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J'aimerais bien la mer vue par t... - Texte

Texte "J'aimerais bien la mer vue par toi..." est un texte mis en ligne par "Cathou inafrica"..

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 J'aimerais bien la mer vue par toi...

 

...Alors la voilà la mer vue par moi.

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Doucement, je veux retrouver mes premiers souvenirs océans.

J'avais deux ans, peut être trois. Sous mes pieds, c'est chaud, ça brille. Je n'ai de ces premiers pas dans le sable que la mémoire d'immensités. La trace que je retrouve est une étendue blonde, douce, une infinité bleue, le ciel ? La mer ? Ou même la conjonction des deux ? Puis le soleil, ardent, cuisant. Rien qui ne reste en main, le sable file et l'eau se faufile à travers mes doigts curieux.

Ma mère lâche ma main et déjà la sensation d'être dans mon élément.

A côté des montagnes cévenoles qui sont mes racines par naissance, la mer est ma source. Sans doute ces premiers pas sur le sable d'une plage de Méditerranée ont été décisifs.

La mémoire est incertaine mais ancrée au fond de moi, cette sensation que j'ai noué avec la mer à ce moment là un lien charnel indéfectible.

C'est toujours face à la mer que j'ai retrouvé la sérénité après chaque tourment de ma vie.

Enfant, elle a été mon terrain de jeux favori. La mer était liée à la chaleur de l'été, aux baignades et aux châteaux de sable, cousins et cousines tous réunis. Dans l'eau, plus de limite, elle était déjà la continuation de mes bras, de mes jambes, de moi.

Puis petit à petit, la mer a pris une dimension. Elle est vite devenue la meilleure amie de mon âme.

Seule, sur la plage, face à l'eau, je me retrouve. Océan, mon refuge.

Le premier pas que j'ai fait en Afrique, sous les horizons équatoriaux a été le même que celui que j'avais expérimenté tout petit enfant. Le rapport était identique et si la plage de mes trois ans était sans fin du fait de mes trois ans, la sablière de Libreville m'a rendu la même impression.

L'infini océan.

Le seul endroit où chaque foulée faite face à l'horizon, ne m'en rapproche pas. Le seul endroit sans limite perceptible. Le ciel, l'eau, le sable, rien n'est borné, aucune lisière, pas de frontière. Jamais deux vagues ne viennent mourir au même point. Les palmiers osent à peine bruisser et le chuintement du rouleau n'appelle qu'à la paix.

Seule, face à l'océan, je ne pense pas, je ne pense plus, je vis.

Parfois vient la tempête qui fracture les éléments. Qui emporte les marins loin de leur belle et fait de leur tombeau un cénotaphe. J'aime l'eau déchaînée. La vague alors gronde pour rejeter tout ce que les poètes lui ont confié dans leur promenade sur le sable. Comme si elle exorcisait le mal dont nous la chargeons lorsque nous venons lui confesser nos états d'âme.

Je n'ai pas peur de la mer. Alors en furie, elle n'absorbe que mieux mes chagrins et mes courroux pour les emporter et les vomir dans ses noires profondeurs.

C'est le retour au calme. Toujours après la querelle.

Océan, à qui le Créateur a confié le soleil lorsque l'heure est à la lune.

Océan qui a caché toutes mes peines. Qui a ri de me voir renaître lorsque la vie est venue me rechercher.

Longues marches sur le sable pour retrouver mes marques. Et enfin l'eau dans laquelle je me coule. Lorsque l'eau me prend, je suis douée de liberté. Quelle incohérence, c'est au milieu des vagues, lorsque je sens la limite de ma résistance, lorsque l'élément est à la ligne de ma rupture que je me sens le plus libre. Je sais que je suis alors à l'orée de ces minutes dont on dit qu'elles voient défiler la vie. C'est le sentiment le plus absolu de liberté que j'ai vécu. Il est une drogue terrible. A laquelle on revient sans cesse. Sans cesse. L'eau sous l'équateur emporte vite vers le large celui qui n'y prend pas garde. Il est d'une ivresse folle d'aller flirter avec l'écume de la vague inversée. Sensation proche de l'orgasme lorsque les sens ont gorgé la chair des amants.

