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Papa, Michel, Françoise et moi - Tranche de Vie

Tranche de Vie "Papa, Michel, Françoise et moi" est une tranche de vie mise en ligne par "Ancolies"..

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Papa, Michel, Françoise et moi

 

 

Ecrire les bien trop rares souvenirs de moments privilégiés passés avec mon père. Une démarche tendre qui ne peut que nous faire du bien à tous.

 

Par moments privilégiés j’entends les moments seuls avec lui. Faut dire qu’on était 5 mioches, ce qui poussait peu aux rapports individuels ; et aussi et surtout que l’époque nationale et l’éducation familiale se prêtaient peu aux expressions affectives. Comme j’ai marqué dans une autre nouvelle, mon père est mort brusquement quand j’avais 18 ans, et sans qu’on se soit jamais dit je t’aime.

 

Pourtant :

 

Il m’a appris à jouer aux dames, au loup et aux agneaux

Il m’a appris et souvent joué avec moi à la crapette.

Il m’a appris les échecs (enfin, à un petit niveau, c’était un joueur d’occasion. Mais moi j’ai adoré ça et j’y joue toujours et presque pas trop mal).

 

Très important : il m’a emmené plusieurs fois à Roland-Garros. Et le tennis était l’unique chose qui m’intéressait sur cette basse terre (jusqu’à ce que je découvre le blues à 13 ans et que ma vie en soit définitivement basculée). Je me souviens de Roland-Garros avec lui. C’était l’époque de la domination australienne. Je me souviens avec précision d’un double Emerson-Laver / Nastase-Tiriac. Comment ?! Vous n’avez pas connu Rod Laver ! Pauvres de vous.

 

Papa je t’aime. Chaque jour tu me manques. Pour me guider, pour m’engueuler, m’encourager. Pour être meilleur. Pour être moins seul.

 

Il m’a emmené dans un resto près des Champs-Élysées pour fêter mon bac. Ce soir-là, il était tout fiérot dans ce lieu où il avait manifestement ses habitudes. Il interpellait chaque garçon de salle, déclarant à gogo : C’est mon fils. Il vient d’avoir son bac !

Hourra collectif et maousse mousse au chocolat délivrée par saladiers entiers à l’heureux bachelier.

 

Et puis, une dernière dont je me souviens.

Quel âge j’avais ? 10, 12, 14 ? On est dimanche après-midi, et chose tout à fait inhabituelle, il se pointe dans ma chambre. Viens, je t’emmène faire un tour. Ah bon ? Ok.

Chose re curieuse, c’est aux studios tv de la rue parisienne Gay-Lussac qu’on se rend. Pourquoi : mystère total et boule de gomme. A ma connaissance il est parfaitement indifférent à ce monde-là et aux people (qu’on n’appelle pas encore people en ces temps d’ORTF). Toujours est-il qu’il se faufile, moi sur ses talons, jusque l’entrée des artistes. Là on rencontre Françoise Hardy qui vient de se pointer elle-aussi. Vous nous faîtes entrer avec vous Françoise ? lui demande Papa courtoisement. Elle le mate des pieds à la tête, juge de sa bonne mine (très beau, très classe, très doux mon papa). Lors la grande dame répond Si vous voulez.

 

A sa suite, on pénètre donc dans les coulisses puis on va discrètement s’installer sur les sièges destinés au public. Manifestement on est en pleine émission de divertissement diffusée en direct. Au sommaire, Michel Drucker et ses invités.

 

Je me tortille 5 mns sur mon siège, pis je m’éclipse histoire d’explorer un peu les lieux et leurs secrets. Les loges, l’envers du décor. Et me voici soudain et maintenant juste derrière l’immense rideau cachant l’arrière-scène. Tiens, il suffirait que je le pousse, ce rideau, pour pénétrer sur le plateau, interrompre Michel Berger occupé à son piano à interpréter sa superbe chanson Seras-tu là ? Oui, je pourrais pousser ce rideau et dire Bonjour ou Merde à tout le monde, m’adresser à la France profonde en direct.

 

Ben non j’y suis pas allé. Pourquoi je l’aurais fait. J’avais rien à dire et il faut croire que le quart d’heure de célébrité promis à chacun par Andy Warhol m’intéressait pas plus que ça. Mais j’aurais pu le faire. Ça m’a fasciné.

Puis, sur les gradins, j’ai retrouvé mon papa. Pour quelques courtes années encore.

 

Je me répète Papa : chaque jour je pense à toi. A l’influence que tu aurais eue et aurais sur ma vie certes mystique mais vachement erratique.

 

Et quand je pense à toi, je pense à mon fils.

Et de ton amour non dit, je tire chaque jour pour lui des bénéfices.

Et lui, Fiston, en aura des centaines à raconter, de chouettes moments passés avec moi.

 

 

 

 

 

 

 

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Ancolies

15-12-2012

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Papa, Michel, Françoise et moi appartient au recueil Nouvelles d'une vie

 

Tranche de Vie terminée ! Merci à Ancolies.

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