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Les bergers (il y a)
Il y a des bergers qui surpassent en hardiesse les plus ardents cavaliers. Il y a des fruits défendus, on dit aussi interdits, sans que l’on sache pourquoi. Il y a des fuites insolites dont nul plombier ne peut trouver l’origine. Il y a, il y a, il y a tant de choses. Il y a les façons d’agir, certains ont l’art et la matière. Il y a tous les jours des beignets qui se perdent tandis que les crève-la-faim courent les rues. Il y a des prédateurs et il y a des profilers. Il y a nombre de tricheurs et profiteurs. Il y a des guerriers qui ont la peur au ventre mais montent au front quand même et il y a des froussards qui ont la peur au ventre mais montent au front quand même. Il y a l’autocratie et la démographie. Il y a que ma sarl Douyoudou (Allo Douyoudou) m’aura surtout apporté des ennuis. Il y a que c’est déjà demain et il y a que j’ai froid et que j’ai perdu la main. Il y a des filles il y a des gars. Qui croquent des pommes, du chocolat. Qui dorment en haut, qui parlent en bas. Oui il y a des papas et il n’est pas dit que leurs rejetons les admirent ou les aiment forcément. Ça c’est dur mais on récolte ce que l’on s’aime. Cria cuervos, élève des corbeaux, ils te crèveront les yeux. Bien fait pour toi, parent indigne, mais il faut te pardonner. Il faut toujours pardonner, l’ultime recours lorsque rien d’autre ne fonctionne, le temps qui passe, l’oubli, la réconciliation, que sais-je encore. Il y a que j’ai commis comme les copains un paquet d’erreurs dans ce parcours qui s’appelle ma vie. Me pardonne-je ? Pfffttt… Il y a que j’en commets encore. Re pfffttt… Qu’apprend-t’on donc ? Oui on apprend. Un peu ou un peu plus qu’un peu. Heureusement. Il y a toi, il y a moi, moi qui reste toi qui t‘en vas. Oui il y a toi, toi qui n’existes que dans des rêves d’amour idéal. Ô là là que d’amours splendides j’ai rêvées… écrivait justement Rimbaud. Oui, il n’est que ce rêve d’absolu qu’on touche du doigt dans le plus profond de la nuit. Mais tu n’es pas terrestre, tu es beaucoup trop loin, beaucoup trop haut, beaucoup trop pure et belle. Tu es l’acclaration céleste. Quand la terre est elle vieille et déprimée. Certains vous diront - et ils auront raison - qu’il reste des lieux inféodés, qu’elle y est aussi belle et magnifique qu’au jour de sa création, ses montagnes escarpées et immaculées, des torrents tumultueux dévalant leur course vers les vallées, des prairies aux herbes hautes ondulant et se couchant sous le souffle du grand vent. La toundra. La tendresse naturelle. Il y a. Il y a également les baisers que l’on n’a jamais donnés. Perdus, perdus, où sont les baisers perdus, perdus, ni vus ni connus. Il y a les souvenirs que l’on n’a pas non plus connus n’ayant pas commis les actions relatives. Il y a nos peines, il y a nos pleins, il y a nos manques, oui nos pleins et nos déliés. Il y a mon oncle et le Mont-de-Piété. Qui l’a inventé ? Il y a le charnier des innocents. Quels sont les connards, les salopards qui ont ordonné la Saint-Barthélemy ? Il y a oui il y a la barbarie. Où, quand et Coran, il y a l’Etat Islamique, nous sommes de fieffés inventeurs. La loi de la jungle, la seule, celle du plus cynique et du plus cruel, vous diront les cols blancs ou les Hell’s Angels parlant pour une fois d’une seule et même voix. Il y a les charognards qu’on voit dans la lucarne magique. L’un - ils sont tous les pires - a le physique et le rire d’une hyène. Un autre se vêt tout de noir. Et puis il y a les doux, les humbles, les sortes de manants, les amoureux du tout-venant. Les petites gens auxquels on demande beaucoup mais eux ne demandent jamais rien et pour ceux-là j’éprouve de l’admiration, de l’envie de simplicité et encore de la tendresse. Au frontispice il y a les lois. A quoi servent-elles, à quoi servent les règles si ce n’est à être transgressées ? Demandez aux juges, aux assureurs, aux garagistes. Aux banquiers, aux branquignols. Il y a aussi tout à l’avenant, à ne pas confondre avec le temps de l’Avent ou celui du lavement. Il y a une dame de fer