"Michel-Ange et les Fesses de Dieu" est une critique de film, Théatre, série mise en ligne par
"Paulette Pairoy-Dupré"..
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MICHEL-ANGE ET LES FESSES DE DIEU
La pièce de Jean-Philippe Noël avec Jean Paul Bordes, Nicolas Biaud-Mauduit et Jean Paul Comart, dans une mise en scène de Jean Paul Bordes nous a été présentée au Théâtre du Potager à Chantilly ce weekend dernier.
Nominée deux fois aux Molières de 2018 pour les meilleurs seconds rôles, son auteur fut également récompensé du titre de meilleur auteur vivant.
La distribution est brillante, les trois acteurs talentueux à la diction parfaite avec une présence charismatique évoluent dans un décor sobre, au pied d’un échafaudage dans un coin de chapelle, un décor qui est outil de travail mais symbolise aussi la grandeur et la hauteur de la tâche à laquelle Michel-Ange s’est attelée ainsi que l’élévation vers le sublime. Quant aux costumes, Pascale Bordet s’est surpassée. Nous sommes en 1508, pendant la 4ème guerre d’Italie, à Rome. Le Pape Jules II commande à Michel-Ange une fresque pour la Chapelle Sixtine représentant les Douze Apôtres. Michel-Ange qui est avant tout sculpteur et préfère manier le burin que le pinceau est sur le point de décliner l’offre, mais, difficile de s’opposer à Sa Sainteté et de plus une somme de trois mille ducats ne se refuse pas. Après avoir éconduit tous les peintres susceptibles de l’aider mais aussi de lui porter ombrage, aidé de son valet qui lui prépare ses couleurs, il se lance seul dans un projet grandiose, peindre la Genèse en neuf tableaux, de la Création à la chute de l’homme. Le spectacle raconte le quotidien de l’artiste pendant les quatre années que dura le chantier, retrace les relations tendues entre le sculpteur et le mécène et met en exergue la personnalité de chacun. Ainsi, Michelangelo Buonarroti dit Michel-Ange, (1475-1564) l’un des plus grands génies de tous les temps, nous apparait-il comme un être tourmenté, enclin aux colères violentes, pingre, à la limite de la paranoïa, faisant vérifier maintes fois la présence des gardes suisses à la porte de l’église de crainte qu’on ne l’espionne pour le copier ou porter atteinte à sa vie, d’un orgueil démesuré, perfectionniste, ne faisant confiance à personne, méprisant et jaloux des artistes de son époque.
Le Pape Jules II dit le « Pape de Fer » compte tenu de son ardeur à faire la guerre, est assoiffé de pouvoir, despotique et mégalomane. Il veut rendre à Rome sa splendeur passée et faire de l’Etat pontifical une grande puissance. Grand amateur d’art il protège Michel- Ange. C’est un bon vivant qui peut avoir de l’humour et prendre du recul par rapport aux libertés que prend l’artiste. Il peut se montrer flatteur, encourageant mais aussi menaçant et autoritaire car cette rénovation de la chapelle lui permettra d’inscrire son nom dans l’Histoire. Voilà deux êtres que tout oppose mais qui ont cependant une même soif d’absolu et de perfection. De ce duel sortira le chef d’œuvre pictural que l’on connait, une fresque d’environ huit cents mètres carrés. « Tu n’es fidèle à rien d’autre qu’à ta seule ambition, comme moi », remarque de Jules II à Michel-Ange Entre ces deux personnages évolue Mattéo, fidèle et serviable domestique, tout dévoué à l’artiste, prêt à affronter le prélat pour défendre son maître pour lequel il a une admiration débordante. Comme bon nombre de valets du théâtre classique, il incarne le bon sens et prend les coups à la place de son maître. Jean Philippe Noel, journaliste de métier et dont c’est la première pièce, traite le sujet des rapports du pouvoir et de l’art dans un texte d’une grande richesse, très proche de la réalité historique, truffé d’humour, voire de quelques remarques grivoises. Le titre est surprenant. Nous parler des fesses de Dieu, voilà qui n’est pas très catholique ! En fait il s’agit là d’un petit clin d’œil aux libertés que prit le peintre en ornant la voûte de la chapelle avec des corps nus dans des positions et des situations équivoques. « Et les fesses de Dieu ! On ne voit qu’elles ! Roses, joufflues, dodues ! » dira Jules II sans pour autant en être véritablement offusqué.
Si ce dernier demanda, puis ordonna, à Michel-Ange de rectifier quelque peu sa peinture provocatrice, il faudra attendre Paul IV et la congrégation du Concile de Trente, soit quarante ans plus tard, pour que Daniele Da Volterra, un ancien assistant de Michel-Ange, rectifie la copie et ajoute aux personnages qualifiés d’obscènes des braguettes et des pantalons !
Un excellent moment de théâtre !
CR/PPD 21 septembre 2021
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Michel-Ange et les Fesses de Dieu
appartient au recueil I-Chroniques
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