Connexion : supprimer Ou

Le vieil indifférent - Pause-Café

Pause-Café "Le vieil indifférent" est une pause-café mise en ligne par "Ancolies"..

Venez publier une pause-café ! / Protéger une pause-café

Le vieil indifférent

 

Décidemment il semble que je sois de moins en moins fait pour la vie en société. Arrivé hier soir chez des amis sympas, et ce matin déjà je me suis réveillé en me sentant mal. Je ne m’y fais pas : toutes ces différentes identités, ces caractères qui cohabitent, Seigneur comment font-ils ? Ben c’est toujours à fleur de peau, limite limite, puis ça fritte ça fritte et pof ! ça s’engueule pas mal. A petite et grande échelle. Je déteste ça. Et moi, 2 ou 3 heures à jouer en groupe aux échecs, ou encore à dîner chez des potes, passe encore, quoique je débarrasse le plancher plutôt après 2 plombes. Mais je crains de ne guère pouvoir aller tellement plus loin. Je suppose que je n’aime pas suffisamment les autres. Les éminentes études psychiatriques révèlent qu’en général un enfant qui n’a pas été aimé est au pire incapable ou au mieux a de grandes difficultés à aimer à son tour. Cela doit être mon cas, je n’aime pas assez les autres et l’âge n’y arrange rien. Je vous rassure c’est réciproque et beaucoup d’autres ne m’aiment pas des masses non plus. Il y a ceux qui sans me connaître me détestent d’emblée lorsque je pénètre dans la pièce. Et pour beaucoup d’autres, probablement que j’exsude trop de différence et de souffrance, bien que je sois gentil, bienveillant, tolérant et doux. Il faut dire aussi que je ne fais rigoureusement aucun effort pour me rendre sympathique. Comme dit Mac Do je viens comme je suis. Froid. Mais comme chantait Lavilliers Une solitude si dure et si rude qu’on peut la toucher. Et cela c’est trop difficile voire insupportable pour la plupart des personnes. Oui, on me l’a dit 1000 fois, je suis mortifère. Oui, dans ces conditions, chacun chez soi, moi seul chez moi, c’est mieux comme ça. Triste constat. Pourtant je me serai battu des et des années mais, comme j’ai déjà dit dans d’autres textes, quand karma fâché lui toujours faire ainsi. Oui, triste pour moi. La vie m’a suffisamment roué de coups pour me mener là, bien qu’elle n’ait jamais réussi à me mettre à genoux, j’ai trop d’amour-propre pour ça. Et non, vraiment les autres, sauf en poésie où tout est possible, ce n’est pas mon truc. Et comme moi-aussi je ne suis pas mon truc, que reste t’il ? Un vieil indifférent (oui l’est passé depuis longtemps l’âge du tableau de Watteau Le bel Indifférent dont je porte le prénom). Dans mes jeunes années de songwriter, mes jeunes années suicidaires, j’avais écrit un blues « Chu là pour perdre, chu là pour perdre, et à la fin, le boulot fait, chu là pour perdre », enregistré avec une sacrément bonne partie d’harmonica chromatique dont je n’avais jamais auparavant joué de ma vie. 10 ans plus tard, lorsque j’ai monté mon groupe rock, j’ai revisité les paroles « Pas là pour perdre, pas là pour perdre, et à la fin, le boulot fait, pas là pour perdre ». J’y ai cru, oui un moment j’y ai vraiment cru. J’avais cru trouver le sens. Le sens et la beauté. Et du coup l’épanouissement, et peut-être même par voie de conséquences l’apaisement. Mais bon, il faut croire que la 1ère version du blues était la bonne, eh oui, encore et toujours ce foutu karma qui fait que depuis 40 ans mes innombrables chansons (dont un paquet vaudrait d’être des tubes), ma petite dizaine de livres, mes multiples dessins ne franchissent pas un très petit cercle d’initiés, qui s’étrécit d’ailleurs. Comme une