à Londres et à Paris. Il y a qu’à Trieste la Tour de Pise s’est jetée dans la Tamise. Chagrin d’amour ou fable de Venise ? En avril, en mai, en juin, je partirai pour Mars ou les Marquises. Il y a la fête de Saint Jean et la danse de Saint Guy. Il y avait les lavoirs où les femmes se retrouvaient manches retroussées pour battre les draps. En Irlande les femmes fréquentent en groupe les pubs. Elles ont bien raison. Malgré que le pluriel ne vaille rien à l’homme et sitôt qu’on est plus de 4 on est une bande de cons. Les grands ordonnateurs de la Saint-Barthélemy devaient être au moins 4. Il y a quoi encore ? Les singes savants, opposés aux sales petits garnements. Il y a que j’arrête avec les cris d’alerte. La mea culpa est pleine. Il y a les musiques instinctives. Il faut s’en méfier, elles tiennent rarement la distance. Mes albums préférés - et Dieu sait si j’en connais, je possédais près de 1000 33 tours -, j’ai dû les écouter 5 ou 6 fois avant que de commencer à y comprendre quelque chose. Il y a que plus tu connais de gens, plus tu connais de problèmes. Logique et mathématique. Il y a l’ennui, qui revient comme une litanie. Une poignée de secondes jetées hors du monde. Celui de Moravia est mortel. Pour cette fois, comme un con je suivais le mouvement, dans les années 70 j’allais voir les films italiens. Ettore Scola, Vittorio Gassman, Nino Manfredi… Aujourd’hui et depuis longtemps, je ne suis plus aucun mouvement autre que le mien, et rares sont les films qui retiennent mon attention plus d’une demi-heure. Je les raccroche là, plantant sans un mot mes bavards interlocuteurs virtuels et m’en vais jouer aux échecs. Il y a Jésus que ma Joie demeure. La Joie : un truc de croyants ça, tellement persuadés du monde bien meilleur qui nous attend. A en frôler l’Allégresse. Moi je pense qu’on ira tous aux parapluies. A Verdun ou à Cherbourg mon amour. Il y a marcher dans la boue, dans la gadoue. Slock slock font les bottes. En v’ là de la succion en v’ là ! Enfer et damnation, dans le cou Suzon m’a fait un suçon, que va dire mon épouse ? Ah j’oubliais je n’ai pas d’épouse. Rien, je ne veux rien de toi. Amour année zéro. Tout est à premièrement défaire et à deuxièmement faire. Ciel je m’enfonce dans les clichés n’est-il pas ! Oui, il y a des filles, il y a des gars, y’ a des mamans, il y a des papas, ils sont tous là. Ils sont tous là : je vous parle d’un temps qui n’a jamais existé, d’un jour qui n’a jamais vu le jour. Il y a mon frère qui devient un vieux beau. Ce n’est pas moi qui le dis. On me taxerait de subjectivité, voire de jalousie non dénuée. Ce sont d’autres qui le disent. Qu’en sais-je de toute façon, je ne l’ai pas vu depuis près de 10 ans, hormis dans un clip pathétique où il se met en scène muni d’une bouteille pour pleurer sa Betty enfuie. Avec un autre plus jeune plus fou, qui fait danser les bougalous comme chantait Charlebois, un gars ben ordinaire qui a eu une explosion extraordinaire de créativité durant 10 ans. Betty, faut pas craquer. Il y a ces livres, tous ces livres si ennuyeux. Je m’obstine jusque la cinquantième page, des fois que… Des fois que rien. Je repose le bouquin. Lorsque, ce qui est mon cas qui est évidemment loin d’être unique, lorsque l’on a lu des livres merveilleux, difficile de trouver l’équivalent pour ne pas parler de mieux. On reste sur sa fin, qui n’est pas encore là. Lors, consciemment ou pas on l’attend. Tranquillement, sagement, rien ne presse mais peu de choses me retiennent. Il y a que tout le monde dort ou bien est mort. Il y a les poisons de Poutine. Cuirassé Potemkine. Lénine, Staline, Pouchkine, Raspoutine et Youri Margarine. Spoutnick 2 pour major Tom. Je te reçois 1 sur 5 et dans ce monde-ci c’est déjà ça. Il y a des réflexes que l’on a que trop tard : cette clé usb était vérolée. Je ne l’ai analysée qu’après avoir copié le dossier qui m’intéressait. J’ai été virussé il y a 10 ans. Je ne vous le souhaite pas. J’ai mis 2 bonnes années à me sortir de cette merde. Je voyais apparaître fugitivement des messages sur l’écran « Je vais te niquer tes dossiers un par un. Et