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Le point central - Histoire Courte

Histoire Courte "Le point central" est une histoire courte mise en ligne par "Mégalac"..

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Le point central

 

Il fallait bien que quelqu’un parle de ce fait divers qui a animé longtemps les discussions dans les cafés, les cercles de pouvoir, et la presse locale. Je vais essayer de vous en faire un résumé.

 En un demi-siècle et dans la même zone, Il y a eu plusieurs assassinats : la campagne verdoyante, la zone industrielle, le centre commercial, et trois humains. Au début le point central n’existait pas. Il a été créé à l’emplacement d’un petit pré entouré de haies, ou un couple d’agriculteurs faisait prendre l’air à ses canards. C’était aussi leur havre de tranquillité et était le témoin muet de leurs amours.  Très vite le petit coin de paradis est devenu « le point central » car transformé en un carrefour, puis en un rondpoint, et pour finir, être sûrement transformé en tennis. Je vous explique.

Revenons à nos deux agriculteurs. Elle, usée par une rude vie de labeur et un mode de vie rustique, mourut la première. Le mari devenant de facto le propriétaire foncier de l’ensemble de leurs biens. Lorsque la municipalité voulut suivre l’industrialisation du pays, elle décida de transformer une grande zone de terres agricoles pour son projet. Les banques étaient enthousiastes, les taxes rapporteraient largement l’investissement. Les dossiers fournis par les financiers le démontraient sans équivoque.   Le vieil homme accepta de vendre la totalité de ses biens (maison et terrains) excepté ce petit pré qui lui rappelait trop de bons moments. Le dossier de ce refus de vendre traina de bureau en bureau à la mairie, et gloire et défaite de l’administration disparu bel et bien.

Dans l’immensité des plans ce minuscule carré hachuré ne gêna personne car quasiment invisible. Le vieil homme mourut à son tour et son fils héritier unique ne compris pas bien le discours du notaire sur l’emplacement de ce petit terrain et se moqua bien de ces 684m2 de terrain agricole. Il travaillait comme cadre dans une grosse banque européenne.

Un jour pas comme un autre ou les vents contraires soufflaient forts dans son activité, il se remémora le discours du notaire et entreprit de retrouver ce terrain. C’était un petit leg familial. Et en cas de besoin une petite anticipation n’était pas inutile.

Au même moment le responsable de l’entreprise de travaux public qui devait réaliser le carrefour et les accès aux nouveaux terrains industriels, découvrit en travaillant les plans, qu’une minuscule parcelle était privée et donc qu’il ne pourrait pas réaliser les travaux auxquels il s’était engagé. Exactement à l’emplacement du futur carrefour. Il décida de contacter les propriétaires pour trouver un terrain d’entente le plus vite possible car le niveau d’endettement de sa société était tel qu’il ne pouvait pas prendre de retard sur les dates d’achèvement des travaux. Les finances de son entreprise n’attendraient pas éternellement …

C’est le banquier qui entra en contact le premier. Il cru bon comprenant la situation de demander un prix exorbitant pour céder cette parcelle. Le ton monta et le drame survint. Le banquier bousculé tomba sur un bloc de béton et mourut sur le coup. Ce fut le premier des cadavres retrouvés pendant les travaux préliminaires de l’aménagement du rondpoint central en tennis. Il y eu une vague enquête de police pour disparition inquiétante car sa voiture avait été retrouvé à une vingtaine de kms. Faute d’éléments autre que cette voiture, le dossier fut classé. Le chantier pu se terminer dans les délais. Les plans maquillés comme il se doit.

On connait l’histoire de ces zones de petites usines. Croissance, externalisation pour gonfler les profits, Plan de Sauvetage de l’Emploi, grèves dures, fermetures, dépôts d’ordures sauvages, caravanes et squats. En vingt ans le rêve avait vécu. La municipalité sans se désavouer décida de tout raser et de créer une grande ZAC (zone d’activités commerciales) qui apporterait emplois, augmentation du nombre d’habitants, rentrées d’argent. Les emprunts étaient faits pour ça.  La prospérité promise en somme.

