Ô parler à un père - Pause-Mélancolie

Ô parler à un père

Ô parler à un père, parler à une mère… Il est trop tard. Un geste tout simple, prendre son téléphone. Aller les voir, prendre un repas avec eux. Mais il est trop tard. Pour moi il a toujours été trop tard, il n’a jamais été temps. Parce que mon père est mort très jeune et que ma mère était impossible et que je l’ai envoyée promener quand j’avais 17 ans. Quel irréparable dommage d’être sans parents. Avoir un père et une mère c’est sans prix, je le vois avec mon propre fils. Mais lui-même s’émancipe et s’éloigne. C’est très bien mais quelquefois j’ai envie de lui dire Vois un peu plus tes parents tant qu’il est encore temps, profite de nous tant que nous sommes toujours là. Et tu n'es pas à l'abri d'une disparition soudaine. Oui, parler à un père, à une mère, profiter de leur expérience, de leur amour, leur demander conseil parfois, tenter de les rendre fiers de nous…  Des envies soudaines parfois me prennent, d’appeler, des envies vaines. Un vague sentiment de manque, auquel je suis habitué depuis des et des années. Bon, je n’ai pas eu le choix, j’ai fait sans. Mais j’imagine une vie avec. Ô combien elle aurait été différente. Des parents aimants. Je ne serais peut-être pas passé par toutes ces errances. Même si j’aime l’errance, elle est instructive, elle nous oblige à chercher, à se chercher et si on est obstiné à peut-être se trouver. Parent aimant, je l’aurai été, je le suis. Et la mère de mon fils aussi. Cela lui a donné force à la vie. Force d’aimer à son tour. Donc force de faire face et front. Nos fronts sont nos propres frontières, nos mots sont aussi nos barrières. Pas pour tous. Pas pour lui. Pour moi, Papa est sans doute l’un des plus beaux mots du monde.