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Simone, le voyage du siècle - Critique de Film, Théatre, série...

Critique de Film,  Théatre, série... "Simone, le voyage du siècle" est une critique de film, Théatre, série mise en ligne par "Paulette Pairoy-Dupré"..

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Simone, le voyage du siècle

 

« Simone, le voyage du siècle » le film d’ Olivier Dahan sorti dans nos salles à la mi- octobre 2022 retrace la vie de Simone Veil (1927-2017), icône des droits des femmes.

Les avis des critiques professionnels sont très controversés. Pour ma part j’ai beaucoup apprécié le film. Je l’ai trouvé très intéressant, fort bien documenté, émouvant et interprété avec brio par   Rebecca Marder et Elsa Zylberstein.

Rébecca Marder incarne Simone Veil jeune, de sa jeunesse à la quarantaine puis Elsa Zylberstein prend le relais pour jouer le rôle de la politicienne.

Le film n’est pas chronologique, ce qui semble avoir fait débat. C’est par un jeu de flash -back qu’Olivier Dahan nous fait revivre le parcours de cette femme d’exception dont la vie aura couvert quasiment tout un siècle riche d’évolutions mais marqué en ses débuts par une barbarie traumatisante.

Nous la découvrons étudiante, amoureuse, mère, grand-mère, révoltée ou douce, engagée et déterminée, dans son innocence ou ses tragédies, ses luttes pour s’imposer en famille ou dans l’arène politique, à La Ciotat, à Paris ou dans des lieux bien plus sinistres.

Sur la toute première image du film est un vase contenant de magnifiques fleurs violettes, sans doute des orchidées dont quelques-unes se sont répandues sur la table. Puis apparait un paysage calme et ensoleillé dans la baie de La Ciotat, une image bien sereine pour annoncer un itinéraire de vie bien chaotique. Face à la mer, Simone écrit ce qu’elle appelle « le brouillon de sa vie », qui paraîtra en 2007 sous le titre « Une Vie » où elle raconte ses séjours de jeune fille sur les bords du Golfe d'amour :

"L'été, nous partions en vacances familiales à La Ciotat, dans la maison que mon père avait construite. L'emploi du temps était chargé entre la plage, les jeux dans le jardin, les sorties avec nos cousins".

 

Simone Veil est née Simone Jacob d’une famille de confession juive. Elle a eu enfance heureuse à Nice et à La Ciotat, avec ses sœurs et son frère, cajolée par sa mère féministe avant l’heure, celle qui sera son modèle et en qui elle puisera sa force dans tous les combats.

 « Tu feras des études, tu seras indépendante. Les femmes doivent être indépendantes et travailler comme Louise Weiss. »

 

Arrêtée au lendemain des épreuves du baccalauréat alors qu’elle n’a que seize ans, elle est déportée avec sa mère et sa sœur Milou à Auschwitz où elle devient le matricule 78651. Les deux sœurs en sortent en 1945 mais leur mère y décède du typhus.

A l’automne 1945 elle entame des études de droit et s’inscrit à Sciences Po où elle rencontre Antoine Veil qu’elle épousera et dont elle aura trois garçons.

Elle rejoint la magistrature en 1957 et entre au Ministère de la Justice. Droite et rigoureuse, avec une force de caractère exceptionnelle, n’ayant peur de rien, ne baissant jamais les bras, elle s’engage dans la cause des plus défavorisés et des malades et lutte avec acharnement pour l’égalité des femmes avec les hommes. 

Nommée Ministre de la Santé, elle propose une loi sur le droit à l’avortement qui ne sera votée qu’en 1975.

Insultée dans l’hémicycle, elle tient bon hurlant 

 

« Vous ne me faites pas peur. J’ai survécu à pire que vous. »

 

Elle s’engage ensuite dans le projet européen, sera élue Présidente du Parlement Européen de 1979 à 1982 et participera activement à la réconciliation franco-allemande.

« L’espoir c’est dans l’Europe que je le place. »

 

Enfin elle se concentrera sur la mémoire des déportés.

Elue à l’Académie Française en 2008, elle fera graver son matricule de déportée sur son épée.

 

Cinq ans après son entrée eu Panthéon, le cinéaste et ses deux interprètes rendent à cette femme brillante, un hommage bien mérité car brillante elle le fut : brillante universitaire, première femme à entrer dans un ministère, première femme Présidente du Parlement Européen.

Certains ont trouvé le film trop long - deux heures vingt - mais une vie aussi exceptionnelle et riche méritait bien que l’on s’attardât sur la pellicule.

L’approche par petites touches impressionnistes et allers retours dans sa vie permettent de mieux comprendre comment son passé a alimenté sa soif de paix, influencé ses convictions et ses actions.

Des images d’archives alternent avec des scènes d’une grande violence physique et morale, notamment dans les camps, mais aussi une violence verbale dans les grands rassemblements politiques, suscitant l’empathie du spectateur sans pour autant tomber dans le misérabilisme et la sensiblerie.

Aux côtés d’Elsa, Thierry Gourmet incarne Antoine Veil, son conjoint bienveillant, toujours à ses côtés et qui l’a aidée à se réaliser tout comme le firent Denis pour Margaret Thatcher et Clémentine pour Winston Churchill.

Elodie Bouchez est la mère de Simone, Judith Chema, Milou sa sœur ainée et Sylvie Testud son amie de déportation Marceline Loridan- Ivens.

Saluons au passage ceux qui œuvrent en coulisses, notamment les maquilleuses car le rendu du maquillage de la ministre et de son conjoint, donne une ressemblance époustouflante.

Le film se termine comme il a commencé face à la baie de la Ciotat mais sans la grande dame cette fois et avec toujours le bouquet en premier plan. Dans le langage des fleurs, le violet traduit l’humilité, la pudeur et la profondeur des sentiments et offrir des orchidées violettes est un signe de la reconnaissance d’une grande connaissance et d’une grande équité. Cette image n’est sans doute pas un hasard !

Un film que je recommande en dépit de critiques pas toujours élogieuses !

 

CR/PPD Octobre 2022

 

 

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Auteur

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Paulette Pairoy-Dupré

30-10-2022

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Simone, le voyage du siècle appartient au recueil I-Chroniques

 

Critique de Film, Théatre, série... terminée ! Merci à Paulette Pairoy-Dupré.

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