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Westworld : William, gentillesse... - Critique de Film, Théatre, série...

Critique de Film,  Théatre, série... "Westworld : William, gentillesse et liberté" est une critique de film, Théatre, série mise en ligne par "truc quirluque"..

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Westworld : William, gentillesse et liberté

 

La lecture de l’article, pour être pleinement comprise, ne peut se faire sans avoir visionné auparavant l’intégralité de la saison 1 de la série télévisée.

Westword est une série télévisée dont les nombreuses pistes de réflexion ne se limitent pas à l’approche morale de la technologie. L’un de ses personnages phares, William, éclaire ainsi une notion indépendante des intelligences artificielles : celle de la gentillesse et de la liberté.

William est un jeune homme réservé, peu sur de lui, qui vient visiter le parc en compagnie de son futur beau-frère. Empathique, soucieux du bien-être de son prochain même lorsque les émotions de celui-ci sont gouvernées par des programmes informatiques, il devient rapidement attachant pour le public, qui s’identifie volontiers à lui. Pourtant, cet apprenti cowboy nous apporte la preuve que la gentillesse n’est peut-être qu’un choix par défaut : William semble fonctionner ainsi convenance, comme s’il ne connaissait pas d’autre manière d’interagir avec le monde qui l’entoure. Or celui qui est bienveillant envers autrui par contrainte sociale, morale, peur ou inhibition ne peut revendiquer la liberté : il demeure déterminé, prisonnier des valeurs qu’il s’impose.[1] Les actions altruistes n’ont donc un sens réel que quand elles sont accomplies par un individu capable d’opérer le bien comme le mal, et qui choisit consciemment de préserver son interlocuteur : il a alors pris une décision, exercé son libre arbitre. Or, au quotidien, notre autonomie décisionnelle s’avère restreinte : les règles de politesse et de bienséance, les principes éducatifs, le regard réprobateur de notre entourage sont autant de freins qui nous contraignent à la bonté.

William est donc attentionné, mais soumis. Soumis et assujetti. Mais, selon ses propres mots, « Le parc nous révèle tel que nous sommes vraiment ». En d’autres termes, visiter Westworld, ce n’est guère davantage que jouer aux cowboys et aux indiens comme peuvent le faire les enfants : au pays du far west, il devient possible de laisser libre court à ses pulsions, de commettre des meurtres, de violer des innocents. Il devient possible d’être sadique sans remords ; La gentillesse y apparait comme superflue, puisque la souffrance des hôtes n’est que chimères et codes électroniques. Dès lors, que va devenir William, dans la toute puissance de sa liberté retrouvée ? Rester intrinsèquement prévenant, semble-t-il, allant jusqu’à s’éprendre de l’une des figurantes du parc qu’il protège tant bien que mal d’une énième pseudo-mort[2]. Mais progressivement, le faux-self s’étiole. Le personnage abandonne son ami aux mains de brigands, songe à laisser agoniser un soldat (quand Dolores lui fait remarquer sa souffrance), anéanti de sang froid des dizaines d’hommes pour retrouver la trace de celle qu’il aime. Cette décadence atteint son apogée lorsque l’on finit par apprendre que l’homme en noir, personnage antipathique d’une impassible cruauté qui extermine des hôtes à tour de bras pour son propre compte depuis le début de la saison, n’est autre que William, des années plus tard. Définitivement dégagé de tout cas de conscience (cette même conscience que les intelligences artificielles cherchent éperdument à atteindre), il décide, pour arriver à ses fins, d’utiliser le moyen le plus efficient : celui qui consiste à faire souffrir les autres.

Westworld nous pose donc humblement la question suivante : sommes-nous réellement gentils ? Prenons-nous vraiment en compte les considérations d’autrui dans nos décisions ? Ou n’est-ce que la conséquence d’un non-choix imposé ?

Autre chose encore : dans Westworld, nuire à autrui n’a que très peu de conséquences : la loi du talion ne s’applique pas et la survie du malfaisant est assurée à condition qu’il ne soit pas un androïde qui s’ignore. Dans le monde réel, l’égoïsme est une stratégie risquée : utile à courte échéance, elle désert souvent celui qui la manie dans la durée. Nous ne sommes donc pas seulement gentils pour les autres : c’est nous même que nous préservons.

 

Mélissa


[1] On pensera par exemple à Alex DeLarge qui dans Orange mécanique finira contraint bien malgré lui à la non-violence sous l’effet du conditionnement de la société.

[2] Dolores

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truc quirluque

11-02-2018

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Westworld : William, gentillesse et liberté n'appartient à aucun recueil

 

Critique de Film, Théatre, série... terminée ! Merci à truc quirluque.

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