"Le Joueur d’échecs " est une chronique littéraire mise en ligne par
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Le Joueur d’échecs
Le joueur d’échecs est la dernière nouvelle que Stefan Zweig, un auteur juif autrichien, a écrite en 1942. Elle sera publiée après son suicide en 1943, sous le titre d’origine Schachnovelle.
« Vouloir jouer aux échecs contre soi-même, est donc aussi paradoxal que de vouloir marcher sur son ombre. »
Cette nouvelle se passe sur un paquebot partant pour le Brésil en 1942, et il éloigne ses passagers de la guerre en Europe. Le récit raconte l’histoire d’un premier joueur d’échecs qui en est le champion du monde, Czentovic. Un ami du narrateur interne joue une première partie contre lui, avec un public d’observateur, et la perd sans surprise mais avec l’envie d’une revanche. Au bout de quelques parties, un homme encore inconnu vient secourir le perdant et le mène à un match nul contre le champion du monde. C’est le second joueur d’échecs.
« L'invraisemblable s'était produit. Un champion du monde, le vainqueur d'innombrables tournois, venait de baisser pavillon devant un inconnu, devant un homme qui n'avait pas touché à un échiquier depuis vingt ou vingt-cinq ans. Notre ami, cet anonyme, avait battu le plus fort joueur du monde dans un tournoi public ! »
Une rivalité s’installe rapidement entre les deux joueurs. Plus tard, Monsieur B…, le « second champion » accepte de raconter son histoire au narrateur, et de lui révéler d’où vient ce don qui lui permet d’égaler le niveau du champion mondial de jeu d’échecs.
« La passion de gagner, de vaincre, de me vaincre moi-même devenait peu à peu une sorte de fureur. »
La nouvelle commence avec l’arrivée triomphale de Czentovic sur le paquebot et poursuit avec la présentation de ce personnage. Le lectorat constate rapidement que le champion du monde est particulièrement hautain. Malgré le fait que les gens admirent son talent, le lectorat le perçoit comme profondément désagréable et méprisant.
« Malhabile, mais avec une brutalité presque impudente, plein d’une avidité mesquine et souvent même odieuse, il s’appliquait à tirer tout l’argent possible de son talent et de sa gloire. »
La suite de l’histoire mettra en jeu la concurrence entre l’arrogance et l’humilité…à travers les échecs. Quand Czentovic est parti pour gagner encore une fois, un homme inconnu permet d’amener les joueurs adverses à un match nul. Ce personnage est anonyme jusqu’à la fin de l’histoire ; appelé Monsieur B…, il suscite l’intérêt et le suspens chez le lectorat. Dans une seconde partie du livre, c’est l’histoire de ce monsieur qu’on entend, et avec laquelle on voit comment il a dû se battre contre ses adversaires pour gagner le droit de vivre.
La question est : comment un homme aussi fort que Czentovic au jeu d’échecs, est resté inconnu ? Monsieur B… dit que cela faisait 25 ans qu’il n’avait plus touché un échiquier, et qu’il ne souhaitait plus y jouer, mais pourtant il aide les perdants :
« -Si vous damez le pion maintenant il va vous attaquer aussitôt avec le fou en c1.Vous le reprendrez avec le cavalier. Mais entre-temps, il ira en d7 avec son pion libre, il menacera votre tour, et même si vous faîtes échec avec le cavalier, vous perdrez et vous serez battu en neuf ou dix coups. C’est presque la configuration qu’Alekhine a inaugurée face à Bogoljubov en 1922, au Grand Tournoi de Pistya. »
Le lectorat se met à la place du narrateur. Le récit est raconté à la première personne, le narrateur est observateur, il apprend les évènements et récits au cours de la nouvelle et partage ses réactions.
Le titre est équivoque : ce joueur d’échecs est-il celui qui se vante de son talent et s’expose, ou celui qui reste discret, modeste et refuse que l’on parle de son don ? L’identité de Czentovic est annoncée avec ostentation à tou-te-s les passager-e-s du bateau, alors que Monsieur B… reste dans l’anonymat, et on ne parle de lui pour la première fois que quand il retient l’adversaire de Czentovic de faire une erreur au jeu, et on ne connaît pas son véritable nom. Il y a un changement d’attention et ces deux personnages dont l’unique point commun est leur don du jeu, marquent un changement de situation. La première situation est aisée et particulièrement admirable, mais pas autant que la seconde, puisque Monsieur B… revient de l’Autriche des années 40, une victime de plus de la guerre…
J’avais vu la pièce de théâtre écrite par Eric-Emmanuel Schmitt et jouée par Francis Huster à Paris lors d’un camp et ça m’avait beaucoup plu. Dans cette adaptation, le scénario avait ajouté une fin différente de la nouvelle, en ajoutant la mort de Stefan Zweig à la pièce. J’ai ensuite lu la nouvelle, puis beaucoup d’autres du même auteur par la suite. Stefan Zweig sait décrire et analyser la psychologie de chacun de ses personnages, particulièrement dans le Joueur d’échecs et la Confusion des sentiments. |
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Le Joueur d’échecs
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