Dehors les mecs ! - Coup de gueule

 Dehors les mecs !

La scène suivante est une scène ouverte. Entendez par là un modeste podium artistique partagé lors de la fête annuelle d'un espace culturel de quartier. Question artistes, tout compte fait on est 3. Elles et moi. Elles, un duo féminin, guitare, flûte traversière, chant. J'aime bien comment elles font. Après c'est moi. Et pour finir, vu qu'on a tout le podium pour nous, on chante tous les 3 ensemble, Gainsbourg, Brassens, Aznavour, Mon amant de St Jean... sympa. Plus tard, les guitares se sont tues, les gens sont rassemblés de ci de là, assis dans l'herbe ou autour de tables, les conversations nocturnes suivent leur cours. Bosse ! m'enjoins-je. Je rejoins nos 2 chanteuses dans l'objectif de jauger d'éventuelles possibilités musicollaboratives, prestations dans des bars ou animation d'ateliers-chansons pour mon association. C'est pas que je sois encore si naïf mais si je fais pas mon boulot, qui le fera ? Pour le dire autrement, j'attends rien, je cherche. Bref, moi et mon sympathique côté entrepreneur, on se fait moucher vite et brutalement fait. Ici la Girl Power, les mecs dehors ! Pas de problème ! Bien qu'un peu vexés, l'entrepreneur et moi dignement on se retire. On vous comprend tellement les filles ! 

Et qu'est-ce qu'on a pour les filles et contre les mecs, l'entrepreneur et moi ? Les mecs : des menteurs, des lâches, des planqués. Des handicapés de l'honnêteté. Des faux-culs. Des C'est pas grave ma chérie. Des grossiers. Des caricatures. Des vantards et des coquets. Des contents d'eux et fiers de l'être. Des branleurs et des vampires. Des bébés. Des écoliers. Des pas dégrossis. Des sales gosses sans innocence. Des adorateurs maternels et des plaintifs. Des gros bras et des benêts. Des envieux des jaloux. Des suceurs de pouce, des têteurs de tétons, des lécheurs de fions. Des rigolos. Des gros malins. Des signataires de la déclaration des droits du plus fort. Des bornés. Des gogos, des crédules, des éblouis à 2 bulles. Des gigolos.

Des peureux à grosse voix. Des dragueurs. Des chasseurs. Des marmottes réveillées par leur sexe. 

-   Eh l'auteur ? tu cherches la bagarre ou quoi ?

-   Pourquoi pas.

Les mecs : Des qui savent pas parler, pas entendre, pas voir. Des qui croient que les autres sont aussi miros qu'eux. Des qu'aiment n'importe comment. Les mecs : Des faiblards et des gros pleins d' sous. Des mateurs et des queutards. Des Surtout ne nous réfléchissons pas. Des orgueilleux complètement abrutis qui comprennent rien à rien et se prennent les pieds dans le tapis. Des cervelles de moineau qui croient que l'orgueil c'est ne surtout pas reconnaître ses erreurs. 

Vous croyez qu'une fille a le temps de plaisanter, elle ? vous croyez qu'une fille a le temps de ne pas aimer ? Et comme elles aiment, alors elles bossent, devoirs des mioches, bains, dîner, bobos... Pendant que machin prend l'apéro avec ses potes de boulot. A la tienne chérie, et quand je reviens, parle à ma migraine !

Les mecs sont tellement sérieux. Les mecs ont une perception toute relative de la relativité.

Ça va je suis pas sourdingue moi, j'en ouïs qui chicanent, qui ricanent que c'est moi qui me prends les pieds dans le plat en confondant orgueil et humilité. Pauvres prêcheurs, c'est tout le contraire ! L'orgueil de reconnaître tes dysfonctionnements. Comme ça t'es libre de remettre ça. Habile non ?! Et quoi, les corriger ? Ah non, faut pas exagérer.

Y' en a peut-être qui trouvent que je cause de ça bien à mon aise. Que je fustige confortablement des brochettes de gars à la fois virils et handicapés de l'amour. Très bien, je cède le micro à notre témoin mystère féminin.

il me parle des autres, je lui parle de lui, il me parle d'ailleurs, je lui parle d'ici
et je parle  mais lorsque vient son tour, ou bien il ne dit rien, ou répond à côté
et il est mon mur de pierre, et je suis son bruit de fond

Mur de pierre, bruit de fond, pas mal non ?! Merci Françoise, poète du réel et de l'impossible.  

Très joli d'accord. Et pourquoi je parle pas de mes chansons ? D’accord. Quand je les fais, le soir ou l'après-midi, dans la cabane électrique d'un bar ou dans le cercle d'herbes et d'ombres intimes d'une prairie, des filles me bisent des yeux tandis que des mecs d'abord se tortillent puis choisissent de faire la gueule. Mal à l'aise les balèzes, les grands albatros ! Un instant plus tôt, tout à leur vol majestueux dans l'immense miroir des cieux miséricordieux, et pof ! d'un coup tombés au pied d'un mât rikiki planté en un étroit esquif. Et maintenant les grands oiseaux blancs se dandinent, tout gauches et maladroits sur les lames disjointes d'un plancher de rock mort et de teck usé, raboté, esquilleux, huileux, mou, traître et spongieux, noirci, rongé de goudron, de scorbut, bouffé par le sel de l'amer. Si c'est pas malheureux, ces grands desseins se cognant au plafond bas du temps pour s'écraser soudain dans le cendrier des rêves. 

Et pourquoi tu nous laisses pas tranquilles Ancolies de mes 2 ! ? Ouais, goûtent peu ça les collègues, d'être mis en cause et à poil, devant leurs collèges de nanas en plus... Qu'est-c' qui vient celui-là déchirer nos costumes, nos drapeaux, nos boucliers et nos sabots. Faire sauter nos bouchons volontaires. Sabotage ! 

Pendant ce temps là, 3^ème rang à droite, profitant d'un instant d'inattention de son viril compagnon, une femme m'articule un silencieux mer-ci. Et pourquoi tant de liesse féminine je vous prie ? Sans doute pour l'honnêteté et la sincérité exposées, qui reposent 5 mns de tous ces frimeurs.    

Et à bas les vaines chroniqueuses média, pires que leurs masculins homologues. Spirituelles, mondaines, insupportables. Pires que vaines. Merci les mecs.