!  

 

Quel sang-froid cette Corinne ! Rassure ses proches du regard : Nan nan ! tout va bien ! la routine ! De quoi parlions-nous ? 

 

Quand j'en peux plus de me retenir d'exploser de rire là-dessous, quand mon barrage de self-contrôle rend les armes et rompt, je jaillis de ma couche nu et chantant comme un beau diable. Beau Papa s'en paye une bien bonne, de marrade, tellement bonne qu'on dresse un troisième lit dans la chambrette le temps qu'il se remette, tandis que sœurette survivante passe les 2 heures suivantes à remplir les dossiers administratifs concernant la joyeuse bande.

  

Un vieil hôtel dont les tuyaux crient, c'est ça la vie (8 pts) Ou alors l'hôpital espagnol. Ben ouais, on pourrait dire que c'est ça aussi, la vie. Quoi ? Mais si, vous savez bien : la vie, l'hôpital espagnol, le lieu qui fait le lien entre ce que tu trouves et ce que tu donnes. Entre de qui tu viens et qui vient après toi.

 

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Ancolies

15-09-2012

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L'hôpital espagnol appartient au recueil Nouvelles d'une vie

 

Tranche de Vie terminée ! Merci à Ancolies.

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