Mon Roi - Critique de Film, Théatre, série...

Mon Roi

Mon roi, mon désarroi, cette évocation imaginaire, résonne comme un leitmotiv chez Emmanuelle Bercot, prix d'interprétation féminine pour le dernier film de Maïwenn. Endossant le personnage de Tony, l'actrice y brille d'un amour enflammé, elle étincelle dans celui qui bat de l'aile et flamboie de tout son éclat dramatique quand il a le goût d'une gueule de bois. La rééducation d'un genou en compote suite à une chute à ski sert de métaphore à la réparation d'un cœur qui s'est brisé lors de l'écroulement de la passion. Utilisant à bon escient les retours en arrière, la cinéaste plonge le spectateur dans l'intimité d'un couple dont le mari est sous l'emprise de certaines addictions. Vincent Cassel campant un Giorgio n'ayant pas encore coupé le cordon ombilical qui le relie à Agnès (Christèle Saint Louis Augustin), son avant-dernière conquête, incarne à merveille toutes les facettes de cet époux. Usant des registres allant du dramatique au comique, il emmène le spectateur dans les méandres de son instabilité amoureuse.

La réalisatrice a eu la main heureuse en faisant aussi appel à Louis Garrel, l'admirable pince-sans-rire (dans le rôle de Solal, le frère de Tony), ainsi qu'à une pléthore de second rôles jouant divinement. Ainsi donne-elle au film, dont les dialogues font mouche, une dimension naturaliste à laquelle fait écho Emmanuel Bercot. Son prix d'interprétation qui n'a pas été volé couronne un film de très haute volée.