Dès que le soleil est au zénith de sa brillance, des mirages apparaissent alors sur l'eau. Ils sont le berceau des rêves. Ce sont des moments privilégiés. De même que celui du crépuscule lorsque les animaux viennent se baigner.

S'abandonner, laisser son âme flotter et trouver la quiétude, la douceur. L'apaisement dans la sécurité. Les horizons sont fidèles, ils gardent tout ce qu'on leur raconte. Le ciel est bas, pour mieux se perdre.

Tout ce que les yeux confient et que la voix n'a pas besoin d'exprimer ; toutes les prières qui montent depuis le sable chaud, cavalières chevauchant les rayons de soleil, qui vont danser dans l'infinie galaxie de mes rêves.

Retour sur les côtes de Royan. Le vent est glacial, la mer forte et la vague écume. Le ciel est gris, gris d'acier. Face à l'océan, ma main dans la tienne, j'exulte et je pleure.

Larmes de froid ? Larmes de bonheur ?

...Voilà, tu me sais face à la mer maintenant. C.V

"J'ai écrit ce texte après que mon amoureux m'ait dit "j'aimerais la mer vue par toi...". Après avoir lu mes lignes, voilà le complément qu'il a rédigé :

 

"(...) J'aurais aimé pouvoir te dire également ce qu'est la mer vue par moi avec un tel talent littéraire, mais tous les mots que je tente d'aligner sont fades et vides de sens, alors je t'y emmène, voir ma mer et là... tu comprendras.

Déjà, à quelques kilomètres, nous sortons de la voiture et nos visages sont tournés vers l'ouest, vers ce vent maritime qui pose sur nos visages ces embruns du grand large et ces odeurs de sel et d'iode...Elle est là, on ne la voit pas mais on la ressent, on sait qu'elle nous attend, on entendrait presque ses ressacs rassurants...

Et une heure plus tard au sortir d'un virage, juste une apparition d'une fraction de seconde... notre œil a perçu quelques millimètres d'immensité brillante au travers du pare-brise... Elle est bien réelle, ce n'était pas un songe, un vague souvenir, on va vraiment la voir, la toucher, la sentir... notre mer, notre mère, si douce et si paisible, mais aux colères qui nous enseignent la vie et nos limites humaines avec bienveillance, avec patience et amour.

C'est le soir, nous marchons sur le bord des falaises, la lune se reflète sur sa tignasse ébouriffée, elle est plutôt colère en cette nuit d'équinoxe. Elle nous le fait savoir en brisant sur les rochers ses bras puissants d'une écume profonde et qui remonte aux cieux avec une puissance qu'aucun esprit malin, même de militaire en quête d'objet de mort, ne pourrait concevoir. Quand elle est comme ça, mieux vaut se tenir loin en attendant qu'elle ne s'apaise. Tu es belle ma mer, même tes soirs de furie. Nous faisons quelques pas maintenant sur une immense plage de sable fin. Ses rouleaux argentés viennent à notre rencontre, nous dire son doux amour et sa joie de nous voir. Elle nous invite à la rejoindre, à baigner notre corps dans son amour jaloux, dans ses savantes caresses et ses baisers salés.

En toi, je ne crains plus la mort. Je t'aime. Je n'ai pas dit un mot, mais tu connais... ma mer." C.G

                                                                                                      

 Illustration : Ch. Guerry

Texte : Ca. N.Valmalette - Ch. Guerry

26/02/2015

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Cathou inafrica

22-02-2015

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J'aimerais bien la mer vue par toi... appartient au recueil Chéri, oui, pour deux mille ans et plus

 

Texte terminé ! Merci à Cathou inafrica.

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