"Série b (ta vie est une télé)" est une pause-café mise en ligne par
"Ancolies"..
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Série b (ta vie n'est qu'un programme télé)
Drôle de série. Diffusée du lundi au lundi. Tu ne sais même pas combien des saisons, combien d’épisodes elle compte. Son titre ? Toi et ton miroir. Et aussi derrière ton miroir. Avec ou sans soleil étain. Tes morts et ta vie quoi. Tu parles d’une vacherie. T’avais rien demandé non ? Oui ? Des fois, souvent même, t’as passé ton tour. T’es passé à la télécommande. Commode. Pilote automatique, t’as laissé faire. T'as laissé les clés au jury. Oui, souvent t’es passé à côté. T’attendais. La fin de la journée, la fin de la soirée, la fin de la nuitée. Ou carrément la fin, au pire de l’épisode, au mieux de la série. Qu’on en finisse. Ben non. Quelquefois la série t’a souri. Poli, t’as dit merci. A tu sais même pas qui. D’autres fois elle t’a laissé inerte, au bord de la route de ton temps qui passe même si tu te croises les pouces. T’as dit pouce mais personne ne t’a répondu. Probable que personne ne t’avait entendu. Certains épisodes étaient durailles. T’étais carrément à genoux. Hiboux cailloux. A la masse. Petit poucet sans frères ni fournisseurs dans les choux. Choubidoubidoux. Paraît qui y’a un gars qu’a fait des sous avec ça, chabadabada. Mieux vaut entendre ça qu’être sioux. Toi le toto, bien des fois t’as du repartir à zorro. Zeul contre tous. Oui des épisodes t’as du grimper aux arbres aux lianes jaunes et grises. On t'a présenté Jane. T'as fait la fine bouche. On t'a présenté Chita. T'as dit du vent, vamos, Zaraïe. Aussi t'as du nager dans la Tamise, voyager en valise, t’asseoir sur la banquise. C’était frisquet, fallait le faire. Tu l’as fait, ça ne fait pas de toi un héros, d’une part t’avais pas le choix, d’une autre tu t’en foutais. Des fois t’as maudit le grand scénariste, sans comprendre que c’est toi que tu maudissais. Des fois encore t’as dit non. Mais on t’a dit non, dis oui. Tu voulais dire Qui non, on t’a dit Oh non dis pas qui non, dis qui oui. Souris. Est-c’ que quelqu’un a pris une photographie ? Avec le temps t’en avais marre. Assez tôt même. Mais on t’a dit qu’il était impossible de changer de directeur de photographie. On t’a invité à faire plutôt du ski avec le phoque et l'otarie et de la philo avec Marianne et Sophie. L’automne est arrivé. Sans s’ presser. Quoique. Tes chevaux sauvages ont blanchi. T’en as plus rien à foutre, c’est écrit. Des fois, souvent, de plus en plus souvent, t’as fait cavalier seul, fermant tes portes aux autres acteurs zé actrices. Pfffttt… sale égocentrique. T’as arrêté de compter les cons et les saisons. Que ta série fasse ce qui lui chante, ce n’est plus ton problème. Pffftt… sale irresponsable d’anarchiste. Des épisodes plus loin, tu te les aies arrachés les cheveux. Qu’est-ce que cela voulait dire, pourquoi l’aube se levait-elle encore, qu’est-ce qu’elle te voulait encore, pourquoi ne te laissait-elle pas tranquille ? Y’ avait les producteurs de la série. Sont toujours là d’ailleurs. Où et c’est qui ? Que dalle, tu ne les connais pas. C’est pas possible, t’en es à la saison combien ? T’as largement dépassé les 400 coups de pompes de Vivaldi. Combien d’épisodes ont été déjà tournés et transmis. Sans que t’aies ton merde à dire. T’as voulu t’enfuir, t’évanouir, ça n’a jamais marché, chaque fois ta série t’a rattrapé. T’as voulu aussi sortir des hors-série. Ça ne marche pas non plus comme ça on t’a dit. Rigole. On t’a pris pour une tête de gondole. Tu parles que c’était la Sheila Distel à Venise. On t'a dit rebelote la flotte, la mouise et la Tamise. Une fois t’as dit "Puisque c’est ça, j' vais les couper ces ch' vaux en 4". Tu parles, z’ont changé le code de l’écurie. D’autres fois, c’est les portes de l’épicerie qu’étaient fermées. Bon. T’arrêtais de boire et manger. C’est malheureusement pas ça qui allait te tuer. L'intérêt de ta série pour les mateurs, l'intérêt de tes aventures ? Pffftt... nada. Série b, c, d, e, z... Tu vaux même pas une étoile aux appréciations ésotériques de Télé-loisirs. Alors ça va durer encore longtemps ? C’est bon tu penses, t’as fait ton temps. Tu pourrais ouvrir une boulangerie-papeterie dans le prochain épisode. Allez courage, bientôt février, bientôt les soldes, les démarques, les fins de séries. La fin de la série. "Tu vas avoir le temps de m’éditer" t’a glissé un copain malsain qui se prenait à la fois pour une baguette de pin ikéa au bord de l'incinération et pour un écrivain. Bah, t’as tenu ta promesse, tu les as édités, ses élucubrations, son foutu bouquin. |
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Série b (ta vie est une télé)
appartient au recueil Nouvelles d'une vie
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