Sage Homme - Critique de Film, Théatre, série...

« Sage homme »

« Sage homme » est un film réalisé par Jennifer Devoldere avec Karine Viard et Melvin Boomer dans les rôles principaux.

La réalisatrice nous propose une immersion dans le monde des sage-femmes, à la maternité, en salle de travail puis dans les coulisses.

La sage -femme est celle qui donne la sagesse aux femmes en les aidant à enfanter. Il n’y a pas de masculin, on dit la ou le sage-femme mais la gent masculine préfère de loin le terme de maïeuticien. C’est une profession à 95% féminine, mal rémunérée, peu considérée, très physique, avec de lourdes responsabilités et éreintante. « Tous les jours on court un vrai marathon » Les accouchements peuvent s’enchaîner. Il faut être calme et savoir aider dans la douleur, lors de graves complications ou accompagner en cas de deuil périnatal.

Pas facile de réussir une première année de médecine quand on est orphelin de mère et que l’on se retrouve avoir la charge de ses trois frères dont deux jumeaux scolarisés en primaire. Entre faire la cuisine, la lessive, les courses, accompagner les petits à l’école, surveiller les devoirs et les emmener faire du football le mercredi après- midi, il reste peu de temps pour se consacrer à l’étude. Après deux échecs au concours d’entrée en médecine, Léopold intègre par défaut l’école des sage-femmes en cachant la vérité à son entourage car échouer c’est ruiner les ambitions d’ascension sociale de la famille et s’attirer les moqueries blessantes de ceux de la cité qui vous reprochent de vous affranchir du groupe voire de dénigrer vos origines.

Pas facile d’être un homme dans ce milieu de femmes, d’être le seul stagiaire homme et surtout de porter une blouse rose car c’est un code et le bleu est réservé aux infirmiers, le blanc aux médecins. Mais « Ici, on n’est pas en fac de lettres ou à un défilé de mode. On met des enfants au monde et cette blouse rose, ce n’est pas une atteinte à ta virilité. » Ainsi parle sa tutrice, Nathalie (Karine Viard), une sage- femme chevronnée et passionnée mais qui n’a pas la langue dans sa poche. Elle va l’aider à trouver sa place dans ce monde et changer son regard sur tout ce qui touche à la maternité. Ainsi deviendra -t-il maïeuticien mais aussi sage homme.

La réalisatrice s’est appliquée à mettre en parallèle tout au long du film, le monde ultra machiste de la famille élargie de Léopold et l’univers de la maternité ultra féminisé.

C’est aussi un film qui met en lumière les disfonctionnements du système hospitalier, le manque de médecins, l’aberration du système de sélection en fin de première année de médecine qui incite bon nombre d’étudiants à partir faire leurs études en Hongrie où le cursus ne dure que six ans et où il n’y a pas de concours d’entrée.

Un véritable documentaire sur l’accouchement et un film émouvant qui fait voler en éclat les stéréotypes. A voir !

Mars 2023 CR/PPD