tu n’y pourras rien ». Quelle espèce de con fait ça ? Pourquoi ? Pour rire seul ? Il n’y a pas d’explication au mal. Ou si ? Laquelle ? L’Eve pécheresse, la Diane vengeresse ? Vous voulez parler des 7 péchés capitaux. J’ai fait un stage à Sud Radio. Tout le monde s’en foutait. Moi le dernier. Je voulais être engagé, j’avais désespérément besoin de boulot. Qui peut le plus peut le moins, non ? Non. On m’a dit souvent non, que c’était non parce que j‘étais surqualifié même si je faisais des cv minorés et adaptés. On ne m’a pas laissé avoir une vocation. J’ai trouvé mon chemin seul. La vie je l’ai apprise à travers les rencontres et surtout à travers la solitude. J’ai essayé toutes les défonces. J’en suis sorti vivant et naturellement plus fort puisque je n‘en suis pas mort. J’écris naturellement mais j’aurais pu en sortir essoré. Ben non, c’était pas noté dans mon karma. Sachez bonnes gens qu’en général j’ai l’accident et l’hôpital joyeux. Et, en en sortant de ces années de plomb, de défonce tellement illimitée qu’elle en dépassait très largement l’entendement, je suis passé par des années absolument euphoriques de liberté retrouvée. C’est un message que je tente de faire passer à des cas désespérés. Au cas où, apprenez au passage que c’est naturellement dans les carences affectives de l’enfance que naît le terreau qui fera de vous un addict. Donc ayez de bons parents ou soyez fort, l’un n’empêchant pas l’autre d’ailleurs. Soyez un parent fort, comprenez vos enfants. Comprenez que vos enfants ne sont pas vos enfants pour les laisser libres. A-t-on 3 fois plus d’amour si l’on a 3 enfants ? Je connais cette personne, Sainte Marie. Marie ricorée, Marie bricolée. Lorsque je l’ai rencontrée vers nos 20 ans un peu passés, elle en avait déjà 2, d’enfants. Et elle trouvait que c’était déjà trop. Au final elle en a eu 6. 6 fois plus d’amour et 6 fois plus de problèmes. Sans parler de la génération suivante, là on ne compte plus. C’est ça, comme sait chacun quand on aime on ne compte plus. Je ne compte pas sur toi, je ne compte sur personne. Sauf une. Ne me déçois pas mon fils, sois heureux. Autant que faire se peut sur cette terre en furie. J’ai perdu une dent, elle va passer la petite furie. Me laisser un mot aimant sous mon oreiller. J’étais môme, j’ai pleuré sur mon oreiller parce que je ne voulais plus retourner à l’école. Naturellement mes parents n’ont rien entendu. Trop occupés d’eux-mêmes. En effet qu’y avait-il d’autre qu’eux-mêmes ? Il y avait l’Education Nationale. Dans des écoles, nous nous rendons comme en exil, années mortelles où tout nous vole, nous avale. Nous étions purs, nous étions simples, nous sommes vite devenus de sales gosses à problèmes. Problèmes de maths, de physique, et tourne la machine ! La vie, c’est une machine à salir, rendez-vous tous les soirs au z’enzyme-bar. Au z’enzyme-bar j’ai commandé un jean-tonic. Ils m’ont ri au nez et renvoyé à ma chemise Denim élimée. Aristocrates fauchés, c’est ainsi que je nous voyais. Le dernier lien avec la famille qui se rompt, avait comme déploré ma mère en réalité ravie tandis que mon père s’engueulait avec son frère jumeau au téléphone. Ma mère : l’instigatrice de la brouille. Regarde mon profil de face que je t’embrouille. Mon père était trop faible pour lui mettre les poings sur les i. C’est moi qui plus tard m’en suis chargé. Cela a changé sa destinée, à ma mère. Imaginez une ligne de vie tracée qui ne va que vers le bas. Une intervention et pour les quelques très courtes années qui lui restent à vivre, cela modifie le dessin de sa courbe qui remonte. C’est à la fois pas grand-chose, pas grand temps et en même temps cela change tout. Oui cela change un destin. J’aurai au moins fait ça. Il y a les roseaux sociaux. Les roseaux sociopathes oui ! Il y a des filles il y a des gars, il y a des mamans il y a des papas. Non ils ne sont pas tous là. On manque plus souvent de cœurs que de bras.
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Les bergers (il y a)
appartient au recueil Nouvelles du monde
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