Connexion : supprimer Ou

Analyse - Extrait de L'École des... - Chronique

Chronique "Analyse - Extrait de L'École des femmes" est une chronique littéraire mise en ligne par "Damien Origine.".N'hésitez pas à proposer vos critiques littéraires sur des Auteurs, Artistes, Artisans d'art...

Venez publier une chronique littéraire ! / Protéger une chronique littéraire

 

Analyse

- avec méthodologie de l'explication de texte -

Extrait de L'École des femmes

Présentation de l’œuvre :

 

L'école des femmes est une pièce de théâtre écrite et représentée pour la première fois en 1662 qui connut un grand succès malgré quelques « cabaleurs ». Elles prit de la valeur au fil du temps et on fêta ses 400 ans cette année. Toute cette pièce n'est qu'une parodie d'un vieil homme de 40 ans qui souhaite asservir sa fille plus que tout pour se marier avec, et dans cette querelle amoureuse, il y a un autre homme, Horace ; il est plus jeune, plus amoureux, plus aimable et il veut se lier aussi à elle. Durant toute la pièce, les personnages parlent de choses qui se sont produites. Le spectateur reste devant les dialogues des différents protagonistes sans jamais être témoin des événements qui sont racontés. Pour se défendre de ses détracteurs, Molières écrivit La critique de l'école des femmes et L'impromptu de Versailles. Nous avons beaucoup parler de La critique de l'école des femmes en cours et notamment sur le talent de Molière à jouer le rôle d’Arnolphe et le revêt que pouvait avoir certains détracteurs. L’intrigue de la pièce réside notamment sur le fait que le protagoniste Arnolphe cache le surnom qu'il se donne à son rival amoureux, Horace, qui vient lui raconter ses récentes amourettes avec Agnès. C'est autour de la façon dont Arnolphe va se servir de l'étourdissement d'Horace et de l’innocence d’Agnès que va se faire le comique et l’humour autour du personnage. Notre analyse se portera sur l’acte V, scène 4 (vv. 1520-1563).

 

Situation :

 

Dans cet extrait de l’acte V, scène 4, de L'école des femmes, nous retrouvons une fois de plus Agnès lors de son ultime confrontation avec son tuteur Arnolphe. C’était caché dans la pénombre qu’Horace lui a livré Agnès, à son ami et confident, ainsi que son rival Monsieur De La Souche. D’où cette confrontation. Agnès disait à Arnolphe dans les quelques vers plus haut qu’Arnolphe faisait du mariage des images terribles, de quelque chose d’inintéressant. On voit ici une Agnès qui se révolte et qui se bat pour son mariage avec celui qu’elle aime, Horace.

Hypothèse de lecture :

 

Nous verrons ici la confrontation et les arguments que déploient l’un et l’autre, en étant pleinement conscients de tous les enjeux qui se jouent pour le spectateur depuis le début de la pièce, avec une Agnès ici plus consciente que jamais et un Arnolphe qui vacille entre la vérité de ce qu’il est et sa demande en mariage de plus en plus déplacée sous couvert d’une position despotique.

 

Plan :

 

On découpera cet extrait en trois parties. Dans un premier temps, Agnès et Arnolphe parlent de l’amour que la belle éprouve pour Horace et non pour Arnolphe (vv. 1520-1540, de « Ah, ce que vous l’aimez » à « Car à se faire aimer il n’a point eu de peine »). Ensuite, Arnolphe regrette que l’innocente fille qu’il a fait élever puisse aussi bien parler et en savoir autant (vv. 1541-1547, de « Voyez comme raisonne » à « Je vous aurez pour lui nourris à mes dépends ? »). Du vers 1548 à 1563, la discussion tourne sur le fait qu’Horace est sans doute mieux, qu’un tuteur ayant élevé sa pupille dans l’ignorance, d’un point de vue autant matériel, que moral, qu’amoureux (de « Non, il vous rendra tout jusques au dernier double » à « Et beaucoup plus qu’à vous je pense lui devoir »).

