Au Fil de la Loire - Poème

Au Fil de ma Loire

La rivière aux eaux tranquilles
n'est pas une nature docile,
elle est capricieuse, sauvage
domptée par les seuls barrages.
Qui ose défier ses tourbillons
peut être entraîné par le fond.

Miroir où arbres et rochers
peuvent se refaire une beauté,
elle paresse au creux d'son lit
où elle se détend sans bruit
s'immisçant dans chaque fissure
elle file jusqu'à son embouchure.

Elle est le sang de la terre,
sait être douce et nourricière,
chante aux pêcheurs à la ligne
qui rêvent dans l'attente d'un signe
(la plongée criante du bouchon)
pour réveiller tous leurs frissons.

Soumise aux plaisirs des dieux
à leurs caprices licencieux,
le soleil la déshabille,
dénude son sable qui scintille
pour mieux accueillir les oiseaux,
mais assoiffant plantes et bestiaux.

Soumise aux plaisirs des dieux
à leurs caprices coléreux,
l'orage la rend belliqueuse,
elle rugit, gronde, ravageuse
elle emporte tout à sa portée
inondant villages et vergers.

Soumise aux plaisirs des hommes,
saignée par ces agronomes,
déchirée par les gabares
des marchands de foires en foires
avec toutes leurs marchandises
toutes leurs autres gourmandises.

Soumise aux plaisirs des hommes,
avec insolence ces gnomes
par le train l'ont supplantée,
délaissée et violentée,
elle fût allègrement polluée
au risque de les empoisonner.

La rivière aux eaux tranquilles  
arrose nos campagnes, nos villes,
coulée de calme, de mystère
cette déchirure de la terre
vers la mer n'est plus empruntée
sauf, nos rêves et les vacanciers.