"Gens de pouvoir" est un texte mis en ligne par
"Ancolies"..
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Gens de pouvoir
Un paquet d’entre nous pour ne pas dire la plupart pensent que le pouvoir c’est l’argent, la gloire, la position sociale, l’hôtel particulier, les résidences secondaires, l’une dans les hauteurs de Saint-Tropez, l’autre à Avoriaz et la troisième en Floride, le jet privé le yacht et le parc automobile, sans oublier naturellement le carnet d’adresses… Certes, à moins que l’on n’y soit maladivement allergique ou simplement borné, on ne peut nier que cela offre une multitude de possibilités. Mais est-ce cela le vrai pouvoir ? Loin des magnats de l’industrie, de la politique, du sport ou du show-biz, le vrai pouvoir ne serait-il pas avant tout humain ? En rapport avec son prochain. Nous sommes des êtres humains avant tout non ! Et quel serait-il alors ? Et si nous nous intéresserions à la relation. Voilà, pour moi le vrai pouvoir c’est la relation. La capacité de dialoguer aussi bien avec un diplomate ou un banquier qu’avec un sdf ou un ouvrier, avec un étranger d’une toute autre culture ou avec le manager franchisé ou la caissière de votre supermarché, avec un aristocrate venu d’un autre siècle comme avec un prisonnier isolé en QHS, avec un rappeur excité tout en gourmettes en or ou avec un ancien trappeur rangé des peaux de castors. Savoir parler tous les langages, être en capacité de toujours échanger, ne pensez-vous pas qu’est là la véritable richesse. Très probablement je vais me faire taxer de vieux machin les pralines, de cucul-béni ou de pauvre misérabiliste ave mon langage du cœur, pourtant je persiste : le véritable pouvoir c’est la relation. Là est la vraie richesse humaine. Le sens de cette vie ici-bas n’est-il pas d’aimer et être aimé, pour partager. Que partage-t’on dans son jet privé ou sur son yacht hormis quelques cocktails et quelques signatures de contrats souvent chelous avec quatre ou quinze invités triés sur le volet et toujours du même bord ? Mais, sitôt qu’on va dans la vraie vie, c’est avec tout l’environnement que l’on a à composer, comprendre et s’exprimer. Comprendre l’autre, n’importe quel autre, être en mesure de parler son langage, ceci sur un pied d’égalité - nous sommes tous des fourmis et l’être brillant n’est pas supérieur à l’être silencieux -, oui la permanente possibilité de dialoguer avec l’autre c’est également lui donner tout ce que l’on est en mesure de donner. Faire le don de son écoute, c’est ce qui peut se faire de mieux non ? Nul besoin d’être friqué ou d’appartenir à une classe sociale supérieure pour réaliser cela. Et c’est cela même qui nous ennoblit et nous enrichit. Bien entendu c’est une position humaniste, qui n’intéresse pas tout un chacun. Certains, nombreux sont ceux qui s’en foutent. Mais ceux-là ne nous intéressent que dans une moindre mesure, simplement pour le pardon. Les hommes et les femmes de bien cherchent l’élévation. Inutile d’être croyant pour y parvenir, être pratiquant suffit amplement. Être pratiquant n’est guère difficile, il suffit de faire marcher son simple bon sens. Chaque homme possède sa part de bonté, c’est là-dessus qu’il faut s’appuyer. Oui, notre boulot d’être humain est de tenter de réduire voire - rêvons un peu - d’éradiquer la part de mal qui est en chacun de nous et développer sa part de bien. Qu’as-tu fait de ton talent ? demande la Bible, mais cela tombe sous le sens et pourrait aussi bien se trouver dans l’almanach Vermot ou le calendrier des sapeurs-pompiers. J’ai aimé mes enfants, j’ai aimé les autres, j’ai accepté d’être aimé, j’ai accepté d’écouter, j’ai accepté de donner et de recevoir. Il suffirait d’une voyelle pour que les néfastes réseaux sociaux se transforment en roseaux sociaux et par là-même que ce monde qui selon la formule consacrée marche sur la tête devienne réellement une terre d’asile, d’entraide et d’harmonie. Mais encore une fois cela nécessite de s’intéresser et d’écouter son prochain. C’est ce que je disais - oui oui, je sucre les fraises -, le véritable pouvoir, c’est la capacité à la relation. Doué de cette qualité, vous voilà parmi les habitants les plus nantis de toutes ces contrées ici-bas partagées. Et, de quelque obédience qu’ils soient, les hauts-gradés de tout acabit qui n’ont pas compris ceci n’ont rien compris à la vie. |
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Gens de pouvoir
appartient au recueil Nouvelles du monde
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