 

Début de développement :

 

Le fait que Agnès puisse si bien se défendre contre son tuteur despotique qui veut se marier est déjà une démonstration du talent de Molière et un deus ex machina en soi. Le spectateur ne peut qu’être troublé ou ébloui face à une telle démonstration de force de la part d’Agnès lors d’un tel retournement de situation. Dans l’intrigue même, on comprend alors qu’un fille rendue ignorante peut alors par l’amour découvrir un répartie et une logique quasi-absolue. C’est le début de la transformation d’une jeune femme qui cherche alors à vivre une vie pleine de bonté naturelle avec son nouveau galant. Dans ses mots, on comprend qu’elle a alors le talent de pouvoir choisir par elle-même, et se défendre. Dans cette pièce, les traits ont été grossis, et Horace apparaît comme l’antinomie d’Arnolphe relatif  à Agnès dans une relation amoureuse, et Agnès même représente dans cet extrait le don soudain que peut avoir une personne dans la radicalisation de son intelligence. Ceci n’est dû qu’à l’intrigue elle-même, que ce soit déjà sur l’instant, c’est-à-dire dans cette discussion surprenante, mais aussi dans la ligne temporelle dans laquelle cette scène s’inscrit dans la pièce. Agnès manie vérité et rhétorique. Elle se transforme.

 

Partie 1 :

 

Dans cette partie, nous avons des vers en enjambement, c’est-à-dire que la discussion entre les deux personnages va très vite. L’un fini le vers de l’autre, dans un mariage de rhétorique pur. Agnès veut se marier avec Horace, c’est un fait et Arnolphe le comprends alors au premier vers de l’extrait, v.1520 « Ah, ce que vous l’aimez, traitresse », ce à quoi elle réponds qu’elle l’aime. Ensuite Arnolphe parle de « front » dans le vers 1521, « Et vous avez le front de le dire à moi-même ? », comparable à celui du cocuage qu’on voit au début de la pièce, Acte I, scène 1, lors de la discussion entre Arnolphe et Chrysalde, ce à quoi répond Agnès sans peut-être vraiment comprendre v.1522 « Et pourquoi s’il est vrai, ne le dirais-je pas ? ». Elle est sûr de son choix qu’elle ne désapprouvera pas. Dans l’échange qui suit, elle dit qu’elle n’est pas la cause de son amour pour Horace, que celui-ci ne répond à aucune loi d’Arnolphe, que la chose s’est passé sans qu’elle n’y pense, chose que Chrysalde mentionna avant, acte I scène 1, vv.107-108 « Mais comment voulez-vous, après tout, qu’une bête / Puisse jamais savoir ce que c’est qu’être honnête ? », ce à quoi Arnolphe réponds au vers 1526 « Mais il fallait chasser cet amoureux désir ». Agnès à ce moment ne comprends pas pourquoi elle chasserait cet amoureux désir. En effet, Arnolphe ne lui avait jamais parlé du mariage avant. Les vers en stichomythies qui suivront sonnerons alors la cloche qui fera comprendre à Arnolphe qu'il est dans une posture plus que défavorable. En effet, la belle lui dit ne pas l’aimer. Elle lui dit qu’elle aime Horace. Et la jalousie maladive d’Arnolphe reprends, en plus de la perte de son plan contre le cocuage v.1533 « Pourquoi ne m’aimez pas, Madame l’impudente ? ». En l’appelant « Madame » Arnolphe se sent comme à son niveau d’éducation, comme s’il avait à faire à une vraie dame. Dans les vers suivants, Arnolphe dit qu’il n’a pas réussis à se faire aimer, elle lui dit que c’est lui qui est à blâmer. Elle n’a effectivement jamais demandé de mariage avec lui, et c’est d’Horace dont elle s’est éprise. Le brillant Arnolphe n’a jamais réussis à se faire aimer comme Horace put le faire, et cela le touche au point de s’énerver de nouveau.

