Le drame de Mayerling - Critique de Film, Théatre, série...

Mayerling

A l’affiche de l’Opéra Garnier, Mayerling, ballet narratif en trois actes, composé en 1978 par Kenneth Mac Millan était dansé ce 10 novembre 2024 avec brio par le danseur Etoile Paul Marque et Hoyun Kang.

Le ballet de Kenneth MacMillan raconte le drame de Mayerling. Au matin du 30 janvier 1889, les corps de Rodolphe, fils de Sissi et de l’empereur François Joseph, et de sa jeune maîtresse Mary Vetsera sont découverts dans le pavillon de chasse de Mayerling non loin de Vienne. Meurtre politique ou suicide ?

Rodolphe est le seul fils de l’empereur François Joseph et d’Elizabeth de Wittelsbach dite Sissi, donc l’héritier au trône. Sa jeunesse est marquée par une éducation très stricte, l’absence de sa mère dont il est séparé à la naissance, le manque de dialogue avec son père qu’il ne rencontre qu’à la chasse et dont il rejette les idées politiques. Contrairement à l’empereur Rodolphe a des idées libérales, prône la démocratie et le fédéralisme. Son mariage avec Stéphanie de Belgique est un échec. Il multiplie les relations extra conjugales, tombe dans l’alcoolisme et la dépression, devient addict à la morphine et fréquente les maisons closes ce qui lui vaut une maladie vénérienne qu’il transmet à son épouse la rendant stérile. C’est un homme rebelle, survolté, un séducteur brutal qui à chaque fois qu’il est repoussé par sa mère, s’en prend aux femmes qu’il maltraite jusqu’à ce qu’il tombe follement amoureux de Mary Vetsera. Leur histoire sera très courte, quelques semaines à peine puisqu’il la tuera avant de retourner l’arme contre lui.

Le ton funeste de la tragédie est donné par la scène du prologue. Le ballet s’ouvre sur l’enterrement à la nuit tombée sous la pluie avec la seule présence de deux témoins de Mary Vetsera, et se clôture de la même manière dans l’épilogue.

La version du suicide est celle communément retenue, en tous cas celle de Kenneth MacMillan dont la chorégraphie traduit magistralement la descente aux enfers du héros, le désir, la rage, le désespoir, les tourments, et les émotions   des personnages qui dansent entre tension et passion.

Les décors et les costumes de Nicholas Georgiadis sont splendides et variés, modulables et changés discrètement entre les scènes tandis que défile la galerie des portraits de la famille des Habsbourg, descendus des cintres sur le rideau.

La noirceur des scènes du prologue et de l’épilogue contraste avec les couleurs chaudes et chatoyantes des ors de la salle de bal du palais impérial, la grisaille de la scène de chasse sous la neige avec celle de l’ambiance enfumée de la taverne aux plaisirs défendus ou encore le scintillement des bijoux avec le blanc immaculé du rideau du pavillon de chasse.

La distribution est impressionnante, les principaux protagonistes étant rejoints par tout le corps de ballet de l’Opéra.

Pas de deux étourdissants, portés acrobatiques, pirouettes et entrechats, baisers en positions extrêmes dans un cocktail de sensualité et de violence allant crescendo jusqu’au suicide des amants , sont réalisés avec brio par des danseurs d’exception sur une musique puisée dans le répertoire de Franz Liszt.

Un spectacle magnifique, époustouflant qui vous prend aux tripes !

CR/PPD Novembre 2024