"Louise Violet" est une critique de film, Théatre, série mise en ligne par
"Paulette Pairoy-Dupré"..
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Louise Violet
Sorti dans les salles ce 6 novembre, « Louise Violet » est un film d’Éric Besnard, à qui nous devons entre autres « Les Choses Simples », « Délicieux », « L’Esprit de Famille ». C’est un drame historique dont le thème est le début de l’école obligatoire en France, un thème cher au réalisateur.
Malgré quelques avancées, de nombreuses ordonnances et lois, avant la République l’éducation reste un privilège, réservé à une certaine élite, pour un public de garçons, aux mains des religieux et le manuel scolaire est bien souvent le livre de prières. Au XVII et XVIIIème siècles, l’enseignement primaire est l’objet de débats sur la nécessité ou non d’instruire le peuple, les nantis bénéficiant des services de précepteurs. Dans les années 1680, Jean Baptiste de La Salle, chanoine de Reims, fonde la congrégation des Frères des Ecoles Chrétiennes qui se vouent à l’éducation des garçons pauvres de la ville auxquels ils dispensent un enseignement en Français et forment les maîtres. Par une ordonnance de 1698, Louis XIV oblige les parents à envoyer leurs enfants dans les écoles paroissiales pour une instruction de base et ce jusqu’à l’âge de 14 ans. Les écoles sont principalement implantées dans les villes, réservées aux garçons et payantes. Avec la Révolution, l’enseignement redevient un temps gratuit et laïque. La loi Lakanal de 1794 assigne aux instituteurs d’enseigner la lecture, le calcul, l’écriture, la morale républicaine et les chants de triomphe. Mais la loi du 3 Brumaire de l’an IV réduit le nombre d’écoles primaires et supprime la gratuité. Napoléon rétablit les écoles religieuses. La loi Guizot de 1833 oblige les communes de plus de 500 habitants à avoir une école de garçons et définit un salaire minimum pour les maîtres de 200 francs. Jusqu’en 1834 le métier est interdit aux femmes. Plus tard la loi Falloux, 1850, contraint les maires à ouvrir une école de filles si elles comptent plus de 800 habitants, seuil qui sera abaissé à 500 avec la loi Duruy en 1867. Enfin à partir de 1882 les lois Ferry rendent le primaire laïque en substituant l’instruction morale et civique à l’instruction religieuse, l’école gratuite et obligatoire. L’enseignement doit se faire en Français. Enfin elles obligent les communes à mettre à la disposition des maîtres et à titre gratuit un logement convenable et à leur verser un salaire d’un minimum de 600 francs.
Rien de tout cela n’est vrai lorsque en 1889, Louise Violet, institutrice, au passé compliqué est nommée dans un village de la France profonde ancré dans les traditions et rebelle à toute évolution, pour y imposer l’école de la République. La parisienne découvre un monde de rudesse et d’illettrisme. Elle incarne la modernité face à la rivalité hostile. Il n’y a pas d’école dans le village, encore moins de matériel scolaire. Le maire la loge dans une étable qui lui servira de classe et qu’elle partage avec une vache. Pour un maigre salaire, elle doit de plus faire office de secrétaire de mairie, de bedeau et de fossoyeur. Elle est bien évidemment rejetée de tous mais gagne un peu de crédit auprès des villageois quand elle aide la femme du facteur à accoucher, le médecin ayant refusé de se déplacer. Dans ce village l’instruction fait peur. Elle doit convaincre les parents d’envoyer leurs enfants à l’école car malgré les lois interdisant le travail des enfants, tous sont considérés comme des bras et aident leurs parents aux champs. Le maire qui finit par se laisser convaincre du bien -fondé de l’école va l’aider à s’intégrer et apprivoiser non sans mal les villageois. « Vous êtes une étrangère, ne devenez pas une ennemie ». « Il faut leur parler dans les yeux aux gars d’ici et s’ils veulent vous donner à boire, il faut boire. » Courageuse et téméraire, par tous les temps, elle va sillonner la campagne et rencontrer les familles pour justifier de l’intérêt de l’instruction. Elle finira par remplir sa classe et on lui construira même une école. Mais le facteur, un des rares à être lettré, lit son courrier et fait quelques révélations de son passé de communarde qui lui valent la haine et particulièrement de la gent féminine. Un incendie criminel viendra détruire l’école et remettre en question sa présence au village. Elle confiera son secret au curé. Obstinée, ayant à cœur d’éduquer pour que chacun ait plus tard la possibilité de faire un choix de vie, elle restera au village. Le film est porté par le duo d’acteurs talentueux que sont Alexandra Lamy et Grégory Gadebois. Alexandra Lamy est plus que convaincante en hussarde noire de la République, se battant pour ses valeurs et par revanche sur un passé douloureux. Grégory Gadebois, fidèle à lui-même joue avec beaucoup de naturel et incarne à merveille le maire, propriétaire terrien fort bourru. Le film a été tourné en Auvergne, dans le Puy de Dôme et la Haute Loire lors de plusieurs saisons avec une quarantaine de figurants, tous locaux, enfants comme adultes. Les prises de vue sont magnifiques surtout celles du village médiéval typique de Saint André de Chalençon avec son Pont du Diable qui enjambe l’Ance. Les ors automnaux, la verdure printanière, le ciel bleu ou le soleil alternent avec la grisaille des jours de pluie torrentielle, la crasse de l’étable, les intérieurs baignés dans l’obscurité faisant de l’environnement un personnage à part entière, parfois austère et hostile, parfois accueillant, serein et prometteur d’un bel avenir. Un film en costume, très réaliste, un débat sur l’école mais aussi sur la condition féminine, dans un cadre enchanteur ! Un film à voir !
CR/PPD novembre 2024
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Louise Violet
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Critique de Film, Théatre, série... terminée ! Merci à Paulette Pairoy-Dupré. |
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