Shang-Chi et La Légende des Dix ... - Critique de Film, Théatre, série...

Shang-Chi et La Légende des Dix Anneaux

Suite à la conclusion en apothéose de la phase 3 du MCU avec Avengers Endgame, Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux a la lourde tâche de lancer la phase 4 avec l’introduction d’un nouveau superhéros. Alors, certes, officiellement, la phase 4 a débuté avec Black Widow, mais étant donné qu’il s’agit d’un prequel, le renouveau de la franchise se fait véritablement ressentir avec Shang-Chi.

Et quel renouveau ! A la fin d’Endgame et la disparition de plusieurs membres des Avengers, l’avenir de l’équipe était plus qu’incertaine. Si Spiderman et le Docteur Strange intègrent définitivement le roster comme membres permanents, il faudra désormais faire sans Iron Man, Black Widow et Steve Rogers. Le moment est donc idéal pour introduire un nouveau personnage et le choix s’est porté sur le superhéros asiatique Shang-Chi.

Le terme « superhéros » est à nuancer car Shang-Chi est un maître en arts martiaux dépourvu de super pouvoirs. Le caractère « super héroïque » du personnage tient uniquement à son lien avec les dix anneaux. Les anneaux, justement. Parlons-en. Dans les comics, ils sont le fruit de la technologie extraterrestre makluan; ce qui n’est pas le cas dans le film qui ne s’attarde guère sur leur origine. D’ailleurs, dans le MCU, il ne s’agit pas d’anneaux à proprement parler mais plutôt de bracelets en métal qui octroient des pouvoirs mystiques à leur porteur.

Ce côté mystique est essentiel dans la mesure où il justifie l’esthétique du film. En effet, il n’est pas rare de voir dans le cinéma asiatique des films d’arts martiaux où les combattants s’affrontent en virevoltant dans les airs. Ce genre à part entière, popularisé à l’international par Tigres et Dragons, mélange kung-fu, duels à l’épée et mysticisme/fantastique. Dans le cas de Shang-Chi, l’origine magique des anneaux permet de faire découvrir ou redécouvrir une partie de la culture et de la mythologie chinoises tout en donnant de la profondeur au personnage principal et à son père, le fameux Mandarin (le vrai, pas l’acteur Trevor Slattery). Sans ça, Shang-Chi ne serait qu’une sorte de « copycat » de Bruce Lee, version Marvel.

Car ne nous-y trompons pas ! De la même façon que Black Panther a eu un impact majeur sur la représentation des Noirs Américains au cinéma, Shang-Chi est d’abord et avant tout clairement destiné à moderniser l’image des Asiatiques au cinéma, avec un casting composé en grande majorité d’acteurs d’origine chinoise ou du Sud Est asiatique (excellent caméo de Ronny Chieng, au passage). Pari réussi avec ce film qui reprend les codes des film d’arts martiaux sans tomber dans le cliché et qui ajoute des éléments fantastiques qui s’intègrent parfaitement au MCU.

En effet, depuis Wandavision, on sent bien que la magie constitue le prochain grand pan de l’univers Marvel à explorer après tout un pan cosmique (avec les Guardiens de la Galaxie, Thanos ...). La Sorcière Rouge pourrait représenter une grande menace pour l’équilibre temporel et dimensionnel que le Sorcier Suprême a pour rôle de préserver. A cet égard, le caméo de Wong a une véritable importance : à la fin du film, il révèle que les dix anneaux sont des artefacts puissants dont il n’avait pas connaissance. Lui qui s’occupait de la bibliothèque de Kamar-Taj ignorait totalement leur existence; ce qui n’augure rien de bon pour la suite.       

La connexion mystique de Shang-Chi avec les anneaux n’est pas sans rappeler celle de Danny Rand avec son « Poing de Fer ». Hé oui ! Iron Fist, autre superhéros Marvel, est également un artiste martial qui a une affinité certaine avec le surnaturel. Le parallèle avec Shang-Chi est inévitable d’autant plus qu’on retrouve dans le film beaucoup d’éléments associés à l’origine à Iron Fist : une cité cachée, un dragon, des capacités surnaturelles… En fait, d’une certaine façon, Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux représente ce qu’aurait pu être, ce qu’aurait dû être Iron Fist. Alors, certes, le format est différent et les droits cinématographiques étant ce qu’ils sont, il est difficile de critiquer la série Iron Fist à la lumière de ce que Marvel est parvenu à faire avec Shang-Chi. Il n’en reste pas moins vrai que le film emprunte beaucoup d’éléments aux comics Iron Fist, à tel point qu’on peut se demander si Marvel compte inclure ce personnage à l’avenir. Tout est possible avec le Multivers.

Le sentiment de renouveau se retrouve également dans le scénario. Après Endgame aux enjeux cosmiques, on revient à plus de simplicité avec un superhéros qui fait face à des problématiques plus personnelles et familiales : confrontation avec le père, en finir avec son passé… Du classique donc, mais qui fait du bien avec des personnages attachants. Mention spéciale à Awkwafina qui, à mon avis, est le meilleur « sidekick » du MCU. Son personnage est non seulement très drôle mais il sert aussi de point de repère pour Shang-Chi. Les scènes où on les voit au karaoké ou lorsqu’ils sont au travail au début du film contrastent avec leurs péripéties fantastiques et contribuent à ancrer Shang-Chi dans notre réalité.

Ainsi donc, Shang-Chi et La Légende des Dix Anneaux est une réussite tant sur le plan de l'intention que de la réalisation. Véritable bouffée d'air frais, avec un casting quasi exclusivement asiatique, le film parvient à intégrer un genre cinématographique très populaire en Asie à une nouvelle trame que Marvel tisse petit à petit, étant entendu que Shang-Chi aura évidemment un rôle à jouer au sein de la nouvelle équipe des Avengers.