Pinnochio, moi et Lolo - Tranche de Vie

Pinocchio, moi et lolo

Récemment, achetant un baladeur mp3 à Fiston, j'ai vu en rayon un petit lecteur k7, de ceux de forme horizontale, portrait craché du tout premier que je m’étais offert lors de ma pré-adolescence. Ça m'a fait un choc émotionnel, le temps pétrifié par dessus le linéaire de la grande enseigne commerciale, un pan entier de ma vie se posant soudain sous mes yeux. Bon, une fois l’étrange ange passé, je me suis ressaisi et me voici de retour dans le présent et parmi vous.

Je me souviens avoir grâce à cet appareil enregistré la musique du générique d'une jolie série télé franco-italienne, Pinocchio, avec Gina Lollobrigida dans le rôle de la fée gironde. Lollobrigida, rigolo comme patronyme pas vrai, et je suppose que j'étais un peu amoureux d'elle, en plus qu'à tous les coups je crois aux vicomtes de fée.

La nuit suivant cet enregistrement, dans le secret silencieux de mon lit, j'ai coincé l'appareil k7 entre mon oreiller et mon oreille. Simultanément mélancolique et insouciante, la musique m'a tendrement et sereinement entraîné en d'agréables contrées.

J'étais justement en train de causer avec ce bon vieux Jimmy Criquet des avantages respectifs du désir grossier et de la pureté (rapport à Gina) lorsque brusquement ma petite sœur a violemment toussé droit dans mon tympan. Putain si j'étais surpris ! J'ai jailli hors du lit, allumé en grand et inspecté pouce par pouce la chambre. Ceci en vain car Petite Sœur était en fait cachée sur la bande. Elle avait toussé devant la télé pendant que j'enregistrais le générique, voilà tout.

J'ai frotté mes pieds nus et salis pour ne pas attrister d’avantage les draps déjà peu gais et me suis recouché. Avant d'éteindre j'ai une nouvelle fois regardé la grosse et lourde étagère bourrée de bouquins fixée au mur juste au-dessus de ma tête. Une seule vis meurt et t’as plus cours d’histoire, de maths ou de latin ni demain ni plus jamais ! j'ai pensé pour la millième fois. En concluant comme d’habitude que les bricoleurs en général et mes parents en particulier savaient ce qu’ils faisaient, et qu'hélas j'aurai cours demain matin. Bon, j'ai tapoté l'oreiller, éteint le monde mort et enclenché le bouton start, reprenant mon éducation sentimentale là où je l'avais laissée. Ça va bien, Gina était toujours là.