Un monde presque parfait - Chronique

Rappel : Mes chroniques ne sont que mon humble avis. Je ne suis que moi.

Un monde presque parfait

4ème de couverture : 

Et si le pouvoir de décision était essentiel à notre humanité ?
David Lisner, jeune chercheur ambitieux et cartésien, vit chez « les Réguliers », une société hyper-développée, hyper-connectée qui veille au bien-être des individus.
Non loin de là, une région rebelle s’est coupée du reste du monde : « les Exilés ». Fidèles à une certaine philosophie de vie, ils rejettent radicalement cette société.
David Lisner se voit confier malgré lui une mission de haute sécurité : se rendre dans ce territoire hostile et entrer en contact avec Ève Montoya, la nièce et l’unique héritière de l’éminent sociologue Robert Solo qui vient de décéder. Son objectif : récupérer un rapport explosif pouvant mettre en péril tout l’équilibre de la société des Réguliers.
Mais Ève, une jeune femme à la personnalité libre, n’entend pas se laisser dicter sa conduite. D’ailleurs, pourquoi David fait-il ce qu’on attend de lui ?
Un roman initiatique et original qui donne furieusement envie de retrouver son pouvoir de décision, de jouir de sa liberté, de se réapproprier sa vie.

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Ma chronique : 

Je viens d'achever la lecture de ce roman très particulier. Je ne connaissais pas cet auteur et après m'être renseignée, j'ai appris qu'il écrivait souvent des livres qui comportent un mélange de roman, de philosophie et de développement personnel. Je me demandais ce que cela pouvait donner. Je n'ai pas été déçue !

Ici, le thème de ce livre est la décision, la possibilité pour l'être humain de faire des choix libres.

Beaucoup d'informations sont données tout au long de cette histoire très captivante. Sans revenir sur le récit proprement dit, (voir la 4ème de couverture ci-dessus et la vidéo ci-dessous), l'auteur aborde plusieurs facettes de la prise de décision.

1) La décision basée sur tout un univers connecté. Pour manger, pour se distraire, pour se faire des amis, pour rencontrer l'amour, pour choisir son métier, ses vacances etc...Tout choix peut être fait avec le plus de prévisibilité possible, avec l'aide d'un monde connecté. On choisit son repas si une application nous dit ce qu'il convient de manger pour que son alimentation hebdomadaire soit équilibrée. On choisit ses amis si une autre information numérique nous indique ceux qui sont compatibles avec nous etc...Ici, le choix est vu comme une manière de poser des actes avec toute une gamme de protection contre l'erreur. On choisit en étant certain ou presque que le risque de se tromper est le moins élevé . On n'agit plus en rien sans être au préalable conseillé.

2) Une autre décision possible est celle qui se prend plutôt par l'écoute de ses ressentis, de son corps, de ses pressentiments. Sans compter l'intuition qui est une source d'information plus risquée que de se confier aux programmations numériques, mais où la liberté est plus grande. L'erreur n'est plus évitée. On accepte de la voir non plus comme un échec mais comme une source d'apprentissage.

3) Enfin, un autre choix se présente à nous : Le monde connecté ne se contente plus de nous prévenir, de nous donner son avis, non, cette fois-ci, il prend en charge lui-même la plus grande partie de notre vie avec toutes les petites décisions ordinaires de chaque instant. On laisse le numérique choisir à notre place. On est progressivement manipulé par le monde technologique, numérique et  l'intelligence artificielle. Dorénavant pour choisir, il suffit de laisser les écrans, les réseaux sociaux, les programmes technologiques choisir notre destin. Ce sont eux qui nous guident dans nos choix même les plus intimes.  A notre insu, par les publicités par exemple,  tous nos comportements sont influencés. Nous croyons qu'il s'agit de nos propres choix, alors que nous avons été comme "téléguidés", par la manipulation dont nous sommes victimes.  Toutes nos données personnelles sont connues. C'est le monde de la transparence tyrannique. Notre vie ne nous appartient plus. Nous voilà changés progressivement en "objets".

Voilà les trois types de décision possibles que j'ai dégagés de cette lecture  et qui sont ici développés par cet auteur très talentueux. C'est une réflexion intelligente basée sur une histoire très captivante. On est pris au jeu. 

Le personnage principal : David Lisner ne parle plus d'amitiés, mais, avec son addiction au réseau social "Love me", il parlera plus volontiers de : "Capitalisation méthodique du nombre de ses followers" tandis que Eve, son amie, parlera davantage de la richesse de l'intuition qui lui évite de se tromper. Quand il lui demande "Comment ? ", elle répond : "Je sens que mon intuition est juste quand elle s'impose à moi comme une évidence".

J'ai trouvé ce récit très bien raconté, d'une grande profondeur et j'y ai appris énormément de choses. Par exemple la place très importante des biais cognitifs dans nos prises de décision, les études récentes, les exploits incroyables de l'Intelligence Artificielle et même  un peu  ceux de la science quantique.

Cette lecture a ouvert mon esprit au monde actuel, à ses effets négatifs, à ses carences. Au lieu de tout miser sur l'éducation, sur le temps de l'apprentissage, tout est organisé sur la science des comportements, sur la vitesse et l'efficacité. La finalité de l'homme est oubliée. Seul comptent la rentabilité, la consommation, l'urgence. On perd sa liberté et le goût de la vie, le sens de l'effort et jusqu'à notre capacité d'aimer.

Je recommande vivement ce livre. J'ai été scotchée par la description détaillée de notre société actuelle et à venir. Le tout à l'aide d'une fiction pleine de suspens ! J'en avais même des frissons. A lire absolument !