"Le Troubadour et son Maître" est une critique de film, Théatre, série mise en ligne par
"Paulette Pairoy-Dupré"..
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Le Troubadour et son Maître Le Troubadour et son maître est une lecture-spectacle dont nous ont régalés Virginie Bienaimé et Jean Paul Bordes ce premier weekend d’août au Théâtre de la Faisanderie, niché dans le parc du Potager des Princes à Chantilly. Jean Paul Bordes, pensionnaire de la Comédie Française, a joué Beaumarchais, Racine, Shakespeare. Il a chanté Offenbach. A vrai dire, il est à l’aise dans tous les genres, théâtre mais aussi opéra, comédie musicale. Il a été plusieurs fois nominés pour les Molières. Virginie Bienaimé est actrice, metteur en scène des spectacles équestres du Musée Vivant du Cheval et directrice artistique du Festival théâtral La scène au Jardin. C’est en 1866 que George Sand (1804-1876) et Gustave Flaubert (1821-1880) se lient d’amitié au cours un dîner Magny, repas qui se tenait au restaurant du même nom à Paris, réunissant deux fois le mois un cénacle de journalistes, artistes, écrivains, scientifiques. Seuls les hommes y étaient admis. George Sand fut l’exception. George Sand prend la défense de Flaubert lors de la sortie de Salammbô. Dès lors un échange épistolaire qui durera près de treize ans et fera l’objet de plus de quatre cents lettres, s’installe entre ces deux personnalités entières et passionnées qu’apparemment tout oppose. Si George est naturelle, spontanée, optimiste, moderne, Gustave, dit le solitaire de Croisset - du nom du village normand où il réside - , est bourru, misanthrope, acharné au travail, un vieux célibataire au langage châtié. Si George tutoie Gustave, Gustave de dix sept an son cadet, la vouvoie et la gratifie souvent d’un Chère Maître. Dans une grande tendresse et un profond respect, en toute liberté et toute sincérité, les deux vieux troubadours se font des confidences, se racontent leurs moments de bonheurs et de détresse, leurs soucis de santé. George encourage Gustave dans son écriture de Madame Bovary et lui apporte un réconfort maternel quand son moral est bas. Ils échangent sur leur façon d’écrire et se critiquent de manière toujours positive. Tous deux se lamentent sur les malheurs engendrés par la guerre de 1870 et la Commune, ou s’insurgent contre le gouvernement Thiers. « Cher ami de mon cœur, je vais bien, je travaille, j’achève Cadio. Il fait chaud, je vis, je suis calme – et triste et je ne sais guère pourquoi. » George Sand à Gustave Flaubert, 9 mai 1867 « Rugissons contre Monsieur Thiers ! Peut-on voir un plus triomphant imbécile, un croûtard plus abject, un plus étroniforme bourgeois ! Non, rien ne peut donner l’idée du vomissement que m’inspire ce vieux melon diplomatique, arrondissant sa bêtise sur le fumier de la bourgeoisie.» Gustave FLAUBERT , Lettre à George Sand (1867). Cette correspondance abondante dont nous n’avons eu que quelques extraits reflète bien la profonde amitié et l’estime mutuelle de deux grands de la littérature du XIXème siècle. A l’occasion des obsèques de George Sand, Flaubert écrira à son fils Maurice ; « Il m’a semblé que j’enterrais ma mère une seconde fois. Pauvre chère grande femme ! Quel génie et quel cœur ! Mais rien ne lui a manqué, ce n’est pas elle qu’il faut plaindre… Et quand vous aurez été la rejoindre ; quand les arrières petits-enfants de vos deux fillettes auront été la rejoindre eux-mêmes, et qu’il ne sera plus question depuis longtemps des choses et des gens qui nous entourent — dans plusieurs siècles — des cœurs pareils aux nôtres palpiteront par le sien ! On lira ses livres, c’est dire qu’on songera d’après ses idées et qu’on aimera de son amour ! ». Et pourtant voici ce qu’elle avait répondu à Flaubert en décembre 1872 : « …Tu veux écrire pour le temps. Moi, je crois que, dans cinquante ans, je serai parfaitement oubliée et peut-être durement méconnue. C’est là la loi des choses qui ne sont pas de premier ordre, et je ne me suis jamais crue de premier ordre. Mon idée est plutôt d’agir sur mes contemporains, ne fût-ce que sur quelques-uns, et de leur faire partager mon idée de douceur et de poésie… » Une mise en scène sobre, pour tout décor de confortables fauteuils et de beaux tapis qui reçoivent au fil des lectures et au gré du vent les missives envoyées, parfois un fond musical et des flashes en voix off pour rappeler le contexte historique notamment la défaite de l’armée française à Sedan ou la proclamation de la République Avec une élocution parfaite, Jean Paul Bordes, acteur de talent, déploie sur scène une présence charismatique. Virginie Bienaimé joue avec naturel, le verbe beaucoup plus libre et excelle dans la spontanéité. Un hommage à l’altérité et à la littérature Un excellent moment de théâtre !
CR/PPD 04/08/2021 |
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Le Troubadour et son Maître
appartient au recueil I-Chroniques
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