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Les cendres - Histoire Courte

Histoire Courte "Les cendres" est une histoire courte mise en ligne par "FuturTibetain"..

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Les cendres

- Je ne te sens pas convaincu… dis-moi, tu as déjà une petite amie alors ?
- Non, non je t’assure ! Dit-il d’un air un peu gêné…
- Alors peut-être quelque chose qui fait qu’on ne m’accepterait pas dans ta famille ?
- Ah pas du tout, crois-moi ma famille te soutiendrais sans problème ! Et il la fixa avec un air à la fois convaincu et quelque peu absent…
- Ah, bon ok. Mais heu, pourquoi tu dis « me soutiendrais », ça sonne bizarre… décidément, tu es assez original comme gars, je dis pas que j’aime pas… ah attends, ah j’ai compris, s’il s’agit d’une difficulté sexuelle, bon je sais que vous avez un peu de mal à en parler des fois, mais franchement faut pas que ce soit une barrière, c’est vraiment un truc qu’on peut travailler ensemble, je te promets…
- Ah mais non, tu n’y es pas du tout. Non franchement, tout va bien !
- Ah ??? Son étonnement ne portait pas tant sur sa dernière réponse, qui finalement clarifiait un tout petit peu cette situation encore insaisissable pour elle, mais plutôt sur le fait qu’à présent elle ne savait plus trop quoi demander. Elle avait un peu fait le tour des grands classiques, du moins de ses grands classiques à elle. Alors elle se résolu pour un temps à laisser de côté son mental, et passa au côté plus instinctif :
- Ecoutes, je sais qu’on vient juste de se rencontrer en vrai, mais on se connait quand même pas mal à travers le site de rencontre. Dis-moi franchement, est-ce que le courant passe, est-ce que tu crois que tu peux ressentir quelque chose pour moi ?
- Si tu savais !... la réponse fusa intensément, et bien que verbalement totalement ambigu, ses yeux semblaient déjà donner la réponse de manière intense et brulante, même si là encore une certaine absence, voire un peu de désespoir, semblait gâcher ce moment précieux. Oui, si tu savais à quel point je t’aime déjà !
- Oh ! Heu… elle ne savait juste plus quoi dire. En fait elle ne s’attendait pas à une réponse aussi tranchée, pure, un brin romantique et naïve. Elle s’était plus habitué à des réponses très précautionneuses, polies, intellectuelles, sans grand sentiments, des « tu me plais, mais on va voir ce que ça donne avec le temps » ou des « bien sûr que je suis satisfait de te connaitre, sachons apprendre à nous connaitre » et autres politesses aussi froides que raisonnables. Priorité au terre à terre plus qu’aux rêves, c’est sans doute l’époque qui veut ça.
Ecoute, dit-elle. Je suis vraiment troublée par ta déclaration. Je sais qu’on s’est dit beaucoup de belles choses par écrit, mais évidemment une rencontre ça peut tout remettre en cause, ça éclaircit beaucoup de choses et ça trie le vrai du faux. Mais là, d’un coup j’ai l’impression que tout ce que tu m’as dit était vrai.
- C’était plus que vrai. Je tiens déjà à toi… il la refixa encore de ce regard profond et sérieux qui la faisait fondre, bien que restait toujours cet arrière goût d’inexpliqué, et de sérieux aussi ! Qu’est-ce qu’il le prenait au sérieux ! Ca l’honorait à vrai dire, mais n’était-ce pas un peu trop ?
- Je, je…. écoute, moi aussi je ressens beaucoup d’émotion, et la tienne est vraiment communicative. En fait je me sens tellement bien avec toi. Je crois qu’en ce moment, je n’aurai envie de rien d’autre. J’aurai envie que ce moment dure une éternité… je regrette presque qu’on ne se soit pas rencontré avant. Tu vois, j’ai bien fait d’insister pour qu’on se voit, non ?
- A cet instant il ne répondit rien. Il avait la tête légèrement baissé, semblait serrer les dents et comme souffrir en silence. Quand il releva la tête après quelques lourdes secondes, son regard avait à présent la noirceur des ténèbres. S’il avait été sonore on aurait probablement entendu une porte de prison claquer à jamais.
J’avais peur… j’avais peur de te faire mal…
- De me faire mal ??? De tous les dialogues classiques ou improbables qu’elle avait pu imaginer à l’avance, et Dieu sait qu’elle en avait exploré un sacré rayon, celui ci était carrément hors-concours. A ce point surréaliste qu’après quelques secondes de blocage total, elle renonça tout bonnement à explorer la question, tant elle semblait hors propos. Elle mis ça sur le compte d’une excessive timidité de son partenaire potentiel.
Et réalisant que les mots prenaient à nouveau une tournure bien trop compliquée pour l’occasion, elle décida à nouveau de reprendre les rennes et de passer au stade, instinctif, animal, direct.

- Prends-moi juste dans tes bras, je t’en prie…
- Oui, oui, bien sûr oui. On va essayer, oui.
- « On va essayer ? » pensa-t-elle ! Décidément ce garçon sera surprenant jusqu’au bout, mais qu’est-ce que ça le rend beau et mystérieux !...
Alors, lentement mais avec passion, il glissa ses mains le long de ses coudes, puis ses bras, ses épaules, avant de glisser vers le bas du dos avec sensualité mais sans vulgarité, et toujours cette fièvre douce et sombre à la fois. Leurs bouches allaient se rencontrer, sans doute, très probablement, et c’est là qu’il senti que c’était la fin. Il ne connaissait que trop la suite, la fièvre, la chaleur, la présence des corps, si intense, si forte, si parfaite, si vouée à la chute. Le corps entier de la jeune fille n’était plus à présent que chaleur, mais chaleur solide, chaleur dure, chaleur cassante, chaleur friable. Un immense tas de cendre se décomposa d’entre les bras du jeune homme, et sans un bruit, comme une pluie d’oiseaux morts en plein vol, alla tapisser le sol d’un amas de poussière noire et de désespoir. Seul le vent parlait à présent, et commençait à jouer avec l’image de la défunte en dessinant sans vergogne des formes tristes et ténébreuses qui rappelaient que sa silhouette n’était déjà plus qu’un souvenir. Anéanti, foudroyé hors du temps et de la vie, il s’écroula sur ses genoux, et ne put murmurer qu’un seul mot, entrecoupé de rage et de sanglots :
- Encore !

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FuturTibetain

04-06-2021

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Les cendres n'appartient à aucun recueil

 

Histoire Courte terminée ! Merci à FuturTibetain.

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