L'ombre des femmes - Critique de Film, Théatre, série...

L'ombre des femmes

Le film de Philippe Garrel « L'ombre des femmes »réalisé en noir en blanc, et avec peu de moyens, titille le chef d’œuvre. La caméra, qui s'attarde lentement sur les visages des personnages, entraîne l'imagination des spectateurs vers les recoins du vécu. Et quoi de mieux que la simplicité du traitement par l'image pour nous dépeindre avec brio la saga d'un couple qui se cocufie mutuellement.

Clotilde Courau (Manon), femme légitime, épouse avec une joie languide la virilité taciturne qui suinte de Stanislas Merhar (Pierre), son époux. Mais lorsque la chair ingénue, sous les traits de Lena Paugam (Élisabeth), recouvre secrètement les fredaines amoureuses de Manon et de Mounir Margoume (son amant), le ressentiment mitonne dans le chaudron des frustrations jusqu'au jour où le couvercle se soulève. Philippe Garrel, par petites touches bien senties, nous dresse aussi avec talent le portrait de personnages rêvant de gloire. Si Manon et Pierre qui est réalisateur de courts métrage aspirent, les deux, au succès, feu Henri (Jean Pommier), en mal d'héroïsme, s'inventait un passé de résistant pour les besoins d'un petit documentaire tourné par lui.

Mais l'amour, l’abracadabra de l'épouse, s'écriant : « Prends-moi dans tes bras », étouffe l'ambition dans la félicité amoureuse lors de cette scène finale d'anthologie où notre âme se convulse au souffle du bonheur alors que les larmes d'émotion coulent de nos yeux. Un grand bravo à ce réalisateur qui atteint le summum de l'art dans la perfection de la simplicité.