"Marie des Poules, gouvernante de George Sand" est une critique de film, Théatre, série mise en ligne par
"Paulette Pairoy-Dupré"..
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« Marie des Poules, gouvernante de George Sand » Une pièce écrite par Gérard Savoisien, mise en scène par Arnaud Denis et interprétée par Béatrice Agenin, et en alternance François Nambot et Arnaud DENIS. Présentée au Festival d’Avignon en 2019, la pièce a été reprise au Théâtre du petit Montparnasse. Elle a fait l’objet de quatre nominations aux Molières 2020 : meilleur spectacle de théâtre privé, meilleure mise en scène, meilleur auteur francophone et meilleure comédienne. Le jury du prix « Avignon à l’Unisson » a quant à lui décerné le prix du meilleur comédien à Arnaud Denis. Je n’ai hélas pu assister à ce spectacle et l’ai découvert récemment à la télévision. Dans un décor épuré mais original nos deux acteurs évoluent devant une maison de poupée, réplique de la maison de George Sand à Nohant et sont parfois accompagnés de marionnettes, ces marionnettes si chères à son fils Maurice. Béatrice Agenin incarne à la fois Marie des Poules enfant et adulte et Georges Sand et passe de l’une à l’autre en modifiant sa voix, utilisant l’accent berrichon et le patois avec brio. Selon le critique de Télérama « elle est fulgurante, formidable » , on ne peut qu’approuver. Le rideau se lève sur Marie vieillie attablée devant une absinthe qu’elle ne boit pas car « je ne bois plus » répète t- elle, ce qui laisse à supposer le contraire. Une heure et demie durant elle va relire sa vie, une vie faite d’inattendus, de rencontres, de ravissements mais aussi de souffrances car sans doute a- t -elle usé de l’alcool pour la supporter. A l’âge de onze ans, Marie Caillaud entre au service de George Sand pour faire la vaisselle et s’occuper de la basse cour. Elle devient bientôt Marie des Poules, celle qui va chercher les œufs au poulailler pour la distinguer de la cuisinière, elle aussi nommée Marie. La jeune servante est courageuse, travailleuse, dévouée , appréciée de tous et si elle n’a aucune instruction, elle ne manque pas d’intelligence. George décide de l’instruire, lui enseigne la lecture et l’écriture et lui apprend même à jouer la comédie. Douée pour le théâtre, avec une excellente mémoire, elle apprend très vite ses rôles et suscite l’admiration des invités de la romancière quand elle se produit dans le petit théâtre de Nohant devant les habituels invités de George Sand : Baudelaire, Flaubert, Dumas, Nadar ou Delacroix. « Dans mes soirées d’hiver, j’ai entrepris l’éducation de la petite Marie, celle qui jouait la comédie avec nous. De laveuse de vaisselle qu’elle était je l’ai élevée d’emblée à la dignité de femme de charge que sa bonne cervelle la rend très propre à remplir.Mais un grand obstacle, c’était de ne pas savoir lire. Ce grand obstacle n’existe plus. En trente leçons d’une demi-heure chacune, total quinze heures en un mois, elle a su lentement mais parfaitement toutes les difficultés de la langue. (…) Elle commence à essayer d’écrire et je prétends lui enseigner en même temps le français. » Nohant 16 janvier 1858 Lettre à Charles Duvernet, ami de G.S Marie perd peu à peu son accent provincial et devient une femme cultivée, éprise de théâtre et dont la conversation est appréciée. Hélas elle devient trop intelligente par rapport à sa condition sociale d’origine. Si sa maîtresse veille à l’instruire, le fils de celle-ci, beau dandy imbu de sa personne et odieux à souhait, s’occupe de la séduire ce qu’il considère comme un dû, la bonne tant là pour lui obéir et faire tous ses caprices. Bien que pudique et vertueuse et pour ne ps perdre sa place Marie finit par lui céder et ce qui commence comme un batifolage évolue vers une histoire d’amour qui durera une douzaine d’année jusqu’à ce que George Sand s’en mêle et organise pour son fils un mariage de raison avec Lina Calametta, fille d’un vieil ami de la famille. Rejetée de cette famille bourgeoise, Marie accouchera d’une petite fille de père « non reconnu » et sera placée à Paris, loin de Maurice. Si la romancière fut bienveillante et généreuse et eut à cœur de faire évoluer sa domesticité, si elle fut l’une des premières féministes en avance sur son temps elle n’était pas pour autant prête à bousculer les conventions sociales d’une époque de convenances et d’hypocrisie. Si la Marie de Gérard Savoisien est pétillante, la romancière par contre ne nous est pas toujours très sympathique : trop possessive, trop autoritaire, ambitieuse, et de surcroît prétentieuse. Dans « Marie des Poules » le dramaturge nous présente deux femmes hors du commun, toutes deux assoiffées d’émancipation, il n’en demeure pas moins que ce qui semble possible pour l’une ne l’est pas pour l’autre. On ne peut échapper à sa condition et Marie « se brûle les ailes à trop s’approcher d’un soleil trop scintillant, trop imbu de sa race.. » Sur fond historique, une pièce d’une très grande qualité, portée à la perfection par les deux acteurs , à ne pas rater si d’emblée elle se jouait dans votre région ou passait de nouveau à la télévision. 24 juillet 2022 CR/PPD |
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Marie des Poules, gouvernante de George Sand
appartient au recueil I-Chroniques
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Critique de Film, Théatre, série... terminée ! Merci à Paulette Pairoy-Dupré. |
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