Les travaux d’aménagements furent confiés à la même entreprise de travaux publics, maintenant dirigée par le fils du patron.

Le banquier avait eu deux enfants avant de disparaitre inopinément. Etant plus près de leurs sous que leur père, ils avaient bien noté que leur héritage comportait ce petit terrain familial situé dans une petite ville de province. Un jour l’ainé en balade dans le coin décida d’essayer de retrouver physiquement ce petit souvenir de leurs grands-parents. Le chantier interdit au public le surpris, mais n’ayant pas beaucoup de temps il reparti en se promettant d’en parler à son frère.

Evidemment ce qui devait arriver arriva. Le fils du patron découvrit assez vite l’existence de cette petite parcelle encore privée, tout comme son père vingt ans plus tôt. Il lui demanda s’il avait souvenir de ce problème. « Surtout ne touche pas au centre du carrefour, sinon notre entreprise fermera et nous aurons de gros problèmes » fut la réponse du vieux papa. Il ajouta « C’est la mode, fait un grand rondpoint à la place du carrefour, et si on te demande ou est cette maudite parcelle appelle moi je réglerai le problème. »

Bis repetita. Les deux frères ayant montré tout comme leur père une grosse soif de liquidités, le problème fut résolu définitivement. Ce fut les deux autres cadavres du rondpoint. N’ayant parlé à personne de leur petit voyage ils furent déclarés disparus, l’enquête patina et fut classée sans suite.

Lorsque la nouvelle municipalité dernièrement élue fit le bilan de cette ZAC il fut évident que ce projet du maire de l’époque était un fiasco, que la mayonnaise n’avait pas prise et que cette zone végétait. En 15 ans d’existence, plus de la moitié des commerces étaient fermés. Avec les nouvelles règles de non-artificialisation de terres agricoles, il fallait agir vite pour donner un élan nouveau à la commune, et faire une gestion rigoureuse de l’argent des contribuables. Le promoteur connu ayant toute la confiance des élus, il fut décidé de raser la ZAC et de créer un lotissement pavillonnaire de standing. Ce qui ne manquerait pas d’attirer la population de cadres qui travaillaient aux alentours. Les études de marchés le démontraient, et l’argent ne coutant rien un nouvel endettement n’était pas un problème. Le plan de circulation fut revu pour favoriser la mobilité douce. Exit ce rondpoint des années 2000. Il y aurait des tennis couverts à son emplacement. La nouvelle entreprise de travaux public confiât à un bureau d’étude l’organisation des travaux d’aménagement de la voirie et des tennis. Son directeur fut dérangé en pleine réunion un matin par « Allo chef, on a un problème… »

Une enquête de police fut ouverte après la découverte de ces trois squelettes. L’identité des trois corps a été rapidement connue car la police fit rapidement le lien avec les disparitions signalées dans le passé. Les enquêteurs recherchaient un indice qui permettrait de comprendre pourquoi le père et ses deux fils avaient été assassinés et enterrés à cet emplacement à plus de dix ans d’intervalle. Cela n’avait aucun sens.  Pour le futur quartier de pavillons résidentiels il faudra attendre un peu. Rien n’est encore certain sur le devenir des futurs tennis. En effet la seule arrière-petite-fille des anciens agriculteurs, ne sais pas vraiment si elle veut vendre le petit terrain, désire rencontrer discrètement le bureau d’études pour éventuellement en discuter. C’est dans ce terrain familial qu’on été enterré son grand-père, son père et son oncle. Leur mémoire demande une grande considération. Et le promoteur est si riche…

 

  

GG24

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Mégalac

26-10-2024

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Le point central appartient au recueil J'en étais sur !!!

 

Histoire Courte terminée ! Merci à Mégalac.

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