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A peine j'ouvre les yeux - Critique de Film, Théatre, série...

Critique de Film,  Théatre, série... "A peine j'ouvre les yeux" est une critique de film, Théatre, série mise en ligne par "Benadel"..

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A peine j'ouvre les yeux

 

    

     « A peine j'ouvre les yeux » est le titre d'un film mélodieux. La réalisatrice Leyla Bouzid y signe musicalement une révolte qui a mûri dans le cœur d'une jeune Tunisienne, Farah (Baya Medhaffer). La démone de la contestation se trémousse coquinement en chantant l'attente d'une Tunisie affranchie et plurielle. Militante et amoureuse, sa bouche clame la liberté et ses lèvres réclament le baiser. Celui-ci lui est donné par le bassiste-compositeur Borhène (Montassar Ayari), qui dans une scène resplendissante de pudeur, égare le baiser dans l'ivresse de deux corps en fusion. Mais la mère, Ghalia Benali (Hayet), jette son lasso sur la jouvencelle tendre et rebelle, et l'enferme dans la peur qu'inspire l'appareil du régime représenté par un policier qui fut son ancien amant. La cinéaste fait ressentir avec réalisme le désarroi non seulement de Farah qui est tiraillée entre la tendresse pour sa mère et l'amour pour Borhène, mais aussi de Hayet qui est complètement désemparée devant la détermination de sa progéniture.

      La metteur en scène, pour décharger le drame, alterne les scènes dramatiques avec quelques scènes cocasses dont en voici deux. La mère, exténuée moralement par la fatigue de l'éducation, cherche le repos dans le suicide en voiture avec sa fille. Celle-ci ne s'embarrasse pas de persuasions inutiles pour braver l'interdiction de sortie : elle enferme sa génitrice dans la chambre à coucher.

      Le film, qui donne une large part à la musique et à la poésie récitée, arrive grâce à des petites scènes bien torchées à emmener les spectateurs dans les dédales d'une société tunisienne qui est le reflet de la société des humains. L'amour de Farah pour Borhène tombe dans les rets de la jalousie lorsqu'elle le surprend en train de discuter avec complicité en compagnie d'une donzelle. Un musicien du groupe troque l'amitié contre la délation. Jetée en prison, l'amoureuse éconduite y subit les assauts concupiscents de vils enquêteurs que la trahison de son ancien amant rend encore plus douloureux. Et enfin, la libération de la fille en échange d'un plaisir que la mère a offert au barbouze, son compagnon d'antan, atteint le summum de la misère humaine.

 

      Tout l'art de Leyla Bouzid ressort dans cette scène ultime où Farah, hébétée par la douleur des derniers outrages, se laisse bercer par les mains maternelles de Hayet qui fredonne avec une voix brisée par l'émotion : « Continue » Félicitations à elle. Je tiens aussi à féliciter les actrices et les acteurs avec une mention toute spéciale à Baya Medhaffer.

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Benadel

02-03-2016

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A peine j'ouvre les yeux appartient au recueil I - Chroniques

 

Critique de Film, Théatre, série... terminée ! Merci à Benadel.

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