 

Partie 2 :

 

Dans cette partie, Arnolphe remet en question le fait qu’une sotte ne puisse ne rien savoir. Une « sotte » pour lui peut défaire même « le plus habile homme ». Il se dit qu’il l’a mal connue, je comprends là que même en sotte, il l’aime plus que tout à ce moment, disant qu’il a même pu se tromper sur son compte. Il la compare à une précieuse, la préciosité étant un mouvement du 17ème siècle dans lequel les femmes se retrouvaient pour commenter des œuvres littéraires. C’était des femmes instruites, choses qu’Arnolphe tente le plus d’éviter dans la pièce. On pourra dire que l’intelligence d’Arnolphe aura résidé dans le fait d’avoir pris position et d’avoir fait ce choix-là d’épouser une enfant. Puis il finit par lui demander si en belle raisonneuse, elle sait est-ce que « un si long temps, je vous aurai pour lui nourris à mes dépens ? ». Tout ce temps, il l’aurait nourrit juste pour le mariage.

 

Partie 3 :

 

Agnès prend le parti de lui dire qu’Horace lui rendra tout, même l’éducation qui selon Arnolphe ne peut pas être rendu. Agnès répliquera alors qu’elle n’en lui doit pas temps que ça. C’est vrai, il l’a fait éduquer dans un couvent là où elle n’a rien appris de la vie. Elle n’a pas d’amour ou d’éducation à lui rendre, seulement le logement et la nourriture. C’est en amour équitable qu’elle préfèrerait vivre son mariage et cela se comprend en tout temps. Agnès dit être consciente de n’être qu’une bête, qu’elle n’est pas fière d’elle-même. L’illusion d’un mariage simple avec Arnolphe a été rompu par leur discussion à l’extérieur, acte II scène 5, et lors des Maximes du mariage et de la tirade d’Arnolphe, acte III scène 2. Agnès voudrait prendre son indépendance vis-à-vis de son tuteur, c’est ce qu’elle dit ensuite vv.1558-1559 : « Moi-même j’en ai honte, et dans l’âge où je suis / Je ne veux plus passer pour sotte, si je puis. ». Dans les deux vers suivant, Arnolphe poursuit sa rhétorique en disant que de l’éducation, le « blondin » ne pourrait pas l’aider. Agnès conclut : « C’est de lui que je sais ce que je puis savoir / Et beaucoup plus qu’à vous je pense lui devoir ». Ceci est tout simplement une indication comme quoi Horace l’a pu mettre en garde. Agnès ne doit rien à Arnolphe, son amour passe avant tout, et Horace a l’esprit, jeune « blondin » ou pas, d’une personne pouvant l’aimer et la rendre heureuse comme il se doit.

 

Conclusion :

 

On peut le dire, Arnolphe a perdu au jeu de l’amour, que ce soit aussi bien par les femmes de son âge, qu’avec Agnès qu’il a prévu d’épouser depuis ses quatre ans. Mais il a aussi perdu la confrontation avec la jeune fille, qui elle, veut épouser Horace. Rien des mots d’Arnolphe ne pourra changer cela, et cela est dû non seulement à l’âge, mais aussi à la vision du mariage qu’a Arnolphe et à sa manière de l’avoir éduquée. Même en étant courtois, il est son tuteur et doit vouloir son bien, grâce à ses droits de tuteur. Agnès l’a compris et ne demande que la liberté de vivre son amour avec un autre homme ; celui qui la croit en sécurité, alors qu’elle retournera chez Arnolphe, avant de devoir aller dans un cul de couvent. Deux scènes après, lors de la dernière discussion entre Horace et Arnolphe, on assistera alors au début du réel deus ex machina de la pièce. Enrique, père d’Agnès, doit faire épouser sa fille à Horace. Et la pièce se terminera sur une fin positive.

Partager

Partager Facebook

Auteur

Blog

Damien Origine.

13-06-2022

Auteur public

Molière

Couverture

"Soyez un lecteur actif et participatif en commentant les textes que vous aimez. À chaque commentaire laissé, votre logo s’affiche et votre profil peut-être visité et lu."
Lire/Ecrire Commentaires Commentaire
Analyse - Extrait de L'École des femmes n'appartient à aucun recueil

 

Chronique terminée ! Merci à Damien Origine..

Tous les Textes publiés sur DPP : http://www.de-plume-en-plume.fr/ sont la propriété exclusive de leurs Auteurs. Aucune copie n’est autorisée sans leur consentement écrit. Toute personne qui reconnaitrait l’un de ses écrits est priée de contacter l’administration du site. Les publications sont archivées et datées avec l’identifiant de chaque membre.