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La mort au frousse (ces quelque... - Pause-Mélancolie

Pause-Mélancolie "La mort au frousse (ces quelques fleurs)" est une pause-mélancolie mise en ligne par "Ancolies"..

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La mort aux frousses  (ces quelques fleurs)

 

Légèrement agacé de la trouille flottant en patrouille par-dessus les boulevards principaux et les rues adjacentes, dans l’air du temps du grand méchant covid et de maintenant ses ricanant variants. Il est interdit de pleurnicher et se plaindre sur les pelouses autorisées ou interdites. 135 euros d'amende la première contrevenance. Mourir comme chantait Brel, la belle affaire. C’est inscrit sur ton acte de naissance, demande à la secrétaire de mairie, alors pourquoi tant de plat, tant de résistance ? Evidemment il y a l’insupportable : certains accidents, les enfants qui disparaissent avant leurs parents, la terrible injustice. D’accord, l’insupportable maudissons-le, et les dieux et le ciel et le pétrole et tout ce que vous voulez avec. Mais sinon, dans le quotidien sans drames, pourquoi tant de frousse ? C’est si terrible que ça ? Des milliards et milliards d’humains y sont passés depuis la nuit des temps et que l’on sache, la majorité des trépassants n’ont pas été pris de panique à l’instant suprême, ils n’ont pas hurlé, cogné des 4 fers sur le mur, ils ont accepté. Et ne nous ont pas ensuite envoyé des messages qu’ils regrettaient d’être passés de l’autre côté de cette vallée de larmes. Alors laissons faire le destin. Portons des masques en ce moment puisqu’on nous le demande, on s’en fout, mais arrêtons de serrer les fesses, arrêtons de craindre la mort. La vie est par définition oxymore, vie égale mort. Alors vivons-la en paix cette brève et ironique parenthèse offerte par le mystère de la création. De surcroît certains croient en la vie éternelle. Raison de plus pour ne pas s’en faire. Et si c’est le néant c’est pareil, tu ne penseras plus, tu ne sentiras plus, tu ne souffriras plus. Alors ici-bas respirons, souffrons, rions, aimons et volons haut et encore plus haut tant qu’il est temps. Ce temps que nous avons-nous-même inventé, calculé, comptabilisé, ce temps qui n’existe pas. Faisons paisiblement ce que nous avons à faire sur cette terre, notre talent dit la sainte bible tandis que tiens-toi tranquille ô ma douleur, tu m’es parfaitement inutile. Oui, quelle es-tu ma douleur ? Ma crainte de ma fin ? Pourquoi sommes-nous ainsi ? Effrayés et empêchés en permanence au fond de nous par cette échéance inéluctable, cette pensée qui nous engendre peur, mélancolie, angoisse, dépression…, et cette peur, cette inquiétude qui dérègle nos actes, nous faisant envieux, nerveux, avides, cupides, aigris, revanchards, malheureux, compliqués, alors que vivre est aussi simple que mettre un pied devant l’autre. En plus, mourir, au train démographique où nous roulons, 1 de moins, 100 de retrouvés. Non non, je re-cite Brel, mourir cela n’est rien. Et le chagrin ? Bien sûr le chagrin. Le chagrin de ceux qui restent encore. Eh bien, puisqu’il est part de nous, acceptons-le sans entrer en guerre, il nous reste l’âme, le mouvement éternel et apaisant de la mer, les photos, le parfum, le souvenir. Chépas moi, faisons du chagrin et de la tristesse comme de la solitude un étrange ami, chagrin dis-moi, comment tu vas, ça fait drôle de se revoir, chagrin. Ce n’est pas la mort qui est une maladie, comme l’écrivait Duras, c’est la vie. La maladie de la vie, l’ami. Dont tu seras guéri quand tu seras mort et que tous les diables et les dieux nous emportent. Mais de grâce, foutons au panier cette satanée frousse, acceptons tranquillement notre condition de mortels, cessons de craindre en raison de cette sous-jacence ce jour final où nos yeux se tairont. Avant l’heure, le drame dont je parlais plus haut, d’accord je le redis c'est pas l'heure et c’est inacceptable ce qui nous fait une belle jambe, mais sinon, cessons de nous gâcher au fond de nous l’existence sous le prétexte qu’elle a une fin, faisons au contraire taire le plus tôt possible dans notre vie cette inquiétude, cette anxiété qui nous ronge, faisons le plus tôt possible dans nos vies la paix avec nous-même et du coup l’universel, et lorsque sonne l'horloge du clocher de Saint André ou Honoré ou Simon ou Vincent ou René, oui quand c’est l’heure eh bien c’est l’heure. Et alors là basta, prions, chantons, dansons avec les fleurs.   

 

 

 

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Ancolies

30-01-2021

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La mort au frousse (ces quelques fleurs) appartient au recueil Nouvelles du monde

 

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