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Le Fantôme et Madame Muir - Critique de Film, Théatre, série...

Critique de Film,  Théatre, série... "Le Fantôme et Madame Muir" est une critique de film, Théatre, série mise en ligne par "Paulette Pairoy-Dupré"..

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Le Fantôme et Madame Muir

 

Capitaine Gregg, sachez que j’étais à Gull Cottage lorsqu’avec Lucy Muir vous avez raconté votre histoire, une histoire couchée sur le papier par une certaine R.A. Dick en 1945 et adaptée au théâtre par Catherine Aymeric dans une mise en scène de Michel Favart.

 

Une bien curieuse histoire, so British et qui en a interpellé plus d’un !

 

Les Anglais croient aux fantômes, de Canterbury à Inverness en passant par Stonehenge, Hampton Court ou la Tour de Londres, ils sont nombreux à hanter les manoirs isolés et assurent d’ailleurs la richesse touristique du pays. Mais c’est là une autre affaire. C’était juste pour vous dire que pour des Français, vous avez eu du mal à être crédible.

 

En tous cas vous avez une fort jolie maison, bien située dans ce joli village du Dorset, avec vue sur les falaises crayeuses, - il ne s’appelle pas Whitecliff pour rien - un peu isolée il est vrai et en plein vent. On l’a entendu maintes fois !

 

Par contre le mobilier … très rudimentaire ! Vous me direz pour un vieux loup de mer, deux chaises, une table, un fauteuil, un guéridon, cela suffit. Pas de service à thé ou à sherry non plus… Où est passé votre télescope ? Les fenêtres il faut les imaginer dans un autre temps, ainsi que l’escalier. Que je me suis amusée à voir Lucy et l’agent immobilier dévaler l’escalier fantôme quand vous avez hurlé ! Mais c’est tout là « l’effort d’être spectateur » comme vous l’aurait dit Pierre Notte.*Ne cherchez pas, vous ne le connaissez pas !

 

L’entrée de Lucy m’a beaucoup émue. On se serait cru au cinéma. Elle est arrivée du fin fond de l’espace scénique jusqu’à la rampe, lentement, en trois étapes, sortant peu à peu de l’ombre pour aller vers la lumière et comme si on l’avait « zoomée ». On la sentait mal à l’aise dans son manteau de tweed bon chic bon genre, avec son petit chapeau cloche, les épaules tombantes. La route avait dû être longue, la décision difficile à prendre. Et puis ce grand sac en tapisserie si lourd à porter, ce grand sac contenant son passé.

Pas facile de changer de vie quand on est veuve et désargentée avec deux enfants, pas facile d’échapper à la belle famille, dans une société encore régie par des valeurs victoriennes.

Rappelez-vous ses premiers mots : « la vie que j’ai eu jusque maintenant ce n’était pas la mienne, c’était celle des autres. » Lucy avait fait un mariage de convention avec cet Edwin, architecte sans passion n’ayant jamais construit que des prisons et pour lequel elle ne ressentait aucun amour. Mais n’était-ce pas le lot de bien des femmes à l’époque ?

 

Ah, si elle ne vous avait pas rencontré !

 

Ce grand sac du passé c’est avec vous et grâce à vous qu’elle l’a vidé et qu’elle a changé de vie. Car au fond vous n’êtes pas méchant pour un fantôme, plutôt attachant, un peu bourru, coléreux parfois, un franc parler, un peu comme le capitaine Haddock, mais vous êtes cultivé et intelligent et Lucy a su vous apprivoiser.

 

Sans vous elle n’aurait jamais osé rabrouer et mettre à la porte l’odieuse belle -sœur venue la sermonner, une pimbêche au petit doigt levé avec tous ses préjugés. Outrée qu’elle était quand Lucy lui a annoncé « Je vais écrire ! Oui ! Ecrire ! J’en ai toujours rêvé ! Et je prouverai à tous ceux de votre espèce, à tous ces empêcheurs de rêves, qu’ils se trompent ! Et que la vraie vie est ailleurs. »

 

Et ce freluquet dans son costume à la Humphrey Bogart, un certain Miles Fairley, libertin et cynique qui la séduisit le temps d’un morceau de jazz, n’en étiez vous pas un peu jaloux ?

Je lui ai trouvé une certaine ressemblance avec Monsieur Coombe, l’agent immobilier, pas vous ? Martha la fidèle servante et la belle-sœur aussi, mais uniquement dans le physique.

 

Capitaine Gregg, vous avez été le miroir, celui qui a permis à une femme en quête d’identité et d’émancipation de relire sa vie, se réinventer, s’épanouir, devenir une écrivaine prolifique et reconnue. Vous fûtes son ami et confident, elle ne pouvait que vous rejoindre au pays des étoiles.

 

Au fait Daniel Gregg c’est votre nom de scène, dans le civil on vous appelle François Cognard, Lucy est Catherine Aymeric et vous étiez entourés de Paula Brunet et Alexandre Zambeaux, un quatuor bien talentueux pour une histoire fantastique !

* Pierre Notte est auteur, metteur en scène, comédien et pédagogue. Dans "l'effort d'êtte spectateur" il émet des thèses sur la difficile relation à établir entre la scène et la salle.

 

Le 10 octobre 2021

Rédigé à la suite du spectacle donné dans le cadre du 40ème festival théâtral de Coye-la-forêt

CR/PPD

 

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Auteur

Blog

Paulette Pairoy-Dupré

11-10-2021

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Le Fantôme et Madame Muir appartient au recueil I-Chroniques

 

Critique de Film, Théatre, série... terminée ! Merci à Paulette Pairoy-Dupré.

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