Canicule - Poème

Canicule

Se pose sur mon lit un nuage de canicule.
Mon corps brûlant pleure sans scrupule
Sous l’haleine du ventilateur.
J’en fuis même les bras de Morphée pour leur chaleur
Dans mon vain espoir d’un sommeil réparateur.

Rêves de sous la moustiquaire,
D'hiver, de rafraîchissements,
De pôle, glaçons des océans,
De joie du drap tiré que la fraîcheur confère
Pour juste quelques instants polaires.

Mais le temps s'envole des clochers,
Torture : se lever - épuisé !
Le matin les persiennes, tirées à quatre épingles,
Enferment une fraîcheur léthargique.
S’annonce une journée homérique.

Ne pas bouger, pas déranger,
Sous le ciel brûlant, sans nuage,
Jusqu’aux oiseaux qui se sont tus
Transis à l'ombre des feuillages
Qui, eux-mêmes ne frémissent plus.

La journée questionne sa colère.
L'eau coulera-t-elle, arbitraire ?
La terre asséchée, assoiffée,
Dans l’attente reconnaissante d’une prochaine ondée,
Porte le deuil de sa verdure.

La nature est en feu, véritable souillure
Où la voix de la forêt hurle sa douleur.
S’ajoutera-t-il à cette horreur
Une électricité coupée,
Pour restriction de la journée ?

Là, au bout de la fatigue, au glacier du coin,
Seule me rafraîchira une glace au café,
Avant que sur mon oreiller,
Dans un pur élan dionysien,
Je me sois longtemps absenté.

La pluie d'étoiles, attendue un verre à la main,
Porte l'espoir d'une résurrection jusqu'au matin.
Travailler, non n’y pensez pas, asservissant !
Cela, c'était le temps d'avant, le réchauffement.