L’œnologue - Texte

L’œnologue

Autant par pur esprit d’’éthique que mû par le bénéfique souci du bienfaire, l’œnologue se fourre souvent le doigt dans l’œil, ce qui lui fait évidemment un mal de chien. Ainsi, les sens exacerbés par la douleur, il est mieux à même de situer la qualité des vins qu’il goûte, juger de la robe, de la rondeur en bouche, du galbe et du gouleyant, du lent glissement sur le palais… C’est très bien et très utile pour les amateurs du noble nectar mais l’œnologue lui à la longue en devient borgne. Il les a dépassées, les risques du métier ! diront les plus cyniques. Et hélas les cyniques ne sont pas ceux-là qui manquent. Regardez bien le chapeau du magicien : un cynique de perdu, et hop aussitôt dix de retrouvés, se pressant au portillon le nombre de places étant limité, pour faire mine de préserver le bas-monde du mal et faire croire à notre docile et naïf troupeau que les gens d’en haut lui veulent du bien. L’œnologue figure-t’il parmi les gens d’en haut ? Non bien sûr, il n’en est que le valet et bien souvent aussi le corrompu courtisan - sans la tentation, la vertu n’est qu’une coquille vide -. Or donc les maux sortant le plus souvent de la bouche de notre œnologue sont-ils aïe, houlala et ouille. Cela se comprend, fourrez-vos un peu le doigt dans l’œil pour ainsi voir une fois par vous-même, peut-être que ça vous changera. Ceci vous donne une sérieuse indication sur les voies professionnelles vers lesquelles ne pas orienter votre progéniture, en accord avec celle-ci bien entendu. Qui a en effet le désir de répéter aïe, houlala et ouille toute la sainte semaine, ce 52 fois par an. Nan il est bien plus sage d’être souple psychologue et prendre toute la misère du monde successivement sur ses épaules nord et sud ou encore d’être ventriloque afin que nul ne sache réellement où vous êtes passé. Cherche le ventriloque : cela a été et est toujours l’une des demandes les plus répétées au fil des siècles des siècles. Eh oui, triste vocation l’œnologie si ce n’est être poussé par un forcément pervers masochisme apporté en nos contrées par les puissants vents siroccos venus du Sahara. Ah Sahara Sahara les aristocrates à la lanterne, Sahara Sahara les aristocrates on les vendra. Pauvres aristocrates, pauvres fins de race se croyant toujours baignés dans les privilèges de leur caste, comme ils le disent. Et pauvre populace qui prend des lessives pour des lanternes et vice-verso-verça. Le mieux pour éviter ces confusions est encore de revenir aux fondamentaux. L’eau de la source a le goût de l’enfance, peut-on tenter de se convaincre pour se consoler. Où est-elle la source ? Là, devant toi, la source, ouvre les yeux, et le bon si tu es œnologue. Perso c’est le contraire : je ferme les yeux et j’y vois jour. Mais ça c’est moi et je ne demande naturellement à quiconque de me ressembler, quelle horreur cela serait ! Imaginez 2 êtres se prenant pour des oètes ou des missionnés d’Ovide et Nietzche ! Franchement ce serait leur accorder trop d’importance, mieux vaut les laisser discrètement vivre sans qu’ils braillent trop fort Pisse and Love. Faut la jouer comme n’importe quel crétin politique ou important actionnaire dans les niches les plus ignorées quoique les plus demandées !

(Visuel : pardonnez, c’est comme un peu complaisant mais d’une : c’est pas moi sur ce dessin et deuxio : c’est pompier, c’est esthétique et épique et j’aime bien)

Arrivé avec sa valise de l’autre côté de l’eau céans, l’œnologue est plus que crevé, il va se reposer. Que se passe-t’il à son réveil ? Nul n’a apporté l’ombre de l’ombre portée à ce sujet et nous sommes trop élevés pour ne serait-ce qu’écouter les rumeurs et les candides ratons. Même si nous pouvons vous dire en off que notre pote l’œnologue est entre autres atteint d’une cataracte à son œil valide, le seul, l’unique  fonctionnant. Et qu’il ne fait rien pour en remédier la cause. Ainsi il finira, non-voyant et fauché, découvrant que les zeunettes chargées de sa comptabilité étaient de drôles de salariées. Il les avait aimées et aujourd’hui on le retrouvait dans ses déboires avec les caisses de retraite ! Triste fin de l’histoire pour le gentil petit valet, le nœud logue qui désormais va queue baissée, aspirant à la Vierge Marie celle-ci à ne pas confondre avec Jehanne Domrémy dite La Pucelle. Et la charité seule, la charité bien élevée même résignée n’a pas sa place aux pieds des bûchers. Damoiseaux, Damoiselles, le nœud logue va nous quitter, vite svp brûlez au chêne, au noyer ou au hêtre tous les Robins des armes et des lettres qu’en fin de journée vous rencontrerez. Et si pour vous ça doit être trop, genre soirée Kleenex, rentrez-toutes en vos foyers par le premier Rollex. Dîtes-vous que l’œnologue n’était qu’un lointain ex avec lequel vous ne vouliez pas plus discuter que boire une bouteille de Contrex. Mincir et rester mince et basta. Il n’existe pas de prétextes Et merde, acceptons-nous tels que nous nous apparaissons et de ce que l’on voit en soi, et alors tentons de nous élever, que vous soyez œnologue, brute épaisse ou pompier en train de jouer à la grande échelle.