Un Métier Sérieux - Critique de Film, Théatre, série...

« Un Métier Sérieux »

Après « Médecin de campagne », « Hippocrate », et « Première année », Thomas Lilti, fils de médecin et médecin lui-même avant d’être réalisateur, explore le milieu enseignant, milieu qu’il connait par procuration, sa mère ayant été professeure.

A quelques semaines de la rentrée scolaire, le titre même du film, « Un Métier Sérieux » qui les met en valeur, ne peut que donner le moral aux enseignants. Dans le film de Thomas Lilti, ils ne sont en aucun cas caricaturés comme dans Profs », comédie à l’humour de potache, de Patrick Schumann et sorti en 1985. Ce film est à la fois un bel hommage aux enseignants pour les enseignants et a valeur de documentaire pour les autres spectateurs.

Dans le collège de banlieue, un collège ordinaire avec des élèves sans problème, où exercent Benjamin Barrois (Vincent Lacoste), Pierre (François Cluzet), Sandrine (Louise Bourgoin), Meriem (Adèle Exarchopoulos) ou Fouad (William Lebghil) on exerce son métier avec sérieux même si ce n’est pas toujours facile.

Après une succession d’images d’archives en noir et blanc nous rappelant l’école des années 60 et 70 où l’on montait en classe dans le silence, où élèves et professeurs portaient une blouse, où les parents ne les remettaient pas en cause, le réalisateur nous plonge dans le quotidien animé d’un collège et balaie une année scolaire en s’arrêtant sur des moments charnières de la carrière de professeur.

C’est une véritable cartographie du métier :

-        la première journée du suppléant sans formation arrivé en milieu d’année,

-        la réunion de parents où les géniteurs des petites têtes blondes ou brunes s’indignent que l’on ait confié à un jeune professeur une classe d’examen, où les profs d’EPS pourtant si impliqués dans l’éducation des adolescents, font tapisserie car il est plus important de rencontrer le prof de maths que le « prof de ballon »

-        l’inspection-sanction où l’inspectrice « s’est ennuyée » et ne retient rien de positif dans le cours

-        Les exercices d’urgence-attentat

-        le conseil de discipline et les dilemmes qui en découlent

-        le prof qui « pète  les plombs » en fin d’année

-        la classe de mer

mais aussi des moments plus conviviaux comme les repas à la cantine, une soirée chez un collègue, un temps d’anniversaire et il les suit dans leurs vies personnelles car il souhaite montrer que les enseignants ont aussi une vie comme tout un chacun qui peut influer sur leurs vies professionnelles.

Il aborde le plaisir de transmettre, les doutes et les inquiétudes ou la peur d’ennuyer des adolescents qui n’ont pas forcément envie d’être en classe.

« C ’est un métier sérieux. Parce que c’est un métier d’engagement, d’utilité publique, où les rapports humains sont au cœur de tout. C’est aussi un métier qui donne du sens à l’existence. Et puis, on a tous un prof qui nous a marqué et a fait que les choses ont été un peu différentes… » Thomas Lilti

Thomas Lilti porte un regard très juste sur un métier difficile peu reconnu, et mal rémunéré, un métier qui tient de la vocation.

« Si je suis là c’est pour eux, je les vois évoluer, grandir. »

Un film bienveillant avec des moments fort drôles et un casting fort sympathique. Tous jouent avec beaucoup de naturel. François Cluzet est remarquable en professeur de lettres en fin de carrière, quelque peu désabusé et bougon. Vincent Lacoste est tout aussi convaincant en prof débutant qu’en étudiant en médecine ou interne d’hôpital. William Lebghil est fort drôle en English teacher. Mention spéciale pour la prestation de Louise Bourgoin qui nous émeut tout au long du film.

Un film à voir !

CR/PPD 30 septembre 2023