malédiction. Comme quelque chose en moi qui empêche, qui bloque. Un zoom sur le sujet : vers mes 18 ans, je suis sorti avec une fille de 6 ou 7 ans mon aînée, mariée, mère d’une petite fille déjà qui portait le même prénom qu’elle, le père ayant manqué d’imagination lorsqu’il a fait la déclaration de naissance à la mairie. Cette fille, cette femme, Julie, avait une bonne copine férue d’astrologie. Et Julie a tenu mordicus à ce que sa copine fasse mon thème astral. D’abord j’ai fait ma coquette, genre pas intéressé, mais finalement, à sa demande réitérée, je lui ai fourni les informations demandées, date, heure et lieu de naissance. Bon, elle ne m’en a jamais reparlé. Puis nous nous sommes perdus de vue avant de nous croiser une quinzaine d’années plus tard non pas dans une émission de télé-réalité mais tôt un petit matin sous le crachin parisien avenue de la Grande-Armée, au sortir d’une bouche de métro. Nous sommes allés prendre un café et fumer (autorisé à l’époque), et échanger des nouvelles de nos vies respectives. Elle s’était remarié avec le frère d’un philosophe à la mode au Clos-Lucé de Léonard de Vinci, j’avais quitté la pub pour le rock, et finalement, ça m’est revenu, je lui ai posé la question de ce fameux thème astral. Elle a hésité puis finalement s'est lancée : "Eh bien c’était tellement épouvantable que j’ai préféré ne pas t’en parler". Tranquille j’ai attendu la suite. Quelle suite ? Eh bien, naïvement qu’elle me dise : Mais maintenant c’est ok, c’est bon, tu peux y aller. A d’autres ! Il n’y a pas eu de suite. Je ne sais toujours pas qu’en penser. Autre anecdote avec Julie : la 1ère fois que nous nous sommes retrouvés dans un lit, après, je lui ai posé la question : Mais que va en dire Jean ? (son mari, un gars sympa, relieur de livres anciens de profession). Et là j’ai pris une bonne leçon de vie puisqu’elle m’a répondu aussi sec « Mais il n’est pas question qu’il le sache » ! Bon sang mais c’est bien sûr. Pourquoi donc, re-naïf que j’étais, me posais-je une telle question, de quoi m’inquiétais-je donc ? Mais pour revenir aux catastrophiques problèmes de cohabitation que j’observe partout autour de moi sur cette planète, de la scène de ménage familiale à la géopolitique internationale, du  respect des territoires souverains d’autrui au chacun chez soi dont je suis prisonnier, je Te repose la question : ô Toi là-haut, est-ce que c’est beau ? Ici c’est laid. Eh oh, là-haut, si c’est pas beau, du balai ! Aussi je Te le redemande pour la énième fois : n’y a t’il pas suffisamment de drames et de loupés comme ça ? Tu crois pas qu’on pourrait arrêter les dégâts ?  Atomique, climatique, qui remportera le 1er la dernière partie ?

Ps : Mais peut-être qu’on se retrouvera, après les dégâts,
       Mais peut-être que tout l’ monde sera là, après après après les dégâts….

Partager

Partager Facebook

Auteur

Blog

Ancolies

02-10-2022

Couverture

"Soyez un lecteur actif et participatif en commentant les textes que vous aimez. À chaque commentaire laissé, votre logo s’affiche et votre profil peut-être visité et lu."
Lire/Ecrire Commentaires Commentaire
Le vieil indifférent appartient au recueil Nouvelles d'une vie

 

Pause-Café terminée ! Merci à Ancolies.

Tous les Textes publiés sur DPP : http://www.de-plume-en-plume.fr/ sont la propriété exclusive de leurs Auteurs. Aucune copie n’est autorisée sans leur consentement écrit. Toute personne qui reconnaitrait l’un de ses écrits est priée de contacter l’administration du site. Les publications sont archivées et datées avec l’identifiant de chaque membre.