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Mon beau balcon - Tranche de Vie

Tranche de Vie "Mon beau balcon" est une tranche de vie mise en ligne par "Ancolies"..

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Mon beau balcon

 

 

Ici et maintenant. Je passe la moitié des journées sur le balcon. C'est qu'à l'intérieur, chez moi, c'est un peu étroit. Notez le balcon aussi est un peu étroit. A la rigueur on peut y tirer un siège et bouquiner mais je suis pas assez détendu pour ça. Eh ouais, dur à la détente, rétif à la facilité si vous préférez, c'est un peu mon problème sur cette terre. Toujours au taquet. Je me détends, je meurs. La maladie de la mort, prône une œuvre littéraire célèbre. Vu de chez moi c’est un peu l’inverse. La maladie de la vie. Tu seras guéri quand tu seras mort mon pote. C'est du moins ce qu'à ce jour écrit dans le sable du temps mon personnel karma. Selon lui je serai détendu quand quelque chose ou quelqu'un m'aura étendu pour le compte. Là je me reposerai une bonne fois pour toutes. Et quoi ? Dansons sur le sable - sans nous tordre les chevilles pour danser plus longtemps.

 

Et vous ? Lisez-vous détendu, en dansant, ou bien stressé d'en finir ? Toujours est-il que ces premières lignes qui mènent chez moi vous font gravir une côte qu'on dit ici pavée - de quelles intentions ? à ce stade du récit nous l'ignorons. Vous découvrez un paisible coin résidentiel planté de maisons individuelles qu'on croirait directement tirées des vignettes des Spirou des années 60, et parfois c'est vrai également de leurs occupants. Et puis, brutalement dressés entre ces jardins d'un gentil pimpant, voici que surgissent quelques blocs rouges sombres et gris formant une petite cité pas exactement gaie et fleurie. Mais voyez plutôt, au balcon là-haut, qui chante et agite un enthousiaste bras ? Ce bon vieil Ancolies ! Eh ouais, comme je fais plus de bateau, je fais du balcon, voilà.

 

Le balcon : un sport qui soulage. Purification par la vue panoramique, 180° de ciel en mouvement, barre lointaine de collines vertes et urbaines, puzzles de toits et feuillages... C'est que les murs sont un peu près des murs chez moi, alors faut que je respire. En plus que je fume comme je respire. Alors faut que je vois clair, que je prenne l'air, l'air d'y croire et d'aller au poil ! Toutes les dix minutes faut que je décolle les yeux de cet écran d'ordi, me bouge de cette chaise, fonce au balcon. Faut que j'étire le dos, que je rince l'âme, que je vois grand et loin : l'avion fragile ou inquiétant qui passe et repasse dans l'immense ciel changeant, les pies pas toujours querelleuses, le chaton qui piaille coincé sur un toit, la femme enceinte sur la terrasse de la maison sud-sud ouest..., tout de suite forcément je suis moins seul. C'est que dans mon crâne et mon cœur aussi, les murs sont un peu près des murs. Confiture de murs, je mets sur mes briochettes industrielles les matins nescafé.

 

Salut. Là, à l'instant où je vous fais de grands signes dangereusement penché sur ma rambarde de pierre, j’ai 48 ans et comme dit le anti-héros romantique des western de service Si j'avais su que je vivrais aussi longtemps, j'aurais fait un peu gaffe à ma santé. En général le dit anti-héros compte une bonne vingtaine d’années de moins que moi, mais personnellement je me disais pareil à son âge. Quoi d’autre ? Je suis plus idiot que j'en ai l'air, et moins jeune aussi. C'est que, 1 : j'ai l'air intelligent, 2 : je me teins les cheveux. En fou et en vert.

 

A l'instant où je vous fais ces grands signes de ma rambarde de pierre, je suis quelques os, muscles et sentiments, et un visage lointain auréolé de ciel bleu et blanc. Je suis 48 années, et comme vous je suis une planète et un voyage. Je suis 48 milliards d'histoires, de larmes et d'espoirs. Et si je voudrais être 28 années ? Brrr ! recommencer ?! frissonne-je croisant un groupe de cadets dans la rue. Sans blague, heureusement qu’on sait pas, heureusement que c’est la planète de l’inexpérience que dit Kundera et qu’on sait pas ce qui nous attend. Sans blague, qui est partant pour une seconde opération d’une fissure anale ou une nouvelle abominable rupture sentimentale une fois en sa chair et son cœur informé. Ok, là tout de suite sur ce balcon j’y suis j’y reste, et longtemps et le plus apaisé possible j’espère, bien décidé à en reprendre encore un peu de curiosité, d'impatience, de rêverie, d'indolence. Mais je refais pas le chemin, ah ça non.

 

Une bonne question, je suis une bonne question les amis. Je suis le fleuve seul de regards et de mots qui roule ses pierres dans les 2 sens, de l'ancien à l'enfant, de l'enfant à l'ancien. Et qui sait où est le temps et qui est l'ancien et qui est l'enfant, lequel est la montagne et lequel la vallée ? Je suis la source et les nuages, l'oubli et l’infini. Je suis vous et la vie. Je suis le noyau et le néant. J’en parle seul à seul. Ou parfois pour changer à un chevalet de peintre, à des arbres féminins, à un pêcheur à la ligne muet comme une carpe. Et parfois à vous aussi.

 

Inspirant ce balcon résidentiel pas vrai ! Etroit certes mais, allez, 4 petits mètres de long. Et non seulement il est long, mais il tourne ! Si si il tourne, ce miracle s'opérant de par la présence combinée d'une porte-fenêtre dans la cuisine et d'une autre dans le salon. Donc, grâce à ces 2 portes-fenêtres de préférence ouvertes, je peux me faire un départ salon, passer par le balcon, rentrer par la cuisine, accélérer à mort en virant dans l'entrée, jaillir comme une fusée dans le salon, me ruer tel un torrent sur le balcon... et recommencer autant de fois que désiré. Notez aussi que je peux aussi le faire dans l'autre sens. C’est vous dire ma richesse, aussi simple soit elle.

 

C'est drôle toutes ces prisons, où moi je tourne en rond (auteur ? 10 points).

 

Drôle, je sais pas. En tout cas je circonvole à cœur joie.

 

 

 

 

 

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Auteur

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Ancolies

03-09-2012

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Mon beau balcon appartient au recueil Nouvelles d'une vie

 

Tranche de Vie terminée ! Merci à Ancolies.

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