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Ilusions Perdues - Critique de Film, Théatre, série...

Critique de Film,  Théatre, série... "Ilusions Perdues" est une critique de film, Théatre, série mise en ligne par "Paulette Pairoy-Dupré"..

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Ilusions Perdues

Balzac est à l’honneur au cinéma en cet automne 2021. Après « Eugénie Grandet » de Marc Dugain, Xavier Giannoli vient de porter à l’écran « Les Illusions Perdues », chef d’oeuvre de « La Comédie Humaine ».

C’est un excellent film avec une distribution de choix : Benjamin Voisin, Vincent Lacoste, Xavier Dolan, Cécile de France, Salomé Dewaels, Jeanne Balibar, Gérard Depardieu, Jean François Stévenin, Jean Paul Bordes pour n’en citer que quelques uns.

Un film qui semble ne recevoir à juste titre que des critiques positives tant pour l’adaptation du texte par Jacques Fleschi, que par la jeu des comédiens, la somptuosité des décors et des costumes, la musique qui l’accompagne, le rythme effréné de la mise en scène. Mais aussi parce que les thèmes abordés sont très actuels car la comédie humaine se poursuit.

Avec les « Illusions Perdues », Xavier Gianolli signe une fresque historique, une critique sociale. La plume de Balzac magnifiée par l’écriture cinématographique nous offre un documentaire sur la vie de la bourgeoisie pendant la Restauration, la rivalité que se livrent la capitale et la province, l’évolution de l’imprimerie, la colombophilie journalistique et financière, les débuts de la publicité, la condition de la femme. Elle dénonce la corruption du monde du journalisme, le pouvoir de l’argent, la puissance de la critique littéraire et dramatique dans ce monde où « tout s’achète et tout se vend » où le journaliste n’est pas là pour « éclairer  les gens sur l’art et le monde » mais « pour enrichir les actionnaires du journal ».

Son recueil de poèmes sous le bras et plein d’illusions, Lucien Chardon, jeune provincial naïf, qui croit en la beauté humaine, part conquérir Paris avec sa protectrice Madame de Bargenton dont il est devenu l’amant. Typographe à Angoulême, orphelin d’un père pharmacien et de la dernière fille de Rubempré que ce dernier sauva de l’échafaud en 1793, il rêve de se faire éditer.

Il débarque dans ce Paris de la Restauration où l’ancienne noblesse a repris sa place et la bourgeoisie cherche à oublier la révolution en s’enivrant dans les maisons de plaisirs, le champagne, le théâtre et l’opéra.Mais le spectacle n’est pas que sur scène, il est dans l’assistance tout comme la prostitution qui n’est pas uniquement dans la rue. Sa beauté et sa jeunesse lui ouvrent des portes qui se referment très rapidement car il n’a pas les bons codes pour évoluer dans cette société de l’être, de l’avoir et du paraître.Abandonné par sa protectrice car il n’est pas des leurs, il vit de petits travaux avant de rencontrer Lousteau qui dans cette foule trépidente et déchaînée, sans foi ni loi, lui sert de guide. C’est ainsi « qu’un nom de la mauvaise foi, de la fausse rumeur et de l’annonce publicitaire » on le consacre journaliste. Il gravira peu à peu les échelons de la renommée, se vautrera lui aussi dans le luxe, mais les redescendra fort rapidement.

C’est un film profondément actuel. Les fausses nouvelles se répandent à toute allure. Un message dans la bague d’un pigeon voyageur et les rumeurs vont bon train. Les plus fragiles font l’objet de harcèlement et de mépris dans cette société sans pitié. Un film où tout va vite, si vite que l’on n’a pas le temps de réfléchir.

Une œuvre haute en couleurs dont la partition se joue parfois en noir et blanc. Contrastant avec le faste et les ors des soirées, les couleurs chatoyantes des intérieurs ou des toilettes de ces dames, le noir est omniprésent du début à la fin. Les premières images d’un Paris où tout va vite sont en noir et blanc. Rappelant les origines de Lucien, les doigts tachés d’encre du jeune typographe qui arrange les caractères d’imprimerie, ou encore l’encre que lui jette au visage Monsieur de Bargenton , la tache d’encre qui s’écoule et se répand sur les feuillets des chroniqueurs sont autant de symboles d’une encre qui tache, une encre qui souille dans un monde où l’« on se bat avec l’encre pour se faire entendre » (Jean Cocteau).

Benjamain Voisin est un choix judicieux pour le rôle, jeune et beau, le regard mélancolique, d’une grande spontanéité, capable d’être enjoué et fougueux comme un adolescent émerveillé, c’est un candide qui fait son apprentissage de la vie dans un milieu de rats.

Vincent Lacoste dans le rôle de Lousteau, est assez attachant, sympathique et détestable à la fois, cynique à souhait avec son singe baptisé Lamartine sur l’épaule et sa pipe de Hashish. Il véhicule la tricherie et l’hypocrisie, le trafic et la compromission.

Si Lousteau est son ami, tout du moins au début, Arthez est son rival et tentera de le mettre en garde contre les dangers de l’entourage. Le personnage est interprété par Xavier Dolan qui est aussi la voix off de Balzac.

Salomé Dewaels est une Coralie émouvante dans sa naïveté, sa douceur, sa tendresse et sa sensualité.

Jeanne Balibar qui sait avoir un regard méprisant voire vicieux est odieuse et cruelle dans le rôle de Madame d’Espar.

Cécile de France séduit toujours le public avec son sourire charmeur et sa fraîcheur.

Gérard Depardieu incarne un éditeur vulgaire, ne sachant ni lire ni écrire mais compter et Jean François Stévenin, un Dauriat machiavélique qui fait lancer des tomates ou des camélias sur les acteurs selon la somme qu’on lui a versée.

Le film a été tourné au château de Compiègne et les scènes de ballets ou de théâtre au théâtre impérial.

Les musiques de Rameau, Vivaldi, Bach et Purcell baignent le spectacle.

Un film à ne pas manquer !

CR/PPD 26/10/2021

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Auteur

Blog

Paulette Pairoy-Dupré

26-10-2021

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Ilusions Perdues appartient au recueil I-Chroniques

 

Critique de Film, Théatre, série... terminée ! Merci à Paulette Pairoy-Dupré.

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