Complètement cramé - Critique de Film, Théatre, série...

« Complètement cramé »

« Complètement cramé » est un film de Gilles Legardinier d’après son bestseller du même nom.

Andrew Blake, homme d’affaire britannique, veuf depuis peu et inconsolable quitte Londres pour retrouver en France le lieu où il avait rencontré son épouse, le domaine de Beauvillier. Alors qu’il pense avoir réserver une chambre dans une maison d’hôtes, on le prend pour un nouveau domestique. Pour rester au domaine, il se retrouve contraint d’endosser l’habit de majordome.

Dans cet endroit isolé de tout et d’où la vie semble s’être retirée, il rencontre des personnes curieuses, en mal de vivre, en mal d’amour, tout aussi perdues que lui. La cuisinière autoritaire, Odile, le siffle pour lui donner des ordres mais sous ses dehors de Madame la commandante, elle a peur de descendre à la cave et tombe dans les pommes à la vue d’une toile d’araignée. Le régisseur Philippe est un peu allumé, pardon cramé. Il vit au fond du parc, dans une cabane dont il sort au moindre bruit, le fusil à la main prêt à tuer, ce qui ne l’empêche pas d’être tout gentil avec les hérissons à qui il construit des maisonnettes. La femme de ménage, Manon est seule, enceinte, rejetée par sa mère et le père de l’enfant l’a quittée. Quant à la maîtresse de maison, Nathalie Beauvillier, elle non plus ne se remet pas du décès de son mari quatre ans auparavant, un mari volage dont la tombe de sa maîtresse jouxte la sienne dans la propriété familiale. Elle est ruinée et cherche par tous les moyens, même les plus saugrenus à sauver la propriété.

Avec eux Andrew va prendre un nouveau départ tout en contribuant à ce que chacun redonne un sens à sa propre vie et réapprenne le vivre ensemble, sorte de sa solitude, oublie ses regrets et laisse libre cours à ses émotions car « il faut toujours garder l’espoir même si l’on n’ y croit plus ».

Dans une interview, Gilles Legardinier déclare avoir voulu insister sur le poids que les regrets peuvent prendre dans une vie : « Tous les gens ont des regrets, des choses qu’ils pensent avoir louper dans la vie. Même quand on pense que la partie est jouée, on peut toujours relancer les dés et faire un bon score. »

Tous ces personnages, parfois caricaturés sont très attachants. Le réalisateur s’en donne à cœur joie avec tous les clichés sur nos amis britanniques.Les dialogues sont parfois hilarants car Andrew ne saisit pas toujours les expressions imagées de notre langue et les retraduit ensuite mot à mot.

Si le début se passe à Londres, l’essentiel du film a été tourné en Bretagne au château de Bois-Cornillé à Val d’Izé en Ille et Vilaine, une demeure néogothique dans un écrin de verdure, imposante et pleine de charme avec ses toits pointus et ses tourelles en épis et Bretagne oblige, tout de granit construite. L’intérieur est somptueux avec des salons joliment décorés, une vaste salle de billard et un escalier monumental que descend majestueusement Fanny Ardant.

Loin d’être un grand film, c’est une comédie bien sympathique où l’on rit beaucoup, un film qui fait du bien en ces temps difficiles, porté par un casting talentueux : aux côtés de John Malkovich, plus flegmatique qu’un véritable anglais et qui parle un français à l’accent très british, la brillante Fanny Ardant, et Emilie Dequenne et Philippe Bas, tous deux bien à l’aise dans leurs personnages

CR/PPD Novembre 2023