"Ce n’est pas à refaire" est un journal intime mis en ligne par
"Ancolies"..
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Ce n’est pas à refaire
- Allo Brigadier ! Malgré toutes ces cases vides dans mon album photos personnel, je n’ai pas de regrets de ce qu’a été ma vie. Je l’ai tracée voilà tout, suivant mon instinct et mes aspirations, mais avec le recul je découvre (je le savais) que je suis passé tout-à-fait à côté de mon enfance, à côté de ma jeunesse, à côté de ses immenses privilèges. D’autant que j’étais - oui - très beau, ce qui, Cocteau le dit justement, offre également des privilèges immenses (à part relativement aux pédophiles naturellement). Mais je n’étais pas là. Absent. Absent à ma propre vie, spectateur. Oui, on m’a volé mon enfance et ma jeunesse. La faute à Voltaire, à Diderot ou à Rousseau ? Non. S’il faut chercher un responsable, ce qui n’est guère obligatoire et même superflu, il faut juste jeter un coup d’œil naturellement du côté de mes parents. Comme les copains et les copines. Et aussi du côté des bancs de l’école. Juste un coup d’œil, cela suffit. Chacun a son parcours, ses valises à traîner, ses peurs à affronter, ses manques à dépasser, personne ne fait exception même si naturellement des enfances sont plus heureuses que d’autres. La mienne a été celle qu’elle a été, me faisant passer à côté de mille joies, mille plaisirs, mille insouciances. Et ma folle jeunesse a plus été consacrée à ma propre autodestruction qu’à profiter des plaisirs que sur un plateau elle m’offrait. Si je les avais saisis ces plaisirs, ma trajectoire aurait sûrement été tout-à-fait différente, et cet album photos beaucoup plus rempli de beaux événements et jolies filles, qui venaient s’offrir comme des mouches et auxquelles je tournais le dos ayant d’autres névroses à fouetter. Non, je n’ai jamais été insouciant, la vie m’a toujours paru bien trop lourde pour cela, sensible comme je l’étais non pas à ma propre douleur qui m’indifférait mais à celle, à celles du monde. Si c’était à refaire, Dieu que je m’amuserais ! Mais ce n’est pas ainsi que les choses s’écrivent n’est-ce pas ! Et, n’étant pas croyant, pas plus en Christ qu’en une quelconque réincarnation, je ne pourrai profiter de mon expérience, de mes découvertes pour mieux faire. De toute façon, est-ce un privilège d’être un Don Juan ou un Casanova ? Ce sont les sentiments qui m’attirent, pas la libido, dont je trouve, même si j’y ai pris ma part de plaisir, qu’elle fout la chienlit plutôt qu’autre chose. Mais mon Dieu, qu’il doit être agréable d’être insouciant, d’avoir la fleur aux dents, de ne pas se poser mille questions et se torturer parce que l’on ne trouve pas mille réponses loin s’en faut. C’était hier, et je voulais que le jour vienne, et avec lui l’amour, pour arrêter la pluie, c’était hier, aujourd’hui j’ai appris, après la nuit le jour, après la pluie l’amour… Oui j’ai appris à vivre dans l’instant, instant après instant. Sauf drame, circonstance à laquelle personne ne sait comment il réagira, aucun instant n’est insurmontable, bien au contraire. Aussi, à l’automne de sa vie, ceci est d’un puissant réconfort et offre une liberté qui fait le pendant à nos problèmes d’organes pour le moins tarabiscotés, arthrose, vue ou audition qui baissent, hanches qui se déhanchent etc… la liste est longue. Oui mais quelle paix en soi-même, quelle tranquillité. Le contraire de la peur. Peur de la mort ? Bien sûr que non, nous avons fait notre temps et parfois ou peut-être même souvent, nous y sommes indifférents. Nous souhaitons simplement que notre vieillesse ne soit pas trop déchéance et notre mort trop douloureuse, qui a envie de souffrir ? Et peut-être souhaitons-nous également mourir avec fierté. Notez que Céline dit : la seule chose c’est la mort, alors si vous ne mettez pas votre peau sur la table vous n’avez rien. L’imbécile que je suis met sa peau sur la table et franchit allègrement les frontières de la pudeur et l’intimité. Ah oui, très certainement on peut me reprocher mon manque de pudeur, mais certainement pas la présence de pathos. Celui-là je l’ai en horreur. Comme une geignerie, une plaintiverie. Du narcissisme ou de l’apitoiement sur soi-même. Je suis bien trop fier pour me livrer à de telles basses manœuvres. Je crois, tel qu’il m’en souvient spontanément en y pensant en l’écrivant, que deux fois dans ma vie, j’ai été à deux doigts de trahir mon amour-propre. Fort heureusement j’ai fait faire demi-tour à la voiture. Même si l’on ne s’aime pas, ou plutôt si l’on s’indiffère, on ne peut se passer d’un minima d’estime de soi-même. Sinon on signe sa fin. Spirituellement s’entend, quoique cette notion n’effleure malheureusement sans doute que très modérément l’esprit de nombre d’entre nous. Est-ce toi cher Hélas, ô jour trois fois indigne. |
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Ce n’est pas à refaire
appartient au recueil Nouvelles d'une vie
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Journal intime terminé ! Merci à Ancolies. |
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