L'hermine - Critique de Film, Théatre, série...

L'hermine

Afin de mettre en avant le jeu savoureux des acteurs, Christian Vincent, réalisateur talentueux, opte dans le film « L'hermine » pour une mise en scène minimaliste, et par moments, proche du théâtre. L'hermine, symbole de l'innocence, l'emblème de la pureté, y enveloppe un amour mis en veilleuse. Couvant durant six ans dans les entrailles d'un homme, l'amour en robe rouge finit par y éclore sous un air de blanche candeur. Michel Racine (Fabrice Luchini), à la diction admirablement travaillée, est le Président d'une cour d'assise. Nullement affecté par ses déboires conjugaux, il est toujours imbu de sa fonction et rogue au possible. Ce jour là, il est chargé de mener les débats conduisant au verdict de culpabilité ou d'innocence de l'accusé Martial Béclin (Victor Pontencorvo) qui n'a de cesse de nier avoir tué son enfant en bas âge. Cependant lorsque l'homme influent aperçoit Ditte Lorensen-Coteret (Sidse Babett Knudsen) parmi les membres du jury qui ont été tirés au sort, lui le présomptueux s'oublie sur le visage de celle-ci. Car ce médecin anesthésiste qui lui avait tenu la main dans la salle de réveil, après le traitement chirurgicale d'une fracture à la hanche, avait alors électrisé secrètement le sentiment amoureux. Cet homme qui prenait d'habitude un malin plaisir à mettre des bâtons dans les roues des avocats, vient soudain au secours de ceux-ci. Quand cette inattendue rencontre trouve son prolongement dans un restaurant à l'abri des regards, le cinéaste entoure de belle pudeur un face à face tendre et émouvant. La fille de la jurée Ann Lorensen-Coteret (Eva Lallier) apporte une touche cocasse et sensuellement candide aux confrontations mère-fille. Et lorsque la fifille, d'une fraîcheur innocente, se joint inopinément aux retrouvailles clandestines des amants platoniques, le trio très contrasté nous emportent avec eux. Par ailleurs, grâce aux jeux d'acteurs bien rodés, le réalisateur nous fait découvrir les coulisses d'un procès d'assise. Dans cette tragi-comédie teintée de romantisme, Fabrice Luchini incarne avec un art consommé l'homme détestable qui se métamorphose sous les rayons de vénus ; on y apprécie le jeu tout en finesse Sidse Babett Knudsen, campant magnifiquement la femme mystérieuse attisant le désir du susnommé ; et enfin gageons que l'on entendra encore beaucoup parler d'Eva Lalier dont le naturel et la spontanéité sont diablement cinégéniques.