Carol - Critique de Film, Théatre, série...

Carol

Le film « Carol » porte avec grâce l'auréole de l'amour saphique. Grâce à des actrices magnifiques, excellemment dirigées, le réalisateur Todd Haynes, nous montre, images à l'appui, que filmer, c'est parfois, s'immerger dans le puits des sentiments amoureux. Cate Blanchett, (dans le rôle de Carol Aird) a cette retenue expressive qui fait jaillir les sanglots de la passion. Campant une femme mère d'un enfant, en instance de divorce, elle tombe sous le charme de Rooney Mara (dans le rôle deTherese Belivet), une jeune vendeuse de jouets, timide et consciencieuse. Celle-ci, avec un visage merveilleusement placide d'où émerge l'empathie amicale, épouse, petit à petit, le saphisme de Carol. Le spectateur assiste alors avec délice au prémices de l'orage amoureux qui gronde en silence dans les cœurs des deux femmes. Il finira par éclater en éclairs passionnés en prélude à l'ombre dramatique de la froide réalité. Dans une Amérique aux mœurs conformistes, Carol est tourmentée par son mari qui, pour obtenir la garde de leur fille, fait valoir au juge le lesbianisme de son épouse. Therese, quant à elle, n'a de cesse d'être en proie aux avances d'un soupirant. Cependant, c'est dans ce contexte troublé que la tempête des sens débouchera sur le soleil sensuel. Ajoutez à cela, une caméra qui filme sobrement la nuit New-yorkaise à travers les vitres mouillés d'une voiture, accompagnée d'une bande-son nostalgique à souhait, et vous avez au final un chef-